DIANA - À la découverte du Tsingy Mahaloka

   L’entrée du  Tsingy  Mahaloka.

Un nouveau site touristique, dénommé « Tsingy Mahaloka », est désormais ouvert aux visiteurs. Situé à 22 kilomètres de la ville d’Ambilobe, dans sa partie nord-ouest, ce site communautaire est géré par les habitants d’Ampotsehy, dans la commune rurale d’Antsaravibe, qui se sont regroupés au sein de l’association Kofama, ou Koperativa Fikambanana Ankarabe Mitsinjo Arivo.

Fondée en 2005, l’association villageoise Kofama œuvre pour la conservation de l’environnement ainsi que du patrimoine naturel et culturel, en mettant particulièrement l’accent sur la préservation des tsingy.

Tsingy Mahaloka est l’un des sites les plus remarquables de la région de Diana, en particulier en ce qui concerne les vestiges de ses grottes et l’histoire fascinante qui les entoure. Selon les explications fournies, ce site représente l’extension occidentale d’un massif calcaire datant du Jurassique moyen, émergeant d’une plaine basaltique située à cinquante mètres au-dessus du niveau de la mer. Il se compose d’un lapiaz de tsingy, de grottes impressionnantes et de magnifiques concrétions calcaires.

Situé en périphérie du parc national de l’Ankarana, étendu sur une superficie de sept kilomètres avec une altitude de 81 mètres, le site des Tsingy Mahaloka, d’une superficie estimée à 324 hectares, présente une très grande potentialité écotouristique. Formant d’immenses tours de calcaire en équilibre sur une base mince, ces sculptures de pierre offrent un panorama époustouflant.

Historiquement, le mot « tsingy » vient du mot malgache « mitsingitsingy », qui signifie « marcher sur la pointe des pieds », un nom qui tire son étymologie de la forme aiguë et tranchante des pierres. Quant au mot « mahaloka », il signifie « qui donne de l’ombre ». Il est courant, en effet, de voir les visiteurs cherchant à se protéger du soleil au pied des grottes.

Les  villageois bénéficient du miel du fait  de la protection de la forêt.

L’histoire raconte que ces grottes du Tsingy Mahaloka servaient de refuge aux ethnies pourchassées ; les vestiges de fusils ou de marmites découverts sur les lieux témoignent de ce passé. Longues de huit cents mètres, certaines de ces grottes se sont mutées en cimetières ou en lieux de bénédiction et d’offrandes aux ancêtres pour les descendants des rois et de leurs proches.

La beauté du lieu ne réside pas seulement dans les grottes ; la faune et la flore y sont luxuriantes. On peut y voir des oiseaux, des lémuriens et même des chauves-souris, tout en profitant également des stalagmites et stalactites de tsingy, forgées par le temps. Un petit lac se trouve sur le site, mais il est interdit de s’y baigner. Le soir, au sommet du tsingy, il suffit d’admirer le coucher de soleil et la vue panoramique.

Le site Mahaloka assure aussi à ses visiteurs une découverte très riche avec des circuits variés. Citons entre autres le circuit « masoandro », qui offre une vue à couper le souffle du coucher de soleil spectaculaire depuis son belvédère. Il y a une très belle vue panoramique qui s’ouvre sur l’ouest, sur les champs de cannes à sucre depuis l’époque coloniale jusqu’à nos jours, ainsi que sur les villages environnants. Le circuit « Mitsinjoarivo » se distingue par son panorama exceptionnel. Quant au circuit Mandresibe, il s’agit de l’une des grottes les plus impressionnantes qui se situent sous une forêt de tsingy, comprenant un immense réseau hydrogéologique. On y trouve des formations rocheuses comme des stalactites et des stalagmites, ainsi qu’un cours d’eau souterrain où vivent des poissons aveugles.

Le  président de Kofama.

Partager la vie locale

En dehors de la visite du site, l’association propose également des activités permettant aux visiteurs de partager la vie quotidienne des communautés locales. Elle propose des activités aux champs avec les villageois, des échanges culinaires et l’apprentissage de la cuisine locale ainsi que leur culture et leurs traditions.

Ces activités offrent une expérience authentique et immersive, permettant aux visiteurs de s’immerger pleinement dans la vie et la culture locale.

Consciente des valeurs socioculturelles que le site représente pour la communauté, l’association Kofama a pris l’initiative de promouvoir ce site à travers divers partenariats afin qu’il devienne un véritable levier de développement durable pour les habitants.

En 2007, les membres de la communauté rurale d’Antsaravibe se sont organisés avec le soutien des volontaires du Corps de la Paix pour former le Kofama afin de superviser le site du Tsingy Mahaloka, reconnu comme une aire à protéger par la communauté. Lorsque Kofama a été initialement établi, le site avait été retenu comme une destination écotouristique.

La communauté se démarque par sa volonté de prospérer tout en contribuant à la gestion et au développement de l’écotourisme durable, mais ne dispose pas jusque-là de logements.

« En 2017, l’association a pris l’initiative de réhabiliter le site sur lequel se trouve la maison d’hôte, et la communauté a reçu l’autorisation du ministère de l’environnement pour préserver le site et ses environs. Elle a donc commencé à protéger la zone qui a une forte valeur historique et une signification culturelle», a indiqué le président de Kofama.

À titre de rappel, le projet Kobaby a soutenu cette communauté depuis son premier contrat en 2019 par l’organisation d’une visite-échange auprès du VOI AMI (Anja Miray, dans le district d’Ambalavao, région Matsiatra Ambony), reconnu pour accueillir plus de treize mille visiteurs par an et avoir été lauréat du prix Equateur Initiatives en 2012.

Le projet Kobaby considère que les revenus générés par l’écotourisme à base communautaire devraient réduire les pressions sur cette aire protégée, classée troisième en termes de nombre de visiteurs de la région Diana, après le parc marin de Nosy Tanihely et le parc national de la Montagne d’Ambre. Il a investi sur les lieux pour la construction d’un espace d’accueil des visiteurs et l’aménagement de neuf circuits permettant de valoriser des paysages grandioses.

Le village au pied du  Tsingy est alimenté par des énergies  solaires.

Sécuriser des revenus

L’écotourisme est ainsi proposé aux communautés rurales de la périphérie des aires protégées comme un moyen de sécuriser des revenus en échange de la protection de l’habitat, mais aussi un moyen de proposer des incitations économiques et des avantages pour les résidents, et enfin une structure destinée à faciliter les efforts de conservation qui sont soutenus localement. L’écotourisme lié au Tsingy Mahaloka a été considéré comme une activité de développement durable qui s’inscrit dans l’avenir de la région. Kofama, en tant qu’organisation locale responsable de la gestion de l’aire protégée, est destinée à fonctionner selon une approche de bas en haut dans laquelle les acteurs locaux s’engagent réellement et dirigent les prises de décisions affectant l’aire protégée.

Cette année, Kobaby a encore financé la construction d’infrastructures d’accueil des visiteurs et l’aménagement de deux nouveaux circuits, ainsi que la réhabilitation de circuits existants, les travaux d’aménagement des circuits étant assurés par les membres de la Kofama. La fréquentation touristique du site est gérée conjointement par l’association et Iharana Bush Camp pour éviter toute surcharge et gêne des visiteurs hébergés, pour la plupart, par l’hôtel. Les tarifs de visite et autres services ont été concertés entre les deux parties.

Les communautés membres de Kofama ont organisé la semaine dernière l’inauguration du site avec ses nouvelles infrastructures et ses nouveaux circuits.

La cérémonie a rassemblé les autorités locales d’Ambilobe ainsi que le roi des Antakarana, Issa Tsimiaro-II, qui a joué un rôle crucial dans l’acquisition de ce site, considéré comme sacré et sous le contrôle royal. La découverte des nouveaux circuits aménagés a également bénéficié de la participation du personnel du projet, dirigé par la coordonnatrice Hanta Rabetaliana, ainsi que du représentant de la Direction des Aires Protégées du ministère de l’Environnement.

Raheriniaina

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