Roronner

Rôrô par ici, Rôrô par-là, Rôrô partout. Romuald Rakotondrabe, alias Rôrô, ancien attaquant du FC BFV de la grande époque, seule équipe malgache qualifiée pour les demi-finales d’une coupe africaine en 1989, ancien international, a été désigné pour diriger les Barea aux éliminatoires de la CHAN 2026. Une reconduction somme toute logique, étant donné que Rôrô a amené l’équipe malgache jusqu’en demi-finale en 2023. Une performance qui a propulsé Rôrô vers les sommets, au point qu’il a été désigné à la tête des Barea aux éliminatoires du Mondial 2028 et de la CAN 2025. Voilà donc la rançon de la gloire pour Rôrô, qui a fait amplement ses preuves dans les éliminatoires de ces deux compétitions. Les résultats sont plutôt flatteurs face à des poids lourds du continent, à l’image du Mali, du Ghana ou de la Tunisie. Mais l’équipe aurait pu faire nettement mieux avec davantage de temps de préparation et un meilleur choix des joueurs. Le temps restreint du regroupement contraint Rôrô à tâtonner à chaque match. L’équipe est instable et peine à trouver une régularité. Les performances sont loin de satisfaire les footeux, lesquels ne sont pas tendres dans leurs commentaires sur les réseaux sociaux. Rôrô commence à être la cible de critiques virulentes. La situation risque de se compliquer, étant donné que les Barea abordent trois fronts avec le même entraîneur. Où est le mal, se demandent certains ? Partout et nulle part. Partout, puisqu’il n’est pas facile de jongler avec trois compétitions à la fois, les unes après les autres ou en même temps que les autres. Nulle part, étant donné qu’une équipe nationale peut jouer les éliminatoires de l’Euro et celles du Mondial avec le même entraîneur sans que cela soit un handicap. Sauf que les pressions et les responsabilités risquent de peser sur les épaules de Rôrô. Trois objectifs en même temps, avec des matches qui se chevauchent, seront difficiles à gérer, qu’on le veuille ou non. Rôrô risque de s’emmêler les pinceaux.

Et si en 2023 les équipes de la CHAN et de la CAN étaient bien différentes, cette fois il sera beaucoup plus difficile de les distinguer, même si les joueurs pros n’ont pas le droit de disputer la CHAN. De deux choses l’une. Soit Rôrô réussit un triplé, soit il perd sur tous les tableaux. Cette situation illustre combien on aime concentrer tous les pouvoirs à un seul homme. Des techniciens comme Rôrô, il y en a beaucoup. Rôrô a eu la chance d’être bien soutenu d’une manière générale, même s’il ne bénéficie pas du même traitement que son prédécesseur. Les conditions matérielles et humaines des joueurs ressemblent à celles de toutes les grandes équipes. Auparavant, il y a quelques années de cela, les joueurs dormaient à même le sol lors du regroupement. En outre, les équipements étaient tout sauf des fringues dignes d’une équipe nationale. La venue d’Umbro comme équipementier constitue une révolution.

Tout cela construit un environnement propice aux bons résultats. Il suffit maintenant de savoir déléguer pour éviter à l’équipe de… roronner.

Sylvain Ranjalahy

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