Sept candidats sont inscrits à l’élection du maire d’Antananarivo. Parmi eux aucun n’apparaît avoir un avantage sur les autres. Après l’éviction de l’ancien président de la République, Marc Ravalomanana, que certains bookmakers donnaient vainqueur sur le papier, il a choisi son fils Tojo au nom de la dynastie. Mais il est du fils comme il n’est pas de son père. Antananarivo n’a jamais élu quelqu’un dont le profil ne correspondait pas à celui imaginé par les électeurs. À moins que l’électorat a ceci de commun avec les faiseurs de roi, de pouvoir désigner l’héritier du trône sans l’avis de personne. Un pouvoir discrétionnaire aboli par la démocratie et les suffrages universels même si parfois l’heureux élu n’est pas toujours celui attendu et annoncé par les pronostics.
Si Marc Ravalomanana avait été élu maire d’Antananarivo, en 1998, puis président de la République en 2002, c’est parce qu’il était arrivé dans l’arène politique au bon moment et au bon endroit. Les électeurs de la capitale, en particulier, et malgaches, en général, étaient à la recherche d’une personnalité capable de mettre fin à un quart de siècle de pouvoir absolu de Ratsiraka et surtout à une misère galopante. Ravalomanana, self-made man, crâneur et justicier était celui-là. Il représentait le messie que le paradis socialiste n’a jamais pu concrétiser.
Beaucoup d’eau a coulé sous le pont depuis. Marc Ravalomanana a gardé une certaine popularité mais son aura a pris un coup. Dès son second mandat, beaucoup de ses inconditionnels partisans l’ont abandonné.
Son fils Tojo mise donc sur le nom du pater pour tenter de reconquérir Antananarivo avec un noyau d’électeurs restés fidèles. Serait-ce suffisant pour l’emporter ? Rien n’est moins sûr. Tojo éloigné des choses politiques pour se consacrer à l’entrepreneuriat, est un candidat par défaut qui, contrairement à son père, n’a pas encore fait ses preuves.
Le même constat vaut pour le fils de l’ancien Premier ministre de Ratsiraka et ancien maire d’Antananarivo, Ndriana Razanamasy. Discret et garçon sage, il est plutôt connu dans le monde du golf et des affaires que dans le milieu politique. Lui aussi mise sur le crédit de son père, maire qui a redoré le blason d’Antananarivo avec l’aide de la dame de fer, Lalatiana
Ravololomanana, à travers un lavage à grande eau. Bien évidemment, Ndriana a repris l’égérie de son père pour reluire la capitale déconfite par l’anarchie, la désobéissance civile et l’insubordination depuis quinze ans.
L’Irmar présente l’actuelle PDS d’Antananarivo, Harilala Ramanantsoa. Candidate à la mairie pour la seconde fois, elle non plus n’a pas beaucoup d’expérience politique, ayant fourbi ses armes dans le commerce et l’événementiel. En quelques semaines, à l’Hôtel de ville, elle a montré ce qu’elle a dans le ventre à travers des décisions courageuses et impopulaires pour mettre de l’ordre dans la ville. Si sa candidature est validée, elle devra démissionner de son poste. Autrement dit, elle n’aura pas eu assez de temps pour vraiment convaincre l’électorat tananarivien qu’elle était la femme de la situation.
L’ancien célèbre présentateur télé et nouveau député Gascar Fenosoa pourrait jouer la trouble-fête dans cette course. Se réclamant révolutionnaire des pratiques politiques, son appétit grandissant peut lui jouer des tours.
La course à la mairie d’Antananarivo est donc plus que jamais ouverte. Les candidats se trouvent presque au même niveau. Le choix des urnes jugera pour élire sinon le meilleur, du moins le moins mauvais.
Sylvain Ranjalahy