Sidérant. Autant les Jeux Olympiques ont été spectaculaires avec plusieurs nouveaux records du monde, autant les Jeux Paralympiques sont juste incroyables. Quel spectacle, quels exploits, quelle volonté. On n’en croit pas ses yeux. La star des stars de ces Jeux est incontestablement le nageur brésilien Gabriel Dos Santos Araujo. Sans aucun membre ni supérieur, ni inférieur, il surclasse ses adversaires mieux nanti par la nature que lui, grâce à la seule coulée. Le Brésilien a déjà gagné trois médailles d’or au nez et à la barbe des autres nageurs relégués à plusieurs longueurs. Il constitue un exemple de volonté, d’abnégation et de courage pour les valides. Il n’est pas le seul dans cette discipline. Et il y en a beaucoup dans les autres disciplines.
En athlétisme, les épreuves pour non-voyants sont juste incroyables. Il en est de même pour le Cecifoot où les joueurs arrivent à dribbler et marquer face à un gardien qui lui a toutes ses facultés. C’est pareil au basket sur fauteuil, au tir à l’arc où on en tient l’arbalète avec les pieds et on envoie la flèche avec la bouche, avec une précision chirurgicale.
Au tennis de table, un joueur sans membre supérieur arrive à tenir la dragée haute à un joueur qui joue avec sa main. Et on en passe. Ces Jeux Paralympiques n’en sont pas à leurs dernières surprises et resteront passionnants jusqu’au bout. Il faut dire que les paralympiques font l’objet de beaucoup d’attention et de considération. On a imaginé tous les équipements appropriés pour qu’ils puissent pratiquer tous les sports comme les êtres valides. On a adapté les règlements des diverses disciplines à leurs conditions physiques. On a créé plusieurs catégories de handicap pour que les chances soient les mêmes pour les athlètes. C’est là la grosse différence avec les individus en situation de handicap dans les pays pauvres comme Madagascar.
Les Jeux Paralympiques sont une occasion de concrétiser les droits des personnes handicapées. On a manqué une belle opportunité à ce propos. Une athlète non-voyante aurait dû représenter le pays en athlétisme. Mais visiblement, on n’a pas fait le maximum pour qu’elle puisse participer. D’ailleurs, les sports paralympiques sont encore nettement marginalisés à Madagascar. Il fut un moment où le basketball sur fauteuil roulant était assez dynamique et participait régulièrement à des tournois internationaux mais depuis quelques années on n’en entend plus parler.
Vu le matériel nécessaire pour pouvoir pratiquer des disciplines paralympiques, il ne faut pas trop rêver. Même les droits élémentaires des handicapés sont rarement respectés. Pas de rame dans les hôpitaux, les hôtels, les aéroports en particulier, les établissements publics en général. Même dans les stades, il n’existe pas de places appropriées pour les spectateurs handicapés comme c’est le cas partout ailleurs.
Pas d’écoles réservées pour les handicapés sauf pour les « handicapés mentaux », pas d’épreuves réservées aux handicapés dans les examens. Pas de véhicules adaptés aux handicapés dans le transport public. Pas de faveur accordée aux handicapés dans le recrutement. Au contraire, à compétences égales, l’entreprise choisira le candidat valide. Pourtant, les Jeux Paralympiques montrent à ceux qui veulent le voir ou l’entendre que les personnes en situation de handicap n’ont rien à envier aux hommes ou femmes valides. Une réalité qui saute aux yeux même pour les non-voyants.
Sylvain Ranjalahy