La Ceni espère un boom des candidatures dans les prochains jours. |
Jusqu’à hier, à 17 heures, la Ceni n’avait comptabilisé qu’un faible nombre de candidats pour les élections communales. Sur l’ensemble du territoire, seulement cent trente-et-une candidatures ont été enregistrées jusqu’à présent.
Un chiffre particulièrement bas par rapport au nombre total de communes que compte Madagascar. À 17 heures hier, la Commission électorale nationale indépendante (Ceni) avait comptabilisé cent trente-et-une candidatures enregistrées sur tout le territoire, et seules cent vingt-et-une des mille six cent quatre-vingt-quinze communes du pays ont des candidatures enregistrées pour le scrutin du 11 décembre.
Après près de quinze jours depuis l’ouverture de la période de candidature, cette pénurie de candidats inquiète. Le faible nombre de dossiers déposés à ce jour conforte l’idée d’une prolongation de la période de dépôt des candidatures pour les communales. La Ceni propose d’ajouter une semaine. Initialement prévue demain, soit le 19 septembre, la date limite pour le dépôt des dossiers de candidature serait repoussée au 26 septembre.
Sauf changement, cette rallonge de la période de dépôt des candidatures sera officialisée aujourd’hui par un décret pris en conseil du gouvernement.
« Même avec une prolongation, il faudra intensifier la mobilisation et la sensibilisation pour encourager davantage de candidatures », reconnaît Soava Andriamarotafika, rapporteur général de la Ceni.
Au vu des chiffres actuels, la Ceni, les entités politiques, les listes indépendantes et l’administration devront redoubler d’efforts pour s’assurer qu’il y ait des candidats dans toutes les mille six cent quatre-vingt-quinze communes de la Grande île. La tâche n’est pas facile. Selon les réactions, notamment de l’opposition, la constitution des pièces administratives requises pour les dossiers de candidature est le principal obstacle.
La plupart des candidats potentiels à des postes de maire ou de conseiller butent sur la demande de certificat de régularité fiscale. Les élections communales étant des élections de proximité, les listes de candidats sont composées de différentes catégories de personnes. Dans un pays où le secteur informel est dominant, il est probable qu’un grand nombre d’aspirants candidats ne soient pas en conformité avec leurs obligations fiscales, une situation particulièrement visible dans les zones rurales.
Cas de force majeure ?
Il y a également la tendance à attendre la dernière minute avant de se lancer dans la course électorale. Les longues files d’attente des mandataires de candidats aux tribunaux pour obtenir un certificat de casier judiciaire ces derniers jours en sont un exemple.
Le fait qu’il s’agisse d’un scrutin de liste complique davantage les choses. Chaque liste est conduite par un candidat à la mairie, et certaines personnalités ayant récemment déclaré leur candidature viennent tout juste de compléter la liste de leurs conseillers et suppléants. Outre le dossier de candidature pour la liste, chaque membre doit aussi fournir son propre dossier, en quatre exemplaires, sous peine d’irrecevabilité.
Les documents à fournir pour les candidatures communales, comme prévus dans la loi de 2014 sur les Collectivités territoriales décentralisées (CTD), n’ont pas changé. Les partis politiques auraient pu anticiper afin d’éviter cette ruée de dernière minute. À part les formalités administratives, le montant de la caution reste un autre obstacle pour certains.
Pour les communes urbaines hors catégorie, comme Antananarivo, la caution est de 20 millions d’ariary. Pour les communes urbaines de première catégorie, elle est de 15 millions d’ariary, et pour les communes rurales, elle est de 1 700 000 ariary ou 1 200 000 ariary, selon le nombre de conseillers. S’agissant d’élections de proximité, certaines listes de candidats pourraient avoir des ressources financières plus limitées que d’autres.
En plus de la caution, il faut également prévoir les frais de constitution des dossiers et le budget pour la campagne électorale. Si la prolongation d’une semaine ne suffit pas, certains anciens commissaires électoraux estiment qu’une nouvelle prolongation de la période de dépôt des candidatures pourrait perturber sensiblement le calendrier électoral, notamment sur le plan logistique.
Ces anciens commissaires électoraux soulignent que voir si peu de candidatures enregistrées à ce stade est une situation assez inédite. Certains observateurs se demandent si, le cas échéant, la persistance de cette pénurie de candidats dans de nombreuses communes pourrait être considérée comme un cas de force majeure, justifiant un report des élections.
L'Express de Madagascar