Chaos routier

Circuler à Antananarivo est maintenant plus stressant que parcourir les enceintes remplies de pièges emblématiques du Fort Boyard. Chaque mètre peut avoir raison des nerfs les plus fragiles qui sont, en permanence, exposés à une mise à l’épreuve difficile où le but est de savoir maîtriser son calme, une sérénité menacée par l’ampleur des embouteillages. Le trafic, arborant fièrement son côté infernal, est entretenu par une démographie automobile qui connaît un progrès fulgurant et incontrôlable, vicié par les mauvaises et folles herbes de l’indiscipline.

L’augmentation exponentielle du nombre de voitures a provoqué un surpoids subi par les routes, qui consomment plus qu’il n’en faut, provoquant une paralysie qui pétrifie la circulation. Le mauvais état des routes, qui se portent donc mal, tarde à recevoir les soins adéquats. Et cet état précaire est aggravé par l’inconscience des usagers, des pratiquants fidèles du culte de l’indiscipline et de l’anomie, cette situation actuelle où on assiste à l’évanouissement des règles et des normes qui ont cédé pour laisser le désordre régner. Et le piège des embouteillages se referme encore plus sur les automobilistes, empêtrés dans l’anarchie ambiante.

Un supplice de Tantale. Vivre quotidiennement cette expérience, toujours éprouvante malgré l’habitude, peut rapprocher notre frustration de celle de Tantale, ce personnage mythologique condamné à voir de beaux fruits et de l’eau sans pouvoir s’en servir. Et comme pour Tantale, tenaillé par la faim et la soif, voir le temps d’arrivée à destination reculer sans cesse à cause de l’intensification des embouteillages s’affirme comme la principale source de lassitude de tous les jours où on est étreint par le sentiment de désolation, que ne peut que générer cette obligation à “contempler” l’œuvre de la destruction et la confirmation de la célèbre citation de Jean-Paul Sartre : “L’enfer c’est les autres.”

Les automobiles sont ainsi devenues les instruments de torture modernes et cette torture s’attaque à l’esprit qui ne peut qu’être éprouvé à chaque fois. Et comme la fin des embouteillages est un rêve qui fait l’unanimité, se débarrasser des bourreaux mentionnés dans les lignes précédentes devrait être un but poursuivi par tous. Tout en attendant une prise de responsabilité des concernés dans le rétablissement de l’ordre et la réhabilitation des routes, tout le monde devrait donc, dans cette logique, contribuer à l’éradication de l’indiscipline.

Fenitra Ratefiarivony

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