La concurrence se voit au niveau des infrastructures. |
L’Autorité de Régulation des Technologies de Communication (Artec), l’établissement public à caractère industriel et commercial chargé de la régulation du secteur des télécommunications et des TIC, a présenté dernièrement la carte de la couverture du réseau mobile 4G dans le pays.
La 4G, c’est la quatrième génération de réseau mobile. Cette technologie, lancée en novembre 2012, continue d’être déployée par les opérateurs. Elle a succédé à la 3G et a fait entrer l’internet mobile dans l’ère du très haut débit. Selon les données fournies, le taux de couverture nationale du réseau 4G par rapport à la population est de 79 %. Les zones les mieux couvertes sont le centre et la partie nord de l’île, notamment les régions Analamanga, Itasy, Diana et Boeny, avec des taux de couverture dépassant les 90 %. En revanche, les régions du Sud et du Sud-Ouest de Madagascar sont moins bien desservies, avec moins de 65 % de la population couverte. La région Androy présente le taux de couverture le plus faible de l’île. Notons à titre de comparaison que l’Artec avait publié en 2022 que 78 % de la population malgache était couverte par le réseau 3G, avec un taux de disponibilité de 65 % sur l’ensemble du territoire.
Dans la région Analamanga, le taux de couverture géographique de ce réseau atteignait les 95 %. Elle était suivie par les régions Itasy et Sava avec un taux de 92 %, la région Diana (91 %), Boeny et Vakinankaratra (80 %), puis les zones centre et est du pays. Dans le Sud, la couverture géographique du 3G restait moindre, avec un taux de 29 % pour Melaky, 31 % pour Androy et 36 % pour Anosy. Se référant au nombre de personnes couvertes par le réseau 3G, les indicateurs affichaient un taux de couverture géographique de 98 % pour Analamanga, 95 % pour la Sava et Itasy, 94 % pour Diana, 91 % pour Boeny et 86 % pour Vakinankaratra. Les populations des régions Melaky, Vatovavy, Androy et Anosy étaient les moins couvertes, avec des taux respectifs de 40 %, 41 %, 46 % et 52 %.
Quant au réseau 4G, le taux de couverture géographique dans la Grande Île était encore à une moyenne de 29 %. Si l’Analamanga affichait déjà un taux de 74 %, suivi de la Diana (65 %), des régions comme l’Androy (7 %) et le Melaky (5 %) étaient à la traîne. L’Artec estimait à cette période le taux de couverture démographique 4G à 46 % au niveau national. La région Analamanga (90 %) était loin devant et 19 régions avaient des taux de couverture démographique 4G de moins de 30 %. « Nombreux efforts restent à faire pour réduire la fracture numérique », avait-on alors fait remarquer.
Le taux de couverture nationale du réseau 4G a donc connu une forte augmentation en moins de 4 ans, passant de 29 % à 79 %. Et selon l’Artec, le secteur des télécommunications consolide sa position de fleuron de l’économie, avec quelques opérateurs titulaires de licence, mais surtout des centaines d’autres opérateurs sous d’autres régimes, qui fluctuent chaque année. En 2022, le secteur des télécommunications et du numérique a généré un chiffre d’affaires total de 1 538 milliards d’ariary contre 1 271 milliards d’ariary en 2021, soit une évolution annuelle de 21 %.
Le service voix fixe a affiché une augmentation de 19,03% en termes de chiffre d’affaires. Le service mobile (voix et SMS) et le service data (fixe et mobile) ont présenté respectivement une augmentation de revenus à hauteur de 14,83% et 38,99 %. Le service de gros a connu en revanche une baisse de 10,38 % par rapport à l’année 2021. Quant au service d’installation et de revente des terminaux, il a présenté une augmentation de 31,82 % par rapport à l’année 2021.
Plus de transparence
Ces différentes données sont mises à la disposition du public, selon l’Artec, conformément à la nouvelle démarche des autorités de tutelle visant à promouvoir la transparence et l’efficacité du marché des télécommunications. Ainsi, depuis le mois de juin dernier, les usagers peuvent aussi consulter les catalogues d’interconnexion et d’accès des quatre opérateurs nationaux de réseaux de télécommunications ouverts au public : Airtel Madagascar, Orange Madagascar, Telma SA, Gulfsat. Cette initiative, a-t-on également expliqué, marque un tournant majeur dans le paysage des télécommunications du pays, offrant aux acteurs du secteur et aux consommateurs « une ressource précieuse » pour comprendre et prendre des décisions éclairées concernant leurs connexions réseau.
Le catalogue fournit un aperçu assez complet des offres d’interconnexion et d’accès proposées par les opérateurs de réseaux de télécommunications ouverts au public. Il détaille les conditions techniques, tarifaires et commerciales régissant l’interconnexion ou l’accès. Conformément à l’article 17 du décret de 2023 fixant les règles et modalités d’interconnexion et d’accès aux réseaux de télécommunications, cette publication s’inscrit dans l’engagement continu du régulateur à favoriser un environnement concurrentiel sain et dynamique au sein du secteur des télécommunications à Madagascar.
Selon toujours les chiffres disponibles, Madagascar a recensé plus de 5 millions d’abonnés aux services Internet mobile l’année dernière. Cela représente une augmentation de plus de 70 % par rapport aux 2,9 millions d’utilisateurs recensés dans le pays en 2019. Le taux de pénétration, qui s’élevait alors à 11,5 %, est passé à 17 % en 2022. À savoir que le nombre d’abonnés Internet fait référence aux personnes utilisant l’internet mobile ou aux cartes SIM ayant accès à Internet. Le régulateur ayant fait une analogie entre l’augmentation des cartes SIM actives et le nombre d’abonnés Internet mobile.
La consommation de l’internet mobile a connu une augmentation sensible dans un contexte marqué par l’émergence de nouveaux modes de consommation numérique. Depuis 2019, le trafic Internet mobile est passé de 32 674 téraoctets à plus de 135 000 téraoctets. Cette explosion de la consommation peut être attribuée à une baisse du coût de l’internet mobile. Le taux de pénétration de l’internet à Madagascar a continué de croître au cours des dix dernières années, passant de moins de 2 % en 2012 à plus de 20 % actuellement. Ce chiffre reste toutefois inférieur à la moyenne en Afrique, qui dépasse les 40 % selon les données de l’Union internationale des télécommunications (UIT). Des initiatives s’imposent donc pour généraliser l’accès à l’internet mobile dans tout le pays dans un contexte de transformation numérique.
Le taux de couverture de la 4G a connu une hausse significative ( Src photo : MNDPT). |
Quid de la 5G ?
Depuis décembre 2019, des expérimentations de la technologie 5G dans la bande de 3600-3700 MHz sont effectuées par Telma en collaboration avec l’Artec. Par ailleurs, un autre opérateur a également manifesté ses ambitions par rapport à la 5G mais, selon le rapport de l’organe de régulation, aucune expérimentation n’a été effectuée jusqu’en 2022, où il a été constaté 20 sites 5G en cours d’expérimentation sur le territoire national, dont 17 à Antananarivo et 3 à Toamasina. Des contrôles techniques ont été effectués par l’Artec lors de ces expérimentations, ce qui a permis de mesurer les paramètres techniques tels que la vitesse de téléchargement et d’envoi de la connexion ainsi que sa latence et de résoudre les problèmes d’interférence avec les autres services.
Il a été remarqué que des sites présentaient encore des anomalies se traduisant par un débordement de fréquence, provoquant des perturbations sur d’autres services. Ces problèmes techniques n’ont pas encore permis l’opérationnalisation définitive de la 5G. «Il faut noter que l’Artec est à pied d’œuvre pour assurer une attribution définitive des fréquences 5G dans des conditions optimales. Par ailleurs, elle prévoit d’effectuer un assainissement et un arrangement des bandes de fréquences, dont les détails seront publiés dans une feuille de route», a-t-on aussi fait savoir.
Parallèlement aux expérimentations 5G, dans le cadre de l’élimination de brouillage entre le service de station fixe par satellite et les services de téléphonie mobile, notamment la 5G, un recensement des utilisateurs VSAT dans la bande C a également été effectué.
Notons enfin qu’au mois de septembre 2023, Orange Madagascar a annoncé le déploiement d’un Orange 5G Lab dans la Grande Île par l’ouverture d’un salon destiné à découvrir l’expérience 5G. Objectif annoncé : accompagner les acteurs du numérique et économiques à mieux appréhender les opportunités, la valeur et l’utilité de la 5G. D’où la tenue d’un salon permettant de tester les solutions et services actuels, réfléchir à de nouveaux usages tout en bénéficiant d’un écosystème pour co-innover et faire évoluer dès aujourd’hui les modèles d’affaires et leurs processus. De son côté, Telma se positionne en tant que précurseur de la technologie 5G à Madagascar.
Communication sans fil
La 6G pointe déjà son nez
Madagascar veut rattraper son retard en matière d’inclusion numérique (Src photo: MNDPT). |
Tandis que la 4G tend vers une couverture totale et la 5G s’active pour atteindre sa pleine maturité, amenant des technologies de rupture et ouvrant la voie à de nombreux usages, la 6G est déjà dans toutes les conversations. Elle n’en est qu’à ses débuts mais des dizaines de milliards de dollars à travers le monde ont déjà été investis pour son développement.
Poussée par le besoin toujours plus fort de vitesse et de bande passante liée à l’utilisation d’une multitude d’appareils connectés et de l’IA, la 6G, prochaine évolution de la technologie de communication sans fil, devrait faire son apparition en 2030. Par rapport à la 5G, cette sixième génération cellulaire est attendue pour fournir des améliorations notables en matière de sécurité, de résilience, de fiabilité, de latence, de densité de connexion, de capacité de trafic, d’efficacité du spectre et de débits de données utilisateur.
D’après les prévisions, la 6G devrait être 50 fois plus rapide que la 5G, avec une vitesse théorique maximale de 1 Tbps, contre 20 Gbps pour la 5G. Selon Keysight Technologies, la 6G pourra également gérer 10 millions d’appareils par kilomètre carré, contre 1 million pour la 5G. Il est sans doute trop tôt pour prédire tout ce que la technologie pourra apporter dans les entreprises. La 5G commence à peine à atteindre son potentiel et il faudra du temps pour qu’elle se déploie totalement et remplace la 4G. Mais ces évolutions de la technologie cellulaire sont prometteuses.
Du côté de l’Union internationale des télécommunications (International Telecommunication Union, ITU), on soutient aussi que le train de la 6G est bel et bien déjà sur les rails. Selon le document sur la 6G publié en novembre 2023 par cette organisation, la phase conceptuelle du développement de la 6G a été lancée. Les normes techniques commenceront à être élaborées en 2027 et le déploiement débutera avant la fin de cette décennie. Même si la norme ne sera pas finalisée avant plusieurs années, des projets pilotes 6G sont déjà en cours. En octobre, l’Union européenne a par exemple décidé le déblocage de 130 millions d’euros pour 27 projets liés à la 6G.
Au niveau mondial, on estime à 35 milliards de dollars la valeur des initiatives pour accélérer et développer la 6G sur les marchés nationaux et régionaux. Car cette technologie est devenue une question politique. « L’accent est mis sur ce que la 6G pourra apporter à l’économie en termes de PIB et sur le leadership que le pays pourra obtenir en termes de technologie », a fait remarquer un spécialiste reconnu de la question.
VERBATIM
Frédéric Rajaokarivony, président du Conseil d’Administration de l’Artec
« Madagascar a connu un développement notable en matière de connectivité, notamment pour la couverture du réseau 4G. Mais nous savons que 80 % des populations vivent en zone rurale. Il est difficile pour ces gens d’accéder facilement aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. La prochaine étape sera de mettre en place les infrastructures techniques nécessaires à l’utilisation du numérique dans les zones enclavées. »
Angela Wamola, responsable GSMA pour l’Afrique
« Avec l’expansion des technologies comme la 4G, la GSMA (Association internationale des opérateurs télécoms) prévoit une croissance exponentielle de l’utilisation des données sur le continent africain, l’accès à Internet étant devenu essentiel pour le fonctionnement des économies. Cependant, il est également important de souligner les défis liés au développement de la connectivité dans les zones rurales, où le modèle économique est souvent un obstacle. »
Le Réseau 4G en chiffres
L'Express de Madagascar