Marc Ravalomanana : la candidature de la vengeance

Après plusieurs jours de gesticulation autour de sa candidature à l’élection municipale d’Antananarivo, l’ancien président a fini par faire sa déclaration sur les réseaux sociaux hier. Accompagné de son épouse, il a fait une vidéo dans laquelle il a annoncé vouloir « consacrer le restant de son existence à sauver le pays ».

Sa candidature est finalement sans grande surprise quand on voit les ambitions à peine voilées de l’opposition, affichées depuis la dernière élection présidentielle où il était surtout question de renverser le régime de Andry Rajoelina, son adversaire politique de toujours. 

Marc Ravalomanana semble mu par son désir de vengeance à l’endroit de celui qui l’a chassé du pouvoir en 2009. Depuis, toutes ses actions politiques étaient dictées par une haine viscérale contre Andry Rajoelina. En 2015 par exemple, il avait aligné sa propre épouse à la course à la mairie de la Ville d’Antananarivo, alors que Lalao Ravalomanana n’avait absolument rien à voir avec la politique mais forcée de venir à la rescousse de son époux, désireux d’en découdre comme à chaque fois avec Andry Rajoelina. Les tananariviens s’en retrouvaient victimes, d’aucuns se rappellent l’état lamentable dans lequel le couple Ravalomanana avait mis la capitale. La gestion de l’épouse était tout simplement catastrophique, alors que l’époux en était son principal conseiller. On se rappelle les gros trous laissés dans le budget de la commune urbaine d’Antananarivo chaque année durant le mandat de Lalao Ravalomanana de 2015 à 2019. Tout comme le scandale de l’achat d’un véhicule 4x4 d’une valeur de 384 millions d’ariary à l’époque alors que la Commune peinait à régler les salaires de ses employés. Pire, le véhicule était destiné à l’usage de Marc Ravalomanana, alors qu’il était payé avec l’argent de la Commune. 

C’était du temps de Lalao Ravalomanana que l’anarchie commençait à régner dans les rues d’Analakely, des box étaient implantés un peu partout sur les trottoirs, les propriétaires négociaient directement avec le couple Ravalomanana moyennant la somme de 60 millions d’ariary pour chaque parcelle occupée. Ces scandales avaient été dénoncés urbi et orbi dans le temps par les conseillers municipaux de l’opposition, mais également par les marchands du pavillon d’Analakely, d’Isotry, d’Andravoahangy et d’Ambodivona qui étaient en permanence menacés d’expulsion par l’équipe de la mairie s’ils n’acceptaient pas de s’acquitter d’une certaine somme qui n’était pourtant pas versée dans les caisses de la commune urbaine d’Antananarivo. Les gabegies du couple Ravalomanana étaient légions pendant les quatre années à la tête de la mairie de la capitale, on voit vraiment mal comment pourraient-ils agir autrement s’ils revenaient aux affaires. 

L’objectif de l’ancien Président est totalement autre que le redressement de la Ville des mille, il ambitionne d’en reprendre les rênes pour tenter coûte que coûte de renverser le pouvoir en place. La stratégie est claire, en étant maire de la capitale, il pourrait avoir son mot à dire sur l’accès à la fameuse place du 13 mai, lieu symbolique où les manifestations politiques prennent racine. Il y a quelques jours, le député opposant et non moins membre de la coalition « Firaisankina » Siteny Randrianasoloniaiko a sollicité cette candidature de Marc Ravalomanana en ayant du mal à cacher son intention de « mettre fin au régime de Andry Rajoelina ».

En toute objectivité, la population d’Antananarivo est suffisamment consciente et conscientisée qu’elle ne pourra rien attendre d’un éventuel retour de Marc Ravalomanana à la CUA, sa candidature ne vise rien d’autre qu’à satisfaire sa soif de vengeance, sa stratégie de la haine ne sauvera pas la capitale de cette situation chaotique dans laquelle elle se trouve, et les tananariviens savent pertinemment que d’éventuels troubles politiques ne feraient que l’empirer.  

Juliot Andriamitondra

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