Pour une surprise c’en était une. Alors qu’on s’attendait à une formalité hier au Sénat où le Premier ministre a présenté son Programme de Mise en Œuvre de la Politique Générale de l’État, il a été plutôt malmené par les membres de la Chambre haute. La faute en est à la Jirama. La séance a été interrompue par une coupure de l’électricité pendant sept minutes. Un crime de lèse majesté qui a fait sortir le vice-président du Sénat, Nicolas Rabemananjara, de ses gonds. Il a carrément pointé du doigt la Jirama.
Le Sénat a ainsi enduré pendant sept minutes ce que la population subit tous les jours, toutes les nuits. À quelque chose malheur est bon, la coupure de l’eau a frappé le cœur du pouvoir sinon son poumon.
Depuis quelques jours, les coupures sont juste insupportables. La situation dépasse les bornes. À croire que la Jirama est au bord de l’agonie que ni le recrutement d’un DG en or, ni l’injection de 1032 milliards ariary par l’État ne semblent pouvoir empêcher. Aussi incroyable que cela puisse paraître, le coup de main donné par l’État semble pousser davantage la Jirama dans le précipice. Au point d’inventer toutes sortes de prétexte pour justifier les coupures et panne. À croire qu’elle a recruté un créateur de mensonges pour argumenter les délestages.
Une société ne passe pas son temps à faire une maintenance toute l’année, à réparer des défaillances au quotidien ou à remplacer des transfos qui ont explosé comme cela n’a jamais été le cas en cinquante ans de nationalisation.
Les usagers se demandent si la Jirama a bien reçu les 1032 milliards ariary de l’État pour apurer son passif. Si tel était le cas, on n’en serait pas à cette situation proche du chaos, trois mois après l’adoption de la Loi de Finances Rectificative, permettant de débloquer cette somme astronomique.
Autre question pertinente qui taraude les pauvres abonnés désemparés et impuissants face à la situation est de savoir si les pannes et défaillances sont bel et bien réelles ou sont provoquées. Elles sont trop fréquentes pour être naturelles et plausibles. Si elles étaient provoquées ou voulues, il doit bien y avoir un fournisseur de fils, de transformateurs ou de poteaux qui tire les ficelles quelque part. C’est peut-être là le bout de ce nœud gordien qui bousille toute la vie économique et sociale. Doit-on laisser pourrir la situation et déboucher sur des réactions irréversibles et dévastatrices ?
Sylvain Ranjalahy