Jiramalade imaginaire

Trois mois après la nomination de l’Israélien Ron Weiss à la direction générale de la Jirama, aucune amélioration n’a été constatée, aussi bien dans la distribution d’eau que dans l’approvisionnement en électricité. La situation semble même empirer d’un jour à l’autre. Aucune tentative de solution ne semble appropriée. Même l’injection de 1032 milliards d’ariary par l’État dans la trésorerie de la Jirama n’a eu aucun effet. Les abonnés continuent à en baver. À croire que le sort s’acharne sur la Jirama, contrainte de trouver à tous les coups un prétexte pour justifier sa maladie imaginaire. Qui, un jour, c’est un oiseau électrocuté sur un fil, qui, un autre jour, un cerf-volant sans télécommande, un transfo cramé, une ligne haute tension sectionnée, un retard d’approvisionnement en fioul, et dernièrement une insuffisance du nombre de camions pour transporter le fioul, pour justifier le délestage tournant. 

Il faut tout de même arrêter de prendre les abonnés pour des imbéciles. On a gobé toutes les sornettes inimaginables depuis longtemps, mais ce n’est pas pour autant qu’on va continuer à rabâcher des histoires à dormir debout. On sait très bien que les abonnés n’ont aucun recours, que le monopole de la Jirama est incontournable, que les réactions destructrices contre la Jirama sont inutiles, qu’une privatisation n’est pas forcément bonne, mais ils ne demandent qu’un minimum de respect, à être mieux considérés, à être traités avec dignité. Pourquoi ne pas appeler un chat un chat et laisser de côté les âneries ? Au moins, tout le monde sait à quoi s’en tenir et cessera de se faire des illusions ou de croire au miracle. Trouver des échappatoires bidons chaque jour n’aidera pas à améliorer la situation et ne fait que mettre, ironie du destin, de… l’eau au moulin. 

On connaît la situation financière désastreuse de la Jirama. Cela résulte de plusieurs paramètres. Les usagers n’y sont absolument pour rien. Mais tout le monde accepte de subir dans l’espoir de voir la situation s’améliorer petit à petit. Hélas, ce n’est pas demain la veille pour le moment. Le délestage est plus coriace que jamais. Il continue de détruire les activités économiques génératrices de revenus, d’hypothéquer la croissance, d’aggraver la pauvreté. 

Il faut saluer la résilience exemplaire de la population qui encaisse tout dans la dignité, à moins qu’il s’agisse de l’énergie du désespoir ou de la résignation. Elle se dit peut-être que c’est une fatalité.

Sylvain Ranjalahy

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