INFRASTRUCTURE ROUTIÈRE - La société civile remet en question l’autoroute

La construction de la nouvelle autoroute ne fait pas l’unanimité.

Des membres de la société civile avancent six grands axes d’impacts négatifs du projet d’autoroute reliant la capitale à Toamasina. Ils demandent la réhabilitation des Routes nationales existantes.

Craintes profondes. Cinquante membres de la société civile, œuvrant pour le développement durable ainsi que des membres des communautés de base, signent un long communiqué relatant leurs appréhensions sur le projet d’autoroute reliant Antananarivo à Toamasina. Six grands axes sont avancés comme ayant été « négligés » par l’État dans l’élaboration en amont du projet. « Il relève de notre devoir et de notre responsabilité de communiquer nos appréhensions sur des détails négligés mais pouvant impacter négativement sur la vie nationale du pays et la vie de la population », relate le communiqué. 

Des impacts négatifs sur la sécurité alimentaire sont mis en premier lieu en avançant que 195 ha de rizières, 559 ha de surfaces cultivables et une soixantaine de cours d’eau sont menacés par le tracé. Une situation qui pourrait accroître la problématique de la migration interne et des inégalités sociales. Les entités comme Conservation international (CI), la Coalition nationale de plaidoyer environnemental (CNPE), la Fondation Tany Meva, l’Association Fosa Madagasikara, la Fédération des Femmes Rurales à Madagascar, l’Association Graine de Vie, l’ONG Làlana, l’Association Madagascar Wildlife Conservation, Saf Fjkm, la communauté de base Tamia Andranobe, Tahosoa Alandriake Mitambatse ou le World Resources Institute sentent une menace directe sur l’aire protégée Anjozorobe Angavo et le Corridor Ankeniheny-Zahamena. « Ce dernier sera divisé en deux, si l’on tient au rythme actuel du tracé, et ne sera plus un corridor ».

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Le corridor alimente en eau les grandes vallées de l’Alaotra et les plaines de la région Est. Cette partie de la Grande île, « le château d’eau du pays », est une zone humide importante et joue un rôle dans l’équilibre de l’écosystème en général. « Madagascar fait partie des cinq pays les plus menacés par le réchauffement climatique. Il est ainsi vital de préserver les derniers grands blocs forestiers », souligne la missive. Les défenseurs de l’environnement misent également sur la réputation internationale de la Grande île. « Quelle serait la crédibilité de Madagascar pour obtenir des crédits internationaux au titre de la résilience, de la durabilité, du climat et de la protection des forêts ? », se demandent-ils. 

Un budget de 920 millions de dollars, dont 20% pris en charge par l’État, est annoncé. La population est en droit de demander la provenance de cette somme, laquelle remet en question les priorités sur la santé, l’éducation, la sécurité alimentaire. « Quels bailleurs accepteraient de financer un projet détruisant la forêt primaire ? », lance encore la missive. La bonne gouvernance, notamment sur les engagements de l’État dans la conservation et la préservation des aires protégées, est cruciale. La société civile demande ainsi la suspension du projet et propose d’explorer des alternatives durables telles que « la modernisation en profondeur des Routes nationales existantes (RN2, RN3, RN44) ainsi qu’un développement du ferroviaire. Les résultats des évaluations d’impact environnemental et social sont demandés à être connus publiquement. Elle s’adresse enfin au bailleur encore inconnu à ce jour de revoir les conditionnalités et les enjeux environnementaux et sociaux du projet.

Mirana Ihariliva

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