Épopée olympique

Le monde vit un de ces précieux moments de communion, cet incontournable rendez-vous qui embarque les pays et continents dans une fascinante épopée dont les chants et les chapitres s’écrivent et se chantent tous les quatre ans. Les Jeux Olympiques, qui connaissent actuellement un de ces instants sans pareil d’enrichissement de leurs pages, ont commencé à se remplir 776 ans avant le début de notre ère.

L’année que l’actuel calendrier grégorien reconnaît comme -776 a vu se cristalliser le culte grec de la force physique, et Olympie devint le temple qui accueillit, durant les années baptisées Olympiades, une messe dont le pouvoir manifeste son incontestable puissance en insufflant la paix entre les cités grecques pour sécuriser le trajet de ceux qui voyageaient vers Olympie pour assister aux épreuves de lutte, de boxe, de pentathlon, les courses de chars,...

Une force qui semble s’être envolée et avoir tourné le dos aux Jeux Olympiques modernes, marqués bien trop souvent par l’incursion de la politique et des querelles internationales. Un esprit de conflit qui a possédé les jeux de Berlin en 1936, instrumentalisés par la propagande nazie, le même démon de la dispute qui a hanté l’édition de 1980 à Moscou, désertée par les États-Unis, et celle de 1984 à Los Angeles, boycottée par l’Union Soviétique. Reste cependant sa capacité à donner une “immortalité”.

Déjà à l’époque grecque, s’élevèrent en écho les odes de Pindare qui ont célébré les héros des sports, les athlètes dont la victoire équivaut à l’admission du nom dans le cercle très fermé de l’éternité. Une conviction que l’histoire, traversée par des siècles d’éclipse totale quand Théodose a proscrit les Jeux, a partiellement confirmée en intégrant le lutteur Milon de Crotone ou Thémistocle dans le panthéon intemporel du sport, grands vainqueurs de la convoitée couronne de laurier, prédécesseur des médailles, actuelles clés pour accéder à cette éternité.

Selon Hannah Arendt, l’homme peut prétendre à une immortalité en laissant à la postérité le souvenir de ses exploits politiques ou culturels. Et depuis que Pierre de Coubertin a exhumé les Jeux en 1896, la suite appartient à l’histoire sublimée par les œuvres inoubliables de Jesse Owens, Nadia Comaneci, Michael Phelps ou Usain Bolt, et d’autres héros des temps modernes qui ont laissé leur empreinte dans la légende des Jeux Olympiques.

Et en ce moment, Paris est le terrain où peut se conquérir cette immortalité, à la portée des athlètes pleins d’ambition et de rêve de gloire. Et durant les prochains jours, notre attention sera tournée vers cette course aux étoiles qui, on l’espère, ne seront pas trop hautes pour les représentants de notre pays.

Fenitra Ratefiarivony

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