Crever l'abcès

Ce n’est pas trop tôt mais mieux vaut tard que jamais. Après plusieurs mois de témoignages accablants des cas flagrants de corruption et d’abus à l’aéroport d’Ivato, le président de la République a tenu à faire l’état des lieux, hier. Il n’était pas venu pour faire de la villégiature bien évidemment. Comme il l’avait annoncé à Dubaï, des mesures sévères allaient être prises pour mettre un terme aux corruptions dénoncées aussi bien par des passagers nationaux qu’étrangers, à l’arrivée comme au départ, sur les réseaux sociaux. Le président lui-même a révélé un cas de corruption concernant des techniciens étrangers qui ont construit les infrastructures lors des derniers Jeux des îles. Le ministre du Tourisme a également évoqué des cas d’abus contre des touristes étrangers. Autrement dit, il y a longtemps qu’il fallait faire le ménage à Ivato au lieu d’attendre que la situation pourrisse et provoque des conséquences néfastes sur l’image du pays et cause un coup bas au tourisme. Il ne fallait d’ailleurs pas attendre que le président de la République prenne le taureau par les cornes pour agir contre ce fléau. Hier, il a mis tout le monde, en l’occurrence la douane, la police aux frontières, la gendarmerie, devant ses responsabilités et a pris des mesures pour éradiquer une bonne fois pour toutes la corruption d’ici la fin de l’année. A priori, ce n’est pas son rôle mais face à la défaillance à tous les niveaux, il a dû mettre de l’ordre dans la maison et injecter quelques piqûres de rappel aux responsables. 

On espère donc qu’il y aura du changement à partir de ce jour à l’aéroport après ce passage sans complaisance du président de la République. Mais ce qui se passe à l’aéroport d’Ivato n’est que la partie émergée de l’iceberg concernant la corruption. La corruption est presque généralisée dans l’administration et ternit sérieusement l’image du pays. La justice et le monde carcéral sont infestés par le virus au point que la mort d’une magistrate a fait l’objet de révélations gênantes sur les réseaux sociaux. La gendarmerie, selon le bilan du Bianco, figure en tête du classement, mais la police n’est pas non plus exempte de tout reproche avec les exécutions sommaires dénoncées par le département d’État américain sur les droits de l’Homme. 

Il ne faut pas oublier les redressements fiscaux exagérés contre les sociétés et entreprises. Cette situation impacte le classement du pays dans le Doing Business. On aura beau séduire les investisseurs à travers plusieurs avantages, c’est peine perdue si le climat des affaires reste médiocre. 

Tant qu’à faire, il faut également transposer les mesures annoncées à Ivato dans d’autres domaines et secteurs. Ivato aura été le déclencheur d’une vraie lutte contre la corruption. Il ne faut plus tourner autour du pot… de vin. C’est le moment ou jamais d’en finir avec les brebis galeuses.

Sylvain Ranjalahay

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