Le portail d’entrée vers le massif de Lohavohitra. |
Certaines traditions présentent Andrianen-toarivo comme étant le frère ainé d’Andrianandritany, l’« ombiasy» originaire d’Ambohibato (Ambohimanam-bola). Dans ses« Questions sur les Sakalava en Imerina avant le règne d’Andrianampoini-merina » (Bulletin de l’Académie malgache, 2014, Tome XCIV/1), l’historienne Ramisandrazana Rakotoariseheno déclare que le patronyme nous rappelle ceux des souverains sakalava se terminant par « arivo » (mille). Il est également connu comme étant le cousin d’Andriantsimandafika et d’Andriambodilova (fils de Ratrimo III).
Dans les « Tantara ny Andriana eto Madagasikara », il est écrit qu’Andrianentoarivo est un contemporain d’Andriatom-pokoindrindra et d’Andrianjaka. Il aurait participé aux travaux d’endiguement d’Ankadim-bahoaka, mais il n’a pas pu exécuter sa part de corvée. Vrai ou faux, se demande l’auteure de l’étude, mais « toujours est-il qu’il y eut certainement un début de mésentente et de conflits que les ‘Tantara’ évoquent sous forme de coups et blessures infligés par Andriatompokoindrindra ».
Par la suite, Andrianentoarivo décide d’aller vers l’Ouest, à Lohavohitra dans le Vonizongo. Par la même occasion, il demande également Babay et le «vodihena» (arrière-train d’animaux), symbole de royauté et de pouvoir. Mais Andrianjaka ne lui accorde que la moitié de la viande et lui refuse le site de Babay.
Selon l’académicienne, d’autres traditions le connaissent comme un grand personnage vaincu qui s’exile de son plein gré dans le Vonizongo. Une autre version le présente comme étant un autre frère d’Andrianjaka ou présenté comme tel, à titre fictif ou frère de sang. Les deux hommes auraient vécu dans l’Andringitra et se sont accordés pour partager le territoire.
« Andrianjaka prit Antaninarivo comme capitale et Andrianentoarivo s’octroya le Vonizongo, épousa Rambolasolia, fille unique du souverain du Vonizongo. » La version du Dr Rasamimanana affirme « qu’il était originaire d’Ambohimalaza, de Fandranety et d’Ambolamena. Il faisait partie des douze ‘menakely’ et avait pour mission de conquérir l’ouest de l’Imerina ».
Une autre version avance qu’il est, par sa mère, le demi-frère d’Andriatomponimerina, fils d’Andriamasinavalona, qui règne à l’époque à Ambohidratrimo, et dont il est le conseiller. Or, corrige l’historienne, entre Andrianjaka et Andriamasinavalona, il y a un laps de temps de plus de cinquante ans. « Par-delà l’anachronisme, il y a toujours, en filigrane, la notion de sakalava. »
C’est également Andrianento-arivo qui fait connaître le «tangena» (tanguin, un violent poison qui devient une procédure judiciaire pour confondre les coupables). Plus tard, Andrianampoinimerina reconnait Andriantsoba comme chef de tout le lignage d’Andrianen-toarivo et prince « Andriana tompobodivona » (possédant un apanage). Des mariages entre les descendants d’Andrianampoini-merina et ceux d’Andriantsoba du Vonizongo sont, par la suite, conclus, de même que les proches parents de Ranavalona épousent ceux d’Andriantsoba. « De toutes ces versions, nous pouvons dégager des permanences malgré les anachronismes. »
Abordant le sujet de la continuité, Ramisandrazana Rakotoariseheno indique que la dynastie de Rangita et Rafohy se heurte à des groupes Tompontany, appelés tantôt Vazimba, tantôt Sakalava, ou les deux de façon parallèle. Ce qui l’amène à accepter une antériorité politique autre que merina dans l’Imerina ancien.
Car, dit-elle, même les « Tantara ny Andriana » révèlent qui ils sont en réalité et que c’est plutôt la dynastie de Rangita qui a « emprunté ou pris modèle » sur les anciennes institutions royales déjà existantes. Ceci afin de « construire sa propre légitimité et sa grandeur, en s’enracinant dans une ancienneté de bon aloi, tout en inventant sur le plan idéologique un présent et un avenir dont elle est la seule créatrice ».
La nouvelle dynastie change de politique au bout de trois générations. « La cohabitation plus ou moins pacifique des origines, se transforme en politique de rejet des anciens souverains Roka. »
Pela Ravalitera