L’armée royale n’aurait pas dû être battue par les troupes d’expédition française affaiblies par la fièvre. |
C’est sous Radama Ier que commence la véritable organisation de l’Armée malgache (lire précédente Note). Et depuis, le roi ne cesse de la perfectionner jusque dans les moindres détails. C’est ainsi qu’en 1823, il ordonne à tous les soldats de se faire couper les cheveux après la deuxième expédition dans le Menabe.
En effet, à l’époque, les hommes arborent une chevelure aussi longue que celle des femmes. Cette décision a pour effet de troubler tout le monde, notamment les épouses habituées à voir leurs maris avec des cheveux longs. Elles tiennent une réunion à Ambatoroka et délèguent certaines d’entre elles pour protester auprès du roi. Loin de plier, Radama, en colère, menace de mort la chef de la mutinerie, déclare Régis Rajemisa-Raolison…
En montant sur le trône, Ranavalona Ire apporte peu de modifications à l’organisation des « Miaramila » établie par son mari. Elle se contente de changer leur nom par « Foloalindahy » (les cent milliers d’hommes).
Sous Radama II, son fils, une seule réforme est également à signaler. Il met entre les mains d’un seul homme les fonctions de Premier ministre et le commandement en chef de l’Armée qui, auparavant, sont deux pouvoirs séparés.
Jusqu’à la fin de la monarchie merina, trois Premiers ministres jouiront de ce privilège: Rainivoninahitriniony ou Raharo, son frère Rainilaiarivony, et Rainitsimbazafy sous le protectorat français, durant la dernière année de règne de Ranavalona III.
Avec Rasoherina qui succède à Radama II, d’assez notables modifications se voient dans le statut des « Miaramila », sans doute aussi sous l’influence de Rainilaiarivony. La reine les répartit d’abord en trois catégories.
D’abord, les «Ankotralahy» qui constituent le grand nombre des soldats. Ils vont à la guerre et servent de troupes d’occupation. Durant les grandes cérémonies officielles, les « Ankotralahy » portent un veston rouge et un pantalon blanc. Ce qui fait dire cette phrase passée en proverbe : « Salasala toa ankotralahy: arahabain-tsy andriana; avela, miakanjo jaky» (qui rend perplexe comme un « ankotralahy» : on le salue, ce n’est pas un noble; on ne le salue pas, il porte pourtant de la pourpre).
Ensuite, les « Dimanjatolahy » (les cinq cents hommes) qui sont en réalité 1500 hommes. Ils sont pris parmi les «Ankotralahy» pour assurer l’ordre et la tranquillité dans les villes. Ils jouent aussi le rôle de gardes pénitentiaires car ils gardent les prisonniers de guerre.
Enfin, les « Maranitra » et les «Tsaingoka» qui servent de garde et d’escorte à la reine durant les cérémonies officielles ou les jours de sortie royale.
En outre, Rasoherina fixe la durée du service militaire qui, jusque-là, n’est pas définie. Une fois âgés, les soldats rentrent à l’état civil et deviennent des «borizano» (bourgeois). Elle continue également à faire instruire les soldats et c’est l’Anglais Lorett qui en est chargé.
Sous Ranavalona II, l’instruction est davantage poussée. Lorett est alors remplacé par un autre officier, Wbling. De plus, un groupe de soldats est confié à un officier français, Noyal, qui est secondé par Radilofera, l’un des fils du Premier ministre Rainilaiarivony, arrivé depuis peu de France. Les premiers hommes instruits par Wbling sont appelés « Tsatsimenitra » et ceux formés par Noyal et Radilofera sont dénommés « Sarizenitra ».
C’est encore sous Ranavalona II que le ministère de l’Armée est définitivement et solidement affermi avec ses services.
Enfin, sous Ranavalona III, sont créés les « Kadetra » (cadets). Ils sont composés de jeunes gens d’Antananarivo, instruits à part par trois officiers : deux Anglais, le colonel Shevington et le Major Graves, et un Français, le capitaine Lavoisot.
Pela Ravalitera