Ceux qui s’attendaient à un bouleversement des résultats des élections législatives ont été cruellement déçus. La Haute Cour Constitutionnelle a confirmé dans l’ensemble les résultats publiés par la Ceni à quelques exceptions près. Mais là où une partie de l’opinion l’attendait de pied ferme, il n’y eut aucun chamboulement. La HCC a rejeté toutes les requêtes de disqualification de candidats ou d’annulation de voix d’où qu’elles viennent pour éviter les accusations de partialité.
Les résultats provisoires ont d’ailleurs facilité la tâche de la Ceni étant donné que des candidats très en vue de l’opposition ont disparu à l’épreuve des urnes. Et puis dès le départ on savait que l’opposition ne pouvait pas avoir la majorité avec quatre-vingt-quatre candidats sur quatre cent soixante-seize. Il était juste question de prestige et de suprématie politique dans certaines circonscriptions électorales pour certains candidats des deux camps.
La HCC n’avait donc pas à faire de grandes manœuvres pour faire pencher la balance d’un côté comme de l’autre. Elle n’a fait que diviser la poire en deux en ne donnant aucun avantage au parti au pouvoir et en n’infligeant aucun préjudice à l’opposition. Mieux, elle a respecté le verdict des urnes dans la circonscription de Faratsiho où la bataille était très serrée et où une ministre était en lice.
La HCC en sort ainsi grandie de cette épreuve où sa crédibilité était en jeu. On voit d’ailleurs mal pourquoi elle se serait évertuée à travestir les résultats alors que, même avec un tiers des sièges, l’opposition est condamnée à faire de la figuration à Tsimbazaza et n’aura aucune influence dans les votes de loi qu’elle boycotte d’ailleurs la plupart du temps. Mais on a besoin de l’opposition pour que le Parlement justifie sa nécessité.
Une Assemblée nationale sans l’opposition ressemblerait à une chambre croupion comme ce fut le cas pendant la deuxième République.
Maintenant on s’attend à ce que les députés jouent pleinement leur rôle pour que l’Assemblée nationale ne soit pas réduite à une pièce de décoration de la démocratie comme on se plaît à l’utiliser ou juste à une institution fantoche pour adouber des projets de loi. Les députés ont un devoir sacré vis-à-vis des électeurs auxquels ils doivent respect et redevabilité. C’est élémentaire mais on peut toujours rêver.
Sylvain ranjalahy