Françoise Hardy (1944-2024)

Tous les garçons et les filles de mon âge se promènent dans la rue deux par deux…” Peu d’individus peuvent prétendre ne pas connaître cette phrase qui, incontestablement, sort du lot dans le riche univers de la chanson française. Un monde dont la fortune a été, en grande partie, bâtie par le talent de Françoise Hardy qui a mis sa voix et son écriture au service de cet art qu’elle a su magnifier grâce à des œuvres qui resteront dans les mémoires.

Celle qui a avoué ne pas être satisfaite de ses capacités de chanteuse est pourtant la seule représentante française à avoir inscrit son nom dans le classement des 200 plus grands chanteurs de tous les temps, une liste établie par le magazine américain Rolling Stone. Et ce n’est pas le public, séduit par la poésie des textes portés élégamment par la voix douce et feutrée de l’artiste, qui contestera cette place qu’elle occupe parmi les géants de la chanson.

C’est ainsi que, jusqu’à ce jour où ces lignes s’écrivent, on peut toujours être embarqué dans des voyages émotionnels profonds quand on se laisse submerger par l’atmosphère mélancolique que diffusent constamment les paroles et mélodies des chansons de Françoise Hardy. C’est durant ces moments de transe qu’on peut toucher du doigt les feux brûlants de l’amour, goûter à l’amertume de la perte ou voir la course irréversible du temps.

«Le Temps de l’Amour» ne cessera de nous emporter vers les jours idylliques des premiers émois et des plaisirs simples, qui rappellent la philosophie épicurienne, et qui étaient alors encore facilement accessibles. Le temps vulgaire, à la portée de la science qui se vante de pouvoir le mesurer, s’effaçait alors, pour laisser s’affirmer la splendeur d’une durée bergsonienne, intime et intérieure, qui s’éprouvait dans une félicité hors de portée du langage scientifique. De précieux souvenirs auxquels résonne la conscience de l’éphémère, véhiculée par «Mon amie la rose» qui évoque un fameux sonnet de Ronsard qui invite à cueillir « Les roses de la vie ». 

Cette même fugacité s’incruste également dans les relations amoureuses quand elles aboutissent au tournant éprouvant de la rupture, évoquée dans «Comment te dire adieu», un titre sublimé par la plume de Serge Gainsbourg à qui nous emprunterons quelques mots (cf. « La chanson de Prévert ») : «passe l’automne, vienne l’hiver», auxquels on ajoutera : 

« Et que les chansons de Françoise Hardy» nous restent.

Fenitra Ratefiarivony

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne