ACCORD AVEC LA THAÏLANDE - Le rapatriement des lémuriens et des tortues acquis

Des discussions sont en cours pour rapatrier les lémuriens et les tortues saisis en Thaïlande.

Le ministre de l’Environnement et du Développement durable s’est rendu en Thaïlande la semaine dernière. À l’issue des tractations, Madagascar et la Thaïlande se sont accordés sur le rapatriement des lémuriens et des tortues saisis.

D’ici la fin du mois de juillet au plus tard, tel est le délai fixé par le ministère de l’Environnement et du Développement durable pour le rapatriement des lémuriens et des tortues radiées saisis en Thaïlande le 1er mai.

Cet accord avec les autorités thaïlandaises pour le rapatriement de ces animaux endémiques à Madagascar a été conclu lors d’un déplacement sur place de Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable, vendredi et samedi derniers. "Le rapatriement des animaux saisis en Thaïlande est prévu d’ici la fin du mois de juillet au plus tard, selon l’accord conclu entre les deux pays", indique le communiqué de presse rendant compte du voyage du membre du gouvernement. 

"Les animaux sont en bonne santé. Ils sont bien traités. Quoi qu’il en soit, le principal objectif est qu’ils puissent retourner dans leur milieu naturel", déclare le ministre Andonirina Fontaine, tout en soulignant que Madagascar et la Thaïlande sont tous deux parties à la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction (Cites), ce qui aurait pu faciliter les négociations.

La Cites prévoit une clause sur le rapatriement des spécimens saisis dans leur pays d’origine. Dans un texte publié sur X, anciennement Twitter, un média thaïlandais, Politica, rapporte que le gouvernement malgache "prendra en charge les frais de rapatriement des animaux". L’information sur l’interception de quarante-huit lémuriens et de plus de mille tortues radiées en Thaïlande le 1er mai a scandalisé les défenseurs de l’environnement, tant nationaux qu’internationaux.

Le sujet a défrayé la chronique d’abord en raison de la nature des spécimens, objets du trafic. Tant les lémuriens que les tortues radiées sont des animaux sauvages endémiques et sont également en danger d’extinction. Ils sont ainsi fortement protégés par les lois nationales et internationales. Pourtant, la cargaison illicite n’a été interceptée que juste avant leur embarquement pour leur destination finale, qui sont Bangkok et Taïwan, entre autres. L’autre point effarant est le nombre élevé de spécimens saisis.

En réaction à la saisie du 1er mai, Olivia Swaak-Goldman, directrice exécutive de la Wildlife Justice Commission, a affirmé qu’il s’agit de "la plus importante au monde depuis 2018". Dans son communiqué de presse, le ministère de l’Environnement et du Développement durable reconnaît qu’il y a "une augmentation" du trafic des animaux sauvages. Il ajoute que cette prolifération "est favorisée par la demande internationale croissante".

Task Force

Un réseau transnational de trafiquants était aux commandes de l’exportation illicite des lémuriens et tortues interceptés en Thaïlande. Les rapports d’enquêtes des autorités thaïlandaises, malgaches et des entités internationales de lutte contre le trafic d’espèces sauvages abondent dans ce sens. Six membres de ce réseau ont été arrêtés en Thaïlande au moment de la saisie et y sont en détention. Une dizaine d’autres ont été appréhendées à Madagascar et sont en détention préventive après leur traduction devant le Pôle anti-corruption d’Antananarivo (PAC) le 13 mai.

Outre le rapatriement des animaux endémiques dans la Grande Île, l’autre point discuté lors du déplacement du ministre Andonirina Fontaine en Thaïlande est la mise en place d’un "groupe d’intervention international, communément appelé Task Force". Le communiqué de presse ministériel indique que "des pays d’Asie du Sud-est comme Taïwan, l'Indonésie et la Malaisie collaboreront avec Madagascar dans la lutte contre les trafics illicites".

Interpol et des entités internationales comme l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime 

(Onuduc) seront vraisemblablement en "back-up" de cette "Task Force". Une coordination plus active, à l'internationale, de la lutte contre les trafics est l’objectif. Une question s’impose, toutefois : qu’en est-il du renforcement de la lutte et de la protection de la faune et de la flore endémiques sur le territoire national ?

À Madagascar, la recrudescence des trafics de ressources naturelles et d’animaux endémiques coïncide avec une conjoncture politique houleuse. Seulement, "la lutte contre les trafics d’animaux sauvages est une priorité absolue du gouvernement", affirme le ministère de l’Environnement et du Développement durable. Cependant, les faits sont accablants. La semaine dernière, trois cartons contenant quatre cents tortues "en provenance de Madagascar", et en partance pour la Tanzanie, ont été saisis aux Comores.

Le rapatriement de ces tortues saisies aux Comores est également un objectif selon le ministère de l’Environnement et du Développement durable. Toutefois, le mieux est d’annihiler les trafics à la source, en empêchant le braconnage, en verrouillant les opportunités de transport illicite et les failles permettant les exportations illicites. Selon les explications, le ministère mise sur des actions multisectorielles, ainsi que sur la collaboration avec des informateurs et la population locale. Pour l’heure, cependant, les trafiquants semblent avoir une longueur d’avance sur les autorités.

Garry Fabrice Ranaivoson

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