Le nouveau bloc opératoire du Cenhosoa. |
Le centre hospitalier Soavinandriana (Cenhsoa) va révolutionner la chirurgie à Madagascar avec la possibilité d'opérations à cœur ouvert dans cet établissement.
C'est une avancée médicale majeure qui se profile à l'horizon. Les enfants souffrant de maladies cardiaques nécessitant une intervention chirurgicale à cœur ouvert n'auront plus à se rendre à l'étranger pour être traités. Bientôt, cette chirurgie délicate sera réalisable à Madagascar. Le Centre hospitalier Soavinandriana (Cenhsoa) se prépare à cette délicate intervention chirurgicale. Selon le compte-rendu du conseil des ministres du 2 mai, quatre enfants souffrant de cardiopathie congénitale seront opérés dans le bloc de chirurgie cardiaque de cet hôpital, du 20 mai au 2 juin.
« C'est une grande première pour Madagascar. Bien que les opérations à cœur fermé soient pratiquées depuis 2014, celles à cœur ouvert étaient envisagées dès 2017. Cependant, en raison du coût élevé des équipements nécessaires, le plateau technique n'était pas prêt jusqu'à présent. C'est grâce au financement généreux de l'association Chaîne de l'Espoir et à l'intervention de l'État, qui a pris en charge les droits et taxes à l'importation sur les équipements nécessaires, que cette réalisation est rendue possible », souligne le général Willy Ratovondrainy, directeur général du Cenhsoa, lors d'une déclaration récente.
Cinq cents enfants
Cette intervention chirurgicale, plus complexe que celle à cœur fermé, comporte des risques accrus. Elle implique l'arrêt des battements cardiaques, la cessation des mouvements respiratoires et la vidange du cœur de son sang. Pendant cette procédure, une machine de circulation extracorporelle prend le relais en assurant les fonctions vitales du cœur et des poumons pendant l'opération.
La possibilité d'effectuer cette opération à Madagascar constitue un véritable soulagement pour les familles des enfants souffrant de cardiopathie congénitale. Chaque année, le service de cardiologie de cet hôpital examine près de cinq cents enfants. Parmi eux, cent nécessitent une intervention chirurgicale, et la moitié doit être évacuée vers des centres médicaux étrangers, d'après les informations relayées lors du conseil des ministres.
Le coût de cette évacuation sanitaire s'élèverait à 13 000 euros par patient, mais seulement une quarantaine d'enfants par an bénéficient actuellement d'une prise en charge. Le prix de cette nouvelle opération à Madagascar reste encore indéterminé. « Il ne devrait pas dépasser la moitié de ces 13 000 euros. Ce sont principalement les consommables utilisés pendant l'opération qui représentent un coût élevé », assure le directeur général de l'hôpital.
Dans le cadre de ce projet, quatre à cinq missions annuelles sont prévues, chacune comportant jusqu'à dix opérations. Cette initiative s'étalera sur une période de cinq ans. « Au cours de ces cinq premières années, les interventions seront réalisées par une équipe mixte, composée de professionnels de santé du Cenhsoa et du centre hospitalier universitaire de La Réunion. Au terme de cette période, l'équipe malgache sera pleinement opérationnelle et capable de mener ces interventions de manière autonome », explique le général Willy Ratovondrainy. En parallèle, une vaste campagne de dépistage des maladies cardiaques sera lancée à travers tout Madagascar afin d'identifier tous les enfants nécessitant cette intervention chirurgicale.
Miangaly Ralitera