Le lundi au sommeil

On l’aura deviné il s’agit d’une parodie du titre d’un tube de Cloclo disparu il y a 46 ans, sorti en 1972. « Le lundi au soleil, chaque année c’est pareil ». Ainsi pourrait se résumer les jours fériés religieux, en particulier les lundis de Pâques et de Pentecôte. Deux jours de farniente pour la population dont la plupart ne comprennent même pas la signification exacte de ces deux jours fériés. Si Pâques et Pentecôte tombent forcément un dimanche, on se demande pourquoi elles se prolongent le lundi. Raison pour laquelle l’ancien Premier ministre français Jean Pierre Raffarin a supprimé le jour férié du lundi de Pentecôte en 2004.

Deux journées mises à profit pour la grande évasion hors de la capitale pour ceux que la nature a gâtés, deux jours bénis pour faire le chiffre d’affaires de l’année pour les artistes, deux jours de récréation et d’oxygénation pour ceux dont le quotidien se réduit aux affres des conditions de vie inhumaines dans des logements étriqués et insalubres. Pour ces derniers, respirer l’air plus ou moins pur du By pass ou de la rocade quand la décharge d’Andralanitra n’est pas en « éruption » suffit à leur bonheur assorti d’un tour à « Disneyland »que sont les manèges actionnés à l’énergie humaine. Un constat rappelant que la pauvreté s’enracine de plus en plus deux millénaires après les premières Pâques et Pentecôte.

Les dimanches de Pâques et de Pentecôte, les édifices cultuels sont archi pleins bondés de fervents croyants ou de chrétiens par hasard. Le lendemain les rues débordent de flâneurs à la recherche d’un refuge pour tenter d’oublier le poids d’une situation exaspérante.


À se demander s’il faut plus d’usines ou d’écoles que d’églises pour gagner le pari du développement. Si on est enclin à cotiser pour faire fonctionner les unités industrielles du projet de l’État comme on contribue à l’extension d’une église, le développement ira plus vite. Une proposition que beaucoup vont prendre pour un blasphème. Aucun candidat député n’osera en tout cas l’avancer. L’église reste un grand réservoir électoral.

Il faut encore un autre millénaire de prière pour renverser cette tendance. Amen.

Sylvain Ranjalahy

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