Joe Kamamy, l’arrière-arrière- petit-fils du roi Sakalava Toera. |
Le comité malgache chargé du rapatriement du crâne du roi Sakalava Toera, accompagné de membres du ministère de la Communication et de la Culture ainsi que de la famille du roi, se rendra à Paris en juin pour entamer les procédures de rapatriement en rencontrant le gouvernement français.
Pouvez-vous vous présenter ?
Je suis Joe Kamamy, l’arrière-arrière-petit-fils du roi Sakalava Toera. Je fais partie du comité malgache pour le rapatriement du crâne du roi Toera et de ses deux guerriers.
Quelle procédure avez-vous mis en place pour le rapatriement du crâne du roi Toera?
Depuis 127 ans, nous sommes à la recherche du crâne du roi Toera, depuis que son fils Pierre Kamamy a lancé cette quête. J’ai moi-même entamé cette recherche il y a 16 ans. En 2008, j’ai collaboré avec une chercheuse française pour rédiger une thèse de doctorat portant sur la recherche du crâne du roi Toera. En 2017, le Musée de l’Homme à Paris nous a contactés car il détenait le crâne. Nous avons alors prélevé des échantillons à Ambiky à Belo sur Tsiribihina pour procéder à un test ADN et prouver son authenticité.
Le gouvernement malgache nous a soutenus en prenant en charge les frais du test, reconnaissant ainsi l’importance de cette démarche pour notre patrimoine national. Deux ans plus tard, le test a confirmé qu’il s’agissait bel et bien du crâne d’un homme africain. Il est à noter que le Musée de l’Homme est une institution affiliée au ministère de la Culture français, bien qu’indépendante, qui rassemblait à cette époque divers crânes africains.
La procédure se dirige-t-elle vers une issue positive ?
Effectivement, le rapatriement des trois crânes est prévu pour septembre, accompagné de cérémonies traditionnelles à la Sakalava en partenariat avec le gouvernement malgache. Ce rapatriement est désormais devenu une cause nationale et une affaire d’État, étant donné que les trois quarts des Malgaches sont des Sakalava. Je tiens à exprimer sincèrement ma gratitude envers le gouvernement pour son soutien précieux.
Est-ce que vous pouvez nous rappeler l’histoire de Toera ?
Lorsque les Sakalava ont été battus par les Français, deux hommes se sont fait passer pour Toera. Les Français les ont crus, leur ont coupé la tête pour les ramener en France. Plus de cinq mille Sakalava ont été tués à l’époque et sont enterrés actuellement à Ambiky. Toera lui-même a été démasqué lors d’une attaque surprise. Il a refusé d’être colonisé par la France jusqu’à son dernier souffle. Ils lui ont également coupé la tête.
Pourriez-vous nous expliquer la tradition du Fitampoho ?
Lorsqu’un Ampanjaka Sakalava meurt, certaines parties de son corps sont placées dans les reliques du Zomba pour symboliser le royaume des Sakalava. Actuellement, seule la relique de Toera manque parmi les dix présentes, en attente de son rapatriement pour une cérémonie traditionnelle du Fitampoho aux côtés de toutes les autres reliques.
Nicole Rafalimananjara