Présentation du Portail d’Informations Commerciales de Madagascar le 30 Avril 2024. |
Pour améliorer le climat des affaires et favoriser les échanges commerciaux, ainsi que pour mieux soutenir le développement du secteur privé national, les informations commerciales jouent un rôle stratégique. Il est indéniable que Madagascar s'active ces derniers temps pour améliorer l'accès aux informations commerciales et assurer leur fiabilité.
Selon le gouvernement, il est essentiel de fournir au public en général et à la communauté économique en particulier une source d’information centralisée, accessible et facile sur les réglementations du commerce, le fonctionnement des marchés, ainsi que les procédures et formalités liées à l’exportation et à l’importation à Madagascar. Les diverses parties prenantes reconnaissent que les informations commerciales constituent le nerf de la guerre.
Répondant à cet impératif, le Portail d’informations commerciales de Madagascar (PICM) a été lancé récemment. Cette initiative s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre de l’Accord sur la facilitation des échanges (AFE), visant à simplifier les procédures commerciales et à favoriser un environnement d'affaires propice à l'investissement et à la compétitivité. Il est à noter que Madagascar a ratifié l’AFE en 2016 et que les activités ont débuté en 2017. L’objectif de l’AFE est d’améliorer l'efficacité des contrôles et des procédures aux frontières pour faciliter la circulation des marchandises.
À souligner également que l’article premier de l’Accord de l’Organisation mondiale du commerce (OMC) a pour principal fondement la transparence. Il impose de mettre à disposition d’un public large, et de manière non discriminatoire, tous les renseignements relatifs aux opérations de commerce international comme les procédures et les réglementations en vigueur, les droits, taxes et redevances applicables, les formalités à remplir ou encore les points d’information.
Il est également précisé que l’utilisation d’internet en tant que moyen de publication est impérative pour les renseignements. D'où l'importance que revêt ce portail d'informations commerciales. Pour sa mise en place, l'État a obtenu un financement auprès de la Banque africaine de développement (Bad), à travers le Projet d’aménagement de corridors et de facilitation du commerce (PACFC). "Il s’agit là d’un site web intégré mis en place par Madagascar afin d’offrir un point d’accès unique aux renseignements et données utiles pour les acteurs du secteur du commerce", a-t-on également expliqué.
Lors de son lancement, le ministre en charge du Commerce et de l'Industrialisation, Edgard Razafindravahy, a confié que la réalisation du portail a impliqué différents cabinets. Le membre du gouvernement a également indiqué que cette plateforme en ligne présente plusieurs avantages, notamment le gain de temps en évitant des déplacements physiques aux bureaux administratifs, la transparence dans toutes les procédures d’import-export, la disponibilité des tarifs relatifs aux services offerts au public et la possibilité de faire une transaction en ligne via le site.
Le ministre n’a pas oublié de remercier les partenaires techniques et financiers pour leurs appuis techniques et financiers et a invité le public à utiliser ce portail pour, entre autres, se renseigner en temps réel sur la situation des prix et stocks disponibles sur les marchés national, régional et international. “Hébergé au sein du ministère de l’Industrialisation et du Commerce à Ambohidahy, ce portail permet ainsi aux citoyens de Madagascar et du monde entier de s’informer sur les procédures et informations sur le commerce en général via le site www.pic.commerce.mg”, a-t-il ajouté.
Selon l'ONU Commerce et Développement, ce type de portail d’information constitue un atout majeur pour le pays. D’abord, il facilite l'accès à des informations fiables, renforce la transparence dans toutes les procédures. Mais c'est aussi un outil efficace d'inclusion. "La femme commerçante, par exemple, évitera les confrontations directes dans les bureaux où elle est souvent sujette aux harcèlements verbaux, aux intimidations et aux tentatives de corruption. De plus, elle pourra prendre connaissance des renseignements utiles pour opérer dans le commerce international, et les appliquer de manière adéquate", soutient Rosianna Andrianasolo Manitra, Inspecteur des douanes à la Direction de la Législation et de la Valeur de la Douane Malagasy.
Transparence dans le commerce
Il est à noter que Madagascar a mis en place le PICM suite à la décision de la Bad, du Centre du commerce international (CCI), de la Conférence des Nations unies sur le commerce et le développement (CNUCED) et de la Banque mondiale, en coopération avec la division des Statistiques des Nations unies (UNSD), de lancer l'Initiative sur la Transparence dans le Commerce (TNT). Cette dernière est un projet conjoint visant à éliminer l'écart de transparence découlant du non-accès aux données sur les politiques et données commerciales spécifiques à chaque pays.
"Accroître la transparence dans le commerce permettra d'améliorer l'environnement commercial en Afrique et sur les marchés d'exportation de l'Afrique, ce qui facilitera les exportations du continent sur les marchés tant régionaux qu’internationaux", a déclaré la Bad qui milite pour une révolution dans l'information ouverte pour le commerce. "Cette importante initiative rendra public, libre et facile, pour tous les utilisateurs, l’accès à l'information sur les flux commerciaux, les tarifs et les barrières non tarifaires - notamment ceux des politiques qui affectent le commerce des services", a commenté pour sa part la Banque mondiale.
Du côté du secteur privé, on salue également les initiatives lancées. "Le libre accès aux informations rendra plus facile pour les opérateurs de respecter les normes et conditions en vigueur, et de prévenir par exemple le rejet des exportations une fois à destination", constate Anna Chen, gérante de la société MGT qui exporte des produits locaux malgaches en Europe. "Les données permettront aussi un meilleur suivi et une meilleure analyse des projets liés au commerce. Une telle analyse est essentielle pour fournir une base à l'évaluation des projets en cours et pour cadrer l'élaboration des nouvelles initiatives. De plus, l'accès à l'information commerciale permettra aux gouvernements d'identifier les contraintes politiques et de hiérarchiser les domaines de réformes ainsi que les négociations commerciales", ajoute un cadre auprès d'un cabinet de conseil impliqué dans le projet PICM.
"C'est très important que les exportateurs et les décideurs soient en mesure de prendre des décisions plus éclairées sur les domaines où se trouvent leurs avantages comparatifs et sur les marchés qui ont le plus grand potentiel pour leurs exportations", reconnaît également un membre du Groupement des entreprises franches (GEFP).
Le commerce extérieur représente près de la moitié du PIB de Madagascar. |
Une politique commerciale en préparation
À noter que le lancement du PICM précède la présentation de la politique commerciale à l’OMC, en février 2025. Récemment, un atelier s’est déroulé à Antananarivo pour la préparation de ce document. Cette rencontre de préparation a réuni des représentants clés de l’OMC et des responsables gouvernementaux malgaches ainsi que des techniciens du MIC, l’entité principale chargée de formuler la politique commerciale de l’État. Il s’agit de la quatrième politique commerciale de Madagascar, qui sera présentée à l’OMC depuis son adhésion à l’organisation. La dernière fois que le pays a présenté sa politique commerciale remonte à 2015.
D’après les explications, l’objectif est de mettre en lumière les politiques commerciales appliquées par Madagascar et de s’assurer de leur conformité aux normes internationales. Le MIC joue ainsi un rôle central dans la préparation et la présentation de cette politique commerciale devant les membres de l’OMC. Cette démarche vise à garantir que la Grande île demeure un acteur respectueux des règles commerciales internationales, tout en cherchant à maximiser les avantages économiques pour le pays. "L’importance de cette présentation réside dans la possibilité d’identifier d’éventuelles incohérences entre la politique commerciale de Madagascar et les accords et conventions de l’OMC", a-t-on également fait savoir. En cas de divergence, des ajustements pourraient être envisagés afin de garantir une conformité totale avec les obligations internationales du pays.
La participation du ministre Razafindravahy au rendez-vous de l’OMC à Genève en février 2025 revêt une signification particulière, démontrant l’engagement ferme du pays envers le commerce international réglementé et équitable. Cette présence permettra également des échanges directs avec d’autres membres de l’OMC, favorisant ainsi la compréhension mutuelle et le renforcement des relations commerciales internationales.
On sait en outre que le document à présenter mettra l’accent sur la mise en place effective d’une concurrence saine et loyale, l’amélioration de l’accès aux informations, la promotion des échanges commerciaux internationaux avec comme priorité la promotion des produits "Vita Malagasy", la diversification des produits et marchés d’exportation, l’exploitation des avantages commerciaux offerts par les Pays Développés et en Développement, ainsi que des flexibilités proposées par les Organisations régionales et internationales, et la poursuite des efforts visant à promouvoir la mise aux normes et qualité internationales exigées par les partenaires commerciaux.
Dans le dernier rapport d’examen de la politique commerciale du pays, il est noté que Madagascar a poursuivi la politique de libéralisation de son commerce intérieur et extérieur axée sur la promotion des exportations, en créant un cadre institutionnel moderne pour protéger la branche de production nationale et les producteurs locaux contre les pratiques anticoncurrentielles, en l’occurrence le Conseil de la Concurrence et l’Autorité Nationale chargée des Mesures Correctives Commerciales, en encourageant le secteur privé, et en collaborant étroitement avec les organisations régionales et internationales et les partenaires techniques et financiers.
Promotion du commerce
Priorité à la transparence et à la concertation
Le secteur privé salue les initiatives visant à améliorer l’accès aux informations commerciales. |
Outre la facilitation de l’accès aux informations commerciales, les autorités soutiennent que le secteur public travaille aussi à l’élargissement des bases de la plateforme de concertation permanente avec le secteur privé, la professionnalisation des activités commerciales et l’intégration de Madagascar dans les sphères internationales et régionales.
Les différentes initiatives entreprises visent alors à faire intégrer le commerce dans la stratégie nationale de développement, l’intensification de la diversification des produits d’exportation, l’élargissement des marchés extérieurs, en particulier dans les domaines où Madagascar a des capacités d’exportation. “ Ces intensifications de mesures vont de pair avec la mise en conformité des produits aux normes internationales exigées par les partenaires commerciaux afin que les produits malagasy soient compétitifs au niveau mondial et la réalisation des Objectifs de Développement Durables (ODD) ”, souligne le MIC.
Rappelons que la mise en œuvre de la politique commerciale de Madagascar relève principalement du MIC, qui est responsable de la diffusion des informations, de la réglementation nationale et internationale en matière de commerce, de la loyauté des pratiques commerciales, de la définition des normes et leurs applications. À ce titre, les questions commerciales multilatérales et celles relatives aux initiatives régionales (Comesa, SADC, COI, Tripartite) sont de son ressort. Et ce département de noter que la politique commerciale de Madagascar est la traduction au niveau national des droits et obligations découlant des Accords de l’Organisation Mondiale du Commerce.
Dans ce contexte, selon le MIC, les autorités s’efforcent d’être en conformité avec les règles du système commercial multilatéral. Un Comité de pilotage regroupant toutes les parties prenantes nationales au commerce (Administration, Secteur Privé, Société Civile et Communauté des Donateurs) est chargé d’assurer l’unicité et l’inclusivité de la gestion des questions commerciales, ainsi qu’une meilleure coordination des activités liées au commerce.
VERBATIM
Edgard Razafindravahy, ministre de l’Industrialisation et du Commerce
“ Le Portail d’Informations Commerciales permet à tout acteur de se renseigner et d’entamer des procédures en ligne de demande d’agrément d’exportation d’un produit comme la vanille ou le girofle ou bien de licence d’exploitation d’une unité de transformation suite à un appel à projet lancé dans le cadre d’un ODOF (One District, One Factory). Il n’a nullement besoin d’aller au ministère car l’obtention de cet agrément ou de cette licence se fait en ligne, et ce, en toute transparence”.
Adam Amoumoun, représentant de la Bad à Madagascar
“Les outils numériques sont importants pour faciliter les échanges commerciaux et améliorer le climat des affaires à Madagascar. Un financement de 1,13 million d’Unité de Compte a été mobilisé, pour ce faire. En revanche, la prise en charge effective de l’opérationnalisation, du fonctionnement, de la gestion et de la pérennisation du portail d’informations commerciales est confiée à l’État”.
LE COMMERCE EXTÉRIEUR EN CHIFFRES
L'Express de Madagascar