Des élèves des établissements scolaires publics à Antananarivo ne savent pas lire. L’écrivaine malgache Voniary témoigne : « Nous avons effectué une sensibilisation à la lecture dans la classe de T4 d’une École primaire publique. Nous avons demandé à tous les élèves de participer, en leur faisant lire chacun des phrases. Lorsqu’un élève a été invité à lire la phrase d’un personnage prénommé Arachide, il répétait simplement “Arachide! Arachide!” Je lui ai montré du doigt la phrase à lire qui ne comportait pas du tout le mot «arachide». Mais il continuait à répéter Arachide».
Par la suite, « ses camarades de classe m’ont informée qu’il ne savait pas lire », raconte-t-elle sur son blog. Elle estime que 5% des élèves de cette classe ne savaient pas du tout lire, que 85% avaient des difficultés et que seuls 10% maîtrisaient la lecture. « C’est catastrophique. De plus, il s’agit d’un établissement à Antananarivo et non d’une zone reculée », déplore-t-elle.
La difficulté de lecture ne concerne pas seulement les élèves des classes de primaire. Des enseignants au niveau des collèges de la région Analamanga témoignent également que des élèves de 6e savent à peine lire.
« Il est surprenant de constater que des élèves arrivent en classe de 6e sans pouvoir lire une phrase entière, surtout lorsqu’il s’agit d’une phrase en français. Bien évidemment, ils n’ont pas la faculté de compréhension », témoigne une enseignante d’un Collège d’enseignement général à Antananarivo.
Selon la Banque mondiale, 96% des élèves n’ont pas la capacité de lire et de comprendre un texte court adapté à leur âge à la fin du cycle primaire. «Il est impensable qu’un élève en classe de T4 ne sache pas du tout lire. L’apprentissage de la lecture commence dès la classe de T2. Un élève de cette classe ne peut pas progresser en classe de T3 s’il ne maîtrise pas la lecture, car nous débutons les leçons à ce niveau. De plus, pour réussir l’examen du CEPE, la lecture et la compréhension sont des compétences indispensables», expliquent des directeurs d’Écoles primaires publiques (EPP) à Antananarivo.
Ils soulignent qu’une collaboration entre le ministère de l’Éducation nationale et l’Agence japonaise de coopération internationale (JICA), mise en place pour les classes de T2 à T5 depuis 2018, a rehaussé le niveau de lecture des élèves.
Miangaly Ralitera