DIANA - Des rituels autour de la réparation du pont de Mahavavy

Le gouverneur Taciano Rakotomanga et le prince Issa Tsimiharo iiI lors du rituel au pont  de Mahavavy. 

Devant la situation catastrophique sur la Route nationale 6, en particulier sur le pont de Mahavavy à Ambilobe, les  Antakarana ont effectué une série de rituels au bord du fleuve. 

Faire appel aux ancêtres pour résoudre le problème de la RN 6. Le groupe ethnique des Antankarana ont ainsi  organisé deux « jôro» sur le pont de Mahavavy, à Ambilobe. Le premier est dédié à la purification des lieux, en raison du manque de respect de ses valeurs. Et le deuxième est un culte  traditionnel pour implorer la bénédiction  du « Zagnahary» afin que les travaux de restauration par la société Colas s’achèvent sans incident.  

Pour la communauté Antakarana, les dégâts survenus sur le pont de Mahavavy n’étaient pas accidentels ou le fruit du hasard, même s’il est admis que le passage du cyclone « Gamane » a endommagé ce pont, construit en 1951, par un ingénieur français nommé Paindavoine. Mais sa destruction est un mauvais signe. Pour les  Ambilobéens, il s’agirait plus exactement d’un châtiment, car la population a commis beaucoup d’erreurs et n’a pas respecté les traditions du terroir, ces derniers temps. Et  cela irrite les ancêtres.

Historiquement,  Mahavavy a sa propre histoire et possède une qualité qui le distingue des autres fleuves. Lieu de culte depuis le règne du roi Kozobe, Mahavavy s’est transformé, au fil du temps, en un simple cours d’eau qui permet  aux paysans d’irriguer leurs plantations de cannes ou de riz...

En outre, le pont considéré comme l’un des grands monuments de l’Ankarabe, est une passerelle culturelle entre la communauté Antakarana et celle des Sakalava Bemazava.

Sur le plan économique, la situation ressemble à un chaos total car la veine maîtresse du commerce est littéralement coupée et les populations de la région traversent une crise sans précédent, qui engendre la hausse des prix des marchandises, voire  la rareté des produits essentiels. L’infrastructure relie la ville aux autres collectivités, en plus d’inciter de nombreux touristes à venir. Les entreprises de la région dépendent aussi de ce lien pour attirer des visiteurs et obtenir leurs marchandises tout au long de l’année. Bref, c’est un pont qui dessert tous les districts de deux régions de l’ancienne province d’Antsiranana.

Sacrifice  

 Le rituel proprement  dit  s’est déroulé sous  le pont de Mahavavy amputé, en présence du Prince  Issa Tsimiharo-III  et des autorités traditionnelles. Le gouverneur Taciano Rakotomanga s’est aussi  déplacé  à Ambilobe  pour assister à la cérémonie rituelle. Il a été entouré des autorités régionales.

Tout a débuté par des prières incantatoires adressées à l’Être suprême, aux ancêtres et à la terre, par un maître de cérémonie traditionnel appelé Lega, encadré par sa famille. Selon les explications, ce dernier qui présente des offrandes, n’est que le descendant d’une belle femme sacrifiée, à l’époque, sur  le fleuve Mahavavy pour que  l’eau  traverse  la ville… Les incantations ont été suivies du sacrifice d’un  zébu « mazava loha » et de la préparation de la boisson ancestrale indispensable à la demande de bénédiction du Zagnahary.

Durant sa brève intervention, le sacrificateur a déclaré qu’il est désormais interdit de se soulager au bord du fleuve, d’y faire la lessive le mardi, d’y jeter les  déchets alimentaires ou des détritus, d’y amener le pot en argile, d’élever des cochons… Sinon, ceux qui enfreignent les coutumes, doivent être « Kabaroegna » (sanctionnés) selon les règles coutumières Antakarana. Ce qui peut aboutir à une amende correspondant à un zébu.

«Désormais une surveillance stricte sera établie, de sorte que ceux qui continuent délibérément de violer le « fady»  devront être punis,  afin d’éviter la répétition d’une catastrophe comme celle qui s’est produite actuellement », conclut-il.

Raheriniaina 

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