DÉCLARATION - Les évêques condamnent la corruption

La Conférence des évêques de Madagascar a une nouvelle fois été claire  dans sa synthèse de la situation nationale.

Pour la énième fois, la Conférence des évêques de Madagascar dénonce la corruption qui gangrène la société malgache, un fléau qui est l’une des principales causes de l’appauvrissement de la population et du pays, affirment les prélats.

La source de tous les maux. La corruption est une nouvelle fois mise à l’index dans une déclaration de la Conférence des évêques de Madagascar (CEM). Dans son message de l’Ascension, publié hier, la Conférence épiscopale affirme : «Nous ne cesserons d’affirmer que la corruption est l’une des principales causes de la paupérisation à Madagascar».

Dans cette déclaration déclinée en treize points, la CEM souligne que la corruption est une cause profonde du marasme dans lequel sombre la nation. Les évêques déplorent que ce fléau prenne de plus en plus d’ampleur dans le pays, affirmant que tous les niveaux de gouvernance, de la base jusqu’au plus haut échelon, en sont gangrenés. La Conférence épiscopale ajoute que la corruption et l’oppression touchent presque tous les domaines de la vie, même au sein de l’Église.

Après avoir dressé un sombre constat de la situation de la corruption à Madagascar, les évêques s’interrogent alors sur le fait que “tous les systèmes anti-corruption ont été mis en place. Mais à qui s’adressent-ils ?”. 

Crise de confiance

Depuis la mise en œuvre de la stratégie actuelle de lutte contre la corruption, la Grande île s’est arrogé une armada d’entités de répression de ce fléau et des délits qui lui sont connexes.

Pour renforcer la répression de la lutte contre la corruption, les Pôles anti-corruption (PAC) et l’Agence de recouvrement des avoirs illicites (Arai) ont été érigés en renfort au Bureau indépendant anti-corruption (Bianco) et au Service de renseignement financier (Samifin). Toutefois, le sentiment d’un enracinement de la corruption dans le quotidien de la société malgache persiste. À cela s’ajoute celui de l’impunité, surtout des élites et des dépositaires de pouvoir ou de mandat public.

À un certain niveau, l’enchevêtrement entre la répression de la corruption et la politique affaiblit la crédibilité du système de lutte contre ce mal. Même les évêques, dans la déclaration publiée hier, se prennent à dire que la répression tend à se retourner contre ceux qui osent dénoncer la corruption. “Ceux qui veulent la rejeter et s’y opposer sont soumis à des pressions, des intimidations, encourent des arrestations ou des persécutions”, avance la Conférence épiscopale.

Madagascar s’engage actuellement dans un processus d’élaboration d’une nouvelle stratégie de lutte contre la corruption. La lutte contre l’impunité à tous les niveaux et plus d’efficience des entités de répression est un des enjeux de cette nouvelle stratégie. Il y a aussi le fait de rétablir une certaine crédibilité des entités anti-corruption, mais aussi, de briser la crise de confiance vis-à-vis de l’opinion publique.

Non à la castration et à la contraception

Dans sa déclaration publiée hier, la Conférence épiscopale “clarifie” également sa position par rapport au débat sur la castration chirurgicale des violeurs et la politique étatique de planning familial. La CEM affirme ainsi que l’Église catholique est contre ces deux initiatives. Elle affirme que la castration “est contraire au principe de la dignité humaine”. Pour la CEM, il s’agit d’une “torture”, et est contraire à la déclaration des droits de l’homme et aux lois nationales.

La Haute Cour Constitutionnelle (HCC) a cependant déclaré la loi sur la castration “conforme à la Constitution”. La Cour a aussi recommandé la castration chirurgicale en arguant que cette pratique ne va pas à l’encontre des textes internationaux sur le respect des droits et de la dignité humaine. Concernant le planning familial, la CEM soutient qu’il est contraire au libre arbitre du couple et aux enseignements de l’Église.

Dans une interview publiée dans le magazine Paris Match, la semaine dernière, Andry Rajoelina, président de la République, reconnaît que la question du planning familial est “compliquée dans un pays catholique (...). Je suis catholique et j’ai la foi. Cette foi me porte dans mon parcours, mais quand j’ai décidé de multiplier les investissements dans les plannings familiaux, je me suis heurté aux évêques (...)”. Le chef de l’État reconnaît que le rejet des contraceptions et du contrôle des naissances par l’Église catholique est fort. Il soutient, toutefois, “je ne négocie pas ce qui n’est pas négociable, quelles que soient les contraintes, culturelles ou religieuses”.

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. Non à la castration, je comprends tout à fait. Non aux contraceptions, l'église prive ses ouailles du choix, sachant que la méthode du calendrier ou Ogino-Knaus a un taux d'échec particulièrement élevé, dépassant 25 %, même pour les plus informés. Tant que Dieu n'aide pas personnellement les familles pour leur santé financière, il vaut mieux leur donner ce choix primordial et ne pas marcher sur la tête sur des préceptes qui datent des siècles d'obscurantisme et de domination dogmatique.

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