ANIMAUX ENDÉMIQUES SAISIS EN THAÏLANDE - Un réseau transnational opère à Madagascar

En tout, mille deux cent cinquante tortues radiées et soixante-dix-huit primates ont été saisis lors du coup de filet en Thaïlande.

L’annonce de l’interception par la police thaïlandaise de dizaines de lémuriens et de plus de mille tortues radiées a suscité une indignation généralisée au sein de l’opinion publique. Il s’agit des méfaits d’un réseau transnational avec des liens à Madagascar, de prime abord.

Toutes les sources concordent sur un point : les quarante-huit lémuriens et les plus de mille tortues radiées interceptés par les autorités thaïlandaises le 1er mai proviennent de Madagascar. Selon ces rapports, un «réseau transnational» avec des ramifications dans la Grande Île est impliqué dans cette contrebande d’animaux endémiques et menacés d’extinction.

Selon un communiqué de la branche malgache du Fonds mondial pour la nature (WWF - Madagascar), cette saisie a été effectuée le 1er mai. Six suspects ont été arrêtés lors de cette opération. L’information n’a, toutefois, été connue dans la Grande Île qu’hier et a rapidement circulé sur les réseaux sociaux. Jusqu’ici, les autorités malgaches n’ont pas réagi. Contacté, Max Andonirina Fontaine, ministre de l’Environnement et du Développement durable, a indiqué que son département «tiendrait un point de presse» sur le sujet, ce jour.

Les publications sur les sites d’entités internationales luttant contre les trafics d’espèces sauvages sont plus explicites. Partie prenante à l’opération conjointe ayant abouti au coup de filet du 1er mai, Wildlife Justice Commission, notamment, rapporte l’existence «d’un réseau transnational organisé de trafic d’espèces sauvages opérant en Thaïlande, avec des liens étendus à travers l’Afrique, l’Asie et l’Amérique du Sud. Ce réseau est spécialisé dans le commerce illégal de tortues, de reptiles et de petits mammifères destinés à servir d’animaux de compagnie».

Saisie record

Visiblement, ce réseau a des ramifications dans la Grande Île. «Les deux espèces [saisies] sont originaires de Madagascar et constituent des produits très recherchés sur le marché mondial du commerce illégal d’animaux de compagnie», ajoute la Wildlife Justice Commission. Comme le souligne Simon Rafanomezantsoa, de WWF Madagascar, dans le communiqué d’hier, «La quantité saisie pointe fortement vers l’existence d’un réseau organisé de trafiquants».

Tablant toujours sur le nombre des spécimens saisis, Simon Rafanomezantsoa avance l’éventualité de «l’utilisation de la voie maritime pour faire sortir les animaux hors du territoire national». Contacté sur ce point, entre autres, Ernest Lainkana Zafivanona, directeur général des douanes, n’a pas donné de réponse.

Selon Olivia Swaak- Goldman, directrice exécutive de la Wildlife Justice Commission, «cette opération représente la plus grande saisie de tortues radiées signalée en Thaïlande et la plus importante au monde depuis 2018». Rapportant les propos du commandant de la division thaïlandaise de lutte contre la criminalité liée aux ressources naturelles, WWF Madagascar souligne dans son communiqué que «c’est la plus grande saisie d’espèces sauvages en une seule arrestation».

Les tortues et les lémuriens devaient être acheminés vers Bangkok, la Corée du Sud et Taïwan. Dans le cercle des défenseurs de l’environnement à Madagascar, plusieurs questions sont posées et restent sans réponse. Qui sont derrière cette contrebande ? Comment ont-ils fait pour exporter illicitement un nombre aussi important de spécimens endémiques et strictement protégés par les lois nationales et internationales ? Dans quelle partie du pays ont-ils été prélevés et comment ont-ils été transportés sans éveiller les soupçons de différentes entités concernées ?

Où sont les failles ? Quelle sera maintenant la réaction de l’État sur cette affaire ? La sortie médiatique du ministère de l’Environnement et du Développement durable, prévue ce jour, y apportera-t-elle des réponses ? Pour sa part, WWF Madagascar appelle à une mobilisation générale pour endiguer le fléau. Cette entité onusienne souligne aussi la nécessité d’une action rapide pour le rapatriement et la réintroduction des animaux dans leur milieu naturel.

Garry Fabrice Ranaivoson

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