Le ministre de la Sécurité publique lors d’une visite inopinée à l’aéroport d’Ivato. |
Les signalements de pratiques abusives de la police au niveau des aéroports se multiplient. Le ministère de la Sécurité publique intervient.
Les policiers de l’Air et des frontières sont sur la sellette. Le ministère de la Sécurité publique a adopté des mesures strictes pour combattre la corruption et les infractions dans les aéroports, en réponse à un flot de dénonciations ciblant les agents de la Police de l’Air et des frontières (PAF) sur les réseaux sociaux ces derniers temps.
« Une enquête spéciale sera menée contre ceux qui enfreignent les règles. Le ministère prendra des mesures spécifiques à l’encontre des agents qui ne sont pas à la hauteur ou qui adoptent de mauvais comportements. Des sanctions sévères seront appliquées, sans aucune indulgence », a déclaré le ministre de la Sécurité publique, le contrôleur général de police Herilala Rakotoarimanana. Samedi, il s’est rendu à l’aéroport d’Ivato, où il a donné des instructions aux agents de ce service. « Exercez vos fonctions en respectant scrupuleusement les lois et les règlements en vigueur. La police est là pour aider et protéger la population », leur a-t-il adressé.
De nombreux voyageurs ont témoigné avoir été victimes d’actes de corruption de la part des agents de ce service. « Ils m’ont contraint à verser de l’argent en échange d’une autorisation de sortie. Ils ont prétendu que l’autorisation parentale établie par le père de mes enfants, qui ne nous accompagnait pas dans notre voyage, n’était pas valide. Ils m’ont clairement fait comprendre qu’en échange de quelques billets, ils pourraient arranger la situation », témoigne une mère de famille qui avoue leur avoir remis des ariary pour ne pas manquer son vol.
Contrôles rigoureux
Les jeunes femmes semblent être leurs cibles principales. Certaines se retrouvent même bloquées à Madagascar. « Je n’ai pas pu partir. Ils ont d’abord prétendu que mes papiers n’étaient pas en règle. Après vérification, il s’est avéré qu’il n’y avait aucun problème avec mes documents. Cependant, ils ont inventé un autre motif pour me retenir. Ils ont affirmé que je devais indiquer la personne qui finançait mon voyage, alors que j’avais payé ce voyage de mes propres moyens. Ensuite, ils ont retenu mon passeport », déplore une jeune femme qui avait prévu de partir en vacances à Dubaï cette année.
Une source proche du sujet nie catégoriquement l’existence d’actes de corruption dans ce service et explique qu’il est essentiel de maintenir des contrôles rigoureux lors de la vérification des documents afin de prévenir la traite des personnes et les exploitations sexuelles. « De nombreuses personnes, en particulier des jeunes femmes, en sont victimes. Elles se voient promettre un emploi dans un pays étranger, mais une fois sur place, le travail promis n’existe pas. Elles se retrouvent alors contraintes de se prostituer... Il existe des réseaux qui ciblent spécifiquement les jeunes femmes à l’étranger. Le démantèlement d’un réseau de proxénétisme, impliquant des jeunes femmes d’origine malgache, par les autorités mauriciennes il y a quelques mois, en est la preuve », justifie cette source. Qu’il s’agisse de vérité ou de fausses allégations, il est crucial que la PAF redore son blason.
Un numéro de téléphone ouvert au grand public
Le grand public pourra signaler directement les infractions perpétrées par des éléments de la Police de l’air et des frontières (PAF). Le ministère de la Sécurité publique invite ceux qui ont des remarques ou qui veulent plus d’informations sur les offres de services de la PAF à appeler le numéro de téléphone 038 14 495 82. Il prie, par ailleurs, tous les citoyens à suivre les instructions pour une bonne coordination et organisation de ce service.
Miangaly Ralitera