La période de grâce a expiré pour les membres du gouvernement. Lors de leur nomination, le président de la République a donné cent jours pour qu’ils fassent leurs preuves. Ils ont prêté serment pour cet engagement et accepté de démissionner s’ils ne remplissent pas leur mission.
Il faut dire que certains départements sont plus sensibles que d’autres dans la mesure où ils s’occupent des domaines de proximité, du quotidien de la population. Il faut être réaliste. Il est impossible de réaliser en cent jours ce qu’on n’a pas pu concrétiser en cinq ans. Promettre un miracle et s’engager à tenir une gageure est tout simplement une démagogie.
Il n’est pas nécessaire de recourir à un bilan des cent jours d’activité pour constater que des problèmes restent entiers et qu’une solution ne giclera pas ex-nihilo. Depuis le début de la semaine, la population de certains quartiers de la capitale manifeste contre les coupures d’eau depuis plusieurs mois. Un problème qui se généralise avec davantage d’ampleur. Les coupures d’eau vont d’ailleurs de pair avec le délestage et compromettent les activités génératrices de revenu de la population et mettent en péril la vie des entreprises.
S’il y a deux choses dans lesquelles il fallait certainement concentrer tous les efforts, ce sont sans nul doute l’approvisionnement en eau et en électricité.
Ensuite, il y a l’état des routes nationales et les rues à travers les grandes villes. Il constitue également un frein au développement des entreprises et un sérieux obstacle à la circulation des biens et des personnes. L’état lamentable des voies de communication est une des causes de la hausse du prix des produits de première nécessité, des légumes et des fruits dont la plupart s’achètent actuellement à prix d’or. Les oignons mettent plusieurs jours pour venir de Mampikony jusqu’aux marchés de la capitale à cause de l’exécrable état de la RN6 et se cèdent à 10 000 ariary le kilo. À l’inverse, les carottes et les haricots verts font le chemin contraire avec la même galère pour atterrir sur les étals d’Antsiranana ou d’Antalaha avec un tarif de 5 000 ariary le kilo.
Les autres, à l’image des fruits, sont également frappés par la même pénalité.
La situation s’est aggravée par la visite indésirable de ce diable de Gamane qui a asséné le coup d’estoc dans la région Nord où il a laissé un lourd bilan de dix-huit morts pour quatre-vingt mille sinistrés.
Quand le sort s’acharne et anéantit les efforts, les cent jours deviennent tout simplement des jours sans, «off day» disent les Anglais. La poisse quoi.
Sylvain Ranjalahy