Je n’ai jamais saisi la méfiance, et c’est un euphémisme, qui semble avoir accompagné la carrière intellectuelle de Jean-Pierre Domenichini. Ce Français qui a choisi de se faire Malgache, depuis son arrivée en 1965 et jusqu’à se faire enterrer en 2018 dans un «Tanindrazana» qui ne fut certainement pas celui de ses ancêtres, avait pourtant lancé des hypothèses scientifiques, qu’il fut le premier, toujours de concert avec son épouse Bakoly Ramiaramanana, à explorer. Parmi son abondante littérature, j’ai retrouvé cette saillie qui devait alimenter un récent exposé. Guillemets.
La culture malgache moyenne dans le domaine de l’histoire de la Grande Ile tient, d’une part, à la nature des programmes malgaches officiels pour l’enseignement en lycée – lesquels tendent à former de parfaits petits néo-colonisés – et d’autre part, à la faiblesse de la recherche sur la période du Fanjakan’Andriana, antérieure donc à la conquête. A la responsabilité de nos décideurs politiques autant qu’à celle de nos intellectuels – je devrais plus justement dire nos universitaires – qui peinent à penser ce que fut l’histoire malgache et préfèrent se limiter – se contenter – à la période coloniale.
On aurait pu se souvenir de l’année 1829 où eut lieu la Première guerre franco-malgache. Les Sénégalais du capitaine de vaisseau Gourbeyre occupèrent Tamatave, Tintingue, Pointe-à-Larrée, mais échouèrent à Foulpointe, parfaitement défendue par son gouverneur et ses militaires. puis ils abandonnèrent ces positions. Pour la Deuxième guerre franco-malgache, en 1845, le commandant anglais Kelly et l’amiral français Romain-Desfossés bombardèrent Tamatave, puis débarquèrent et attaquèrent les forts. Ils furent rejetés à la mer et laissèrent de nombreux morts dont les têtes durent longtemps exposées au bord de la mer au sommet de piques plantées dans le sol.
Pour la Troisième guerre franco-malgache de 1883, que l’histoire officielle appelle la « première guerre franco-hova », le gouverneur de Vohémar, nous rappelle Hubert Deschamps dans son Histoire, préféra se sacrifier plutôt que de se rendre. Le gouverneur de Maroantsetra, lors de cette guerre, défendit la ville et obligea les troupes françaises qui voulaient occuper la ville à se réembarquer et à abandonner leur désir de conquérir la baie d’Antongil, dont les bureaux de la Marine voulaient depuis longtemps faire une base navale.
«JPD» avait clos cette énième apostrophe par cette interpellation, qui était seulement invite : «voilà un enseignement dont auraient pu être fiers les lycéens malgaches».
Nasolo-Valiavo Andriamihaja