Kamikazes

Encore un mur de soutènement à l’origine de la mort de trois ouvriers. Le drame a eu pour cadre hier un chantier à Amoronakona. Sur les onze maçons en activité, trois n’ont pas échappé à l’effondrement de leur propre ouvrage et ont perdu la vie malgré la tentative de sauvetage des riverains et des sapeurs-pompiers.

Ce n’est pas le premier drame du genre. L’année dernière, il y en a eu à Ankadifotsy et à Marobiby Ambohidrapeto, pour ne citer que les plus récents. À l’allure où les bâtiments vont, il y en aura d’autres à n’en pas douter. Vu que chacun fait ce qui lui plaît dans ce domaine, il est inévitable que les accidents  de ce genre se multiplient. On y voit des vertes et des pas mûres. Des grosses constructions sur des terrains à peine remblayés, des bâtiments construits sans plan, des chantiers dirigés par des tacherons, des matériaux utilisés à tort et à travers, des immeubles à plusieurs étages construits avec un échafaudage en bois, des ouvriers sans protection ni casque ni câble… Autrement dit, les ouvriers sont de véritables kamikazes et risquent à tout moment leur vie.

Le bâtiment est aujourd’hui un domaine où l’empirisme et la formation sur le tas ont supplanté le rôle d’un ingénieur. La construction d’un mur de soutènement nécessite absolument l’intervention d’un ingénieur dans toute sa conception. Sinon, il s’écroulera à la première pluie. Or, tout le monde s’imagine ingénieur et entame l’ouvrage sans maîtriser le moindre paramètre pour éviter les accidents de ce type.

On ignore si avant d’obtenir un permis de construction au niveau de la commune, tout a été évalué et détaillé dans la demande. Ce n’est pas sûr quand on sait que certaines constructions sont bâties là où il ne faut pas.

Les constructions illicites poussent, d’ailleurs, comme des champignons en ville comme dans les périphéries. Le contrôle est compliqué vu le faible moyen humain, financier et matériel des communes.

Le sauvetage des victimes est une autre paire de manches vu également le manque de moyens des sapeurs-pompiers. Hier, il a fallu recourir à l’utilisation des bêches et pelles pour retrouverles corps des victimes. Une opération lente et harassante anéantissant tout espoir de miracle. Et pourtant, tout recommande à un meilleur équipement de ces vaillants sauveteurs que ce soit les sapeurs-pompiers que le corps de protection civile. Mais visiblement cela ne fait pas encore partie des priorités.

Sylvain Ranjalahy

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