Le ministre des Mines a rencontré les représentants des sociétés autorisées à exporter de l'or, hier. |
Les prix de l'or chez les collecteurs à la base sont élevés et équivalent même à ceux du marché international, une situation qui pénalise les exportateurs agrémentés qui payent des taxes au plus grand profit des exportateurs illicites.
Des problèmes inattendus. « Les prix de l'or à la base sont nettement plus élevés que le prix auquel il se vend sur le marché international. Cela est dû aux opérateurs illicites qui font également la collecte auprès des orpailleurs », constate un opérateur minier de la Gold Trading Company, l'une des six entreprises à avoir reçu leur agrément de comptoir pour exporter de l'or. Hier, lui et les autres entreprises agréées ont rencontré le ministre des Mines dans son bureau à Ampandrianomby. L'objet des discussions portait sur la façon de faire face aux activités illicites liées à la collecte et à l'exportation de l'or, car c'est maintenant un fait avéré. Ce phénomène pénalise gravement le secteur aurifère qui est en pleine relance.
Des personnes achètent ce produit de valeur à des prix plus chers, trop chers, auprès des orpailleurs. C'est la surenchère ! Actuellement, auprès des collecteurs, les prix de l'or peuvent atteindre les trois cent mille ariary, quasiment son prix sur le marché international. Pour illustrer ce ratio, hier, le gramme se vendait à 63,73 euros, soit 305 904 ariary, alors que sur ce marché, les produits sont déjà affinés et conformes aux normes du London Bullion Market Association (LBMA).
Engagements mutuels
Pour ceux qui se sont conformés aux normes légales et ont accepté de jouer franc jeu, cela les sanctionne. Les exportateurs opérant dans le cadre légal doivent encore s'acquitter de plusieurs taxes ainsi que des frais supplémentaires liés à l'exportation du métal jaune. « Si l'on n'arrive pas à régler ce souci de prix, les opérateurs formels ne pourront pas concurrencer les prix proposés par les collecteurs des exportateurs illicites », explique Olivier Herindrainy Rakotomalala, ministre des Mines. Les descentes auprès des exploitations aurifères vont se multiplier. « Dans un premier temps, nous allons effectuer une descente sur le terrain pour assainir les lieux d'extraction, vu qu'il y a des collecteurs qui vendent leurs produits à des gens qui ne sont même pas sur le site alors que ces personnes sont des exportateurs illicites. Ils ne paient pas les différentes taxes requises », souligne-t-il. Cela aura pour but de canaliser les flux illicites dans le circuit formel. Il va sans dire que cet engagement de l'État, à travers les départements ministériels concernés, sera également accompagné par un engagement de la part des opérateurs formels. Selon les directives données par le président de la République, les exportateurs d'or devront pouvoir exporter au moins 15% du poids total pour lequel ils se sont engagés en deux mois et rapatrier les devises, sous peine de perdre leur agrément.
Faut-il rappeler que l'État se fixe un délai de cent jours pour exporter cinq cents kilos d'or. D'après ces opérateurs, plusieurs régions sont riches en or. Il s'agit de districts aurifères comme Betsiaka au Nord, Maevatanàna à l'Ouest, Mananjary et la zone de Miandrivazo, Dabolava, etc. « Si les exploitations aurifères dans ces zones-là sont effectuées légalement, il n'y aura pas de problèmes pour atteindre cette quantité en moins de deux mois », assure Olivier Rakotomalala. Pour Betsiaka, par exemple, les estimations montrent une capacité de production de trois cents kilos d'or par mois. « Il faudrait juste un cadre propice et légal aux activités », estime un opérateur aurifère travaillant dans cette région.
Itamara Randriamamonjy