Mythe ou réalité ? Le pays vit depuis quelques jours dans l’angoisse à cause d’un fait véhiculé avec persistance mais dont l’existence n’a jamais été prouvée. Il s’agit, on l’aura deviné, d’un animal mystérieux qui dévore les volailles, les chiens et les animaux d’élevage. Les réseaux sociaux et les stations audiovisuelles sont inondés de “témoignages” plus ou moins crédibles de personnes qui auraient vu ou entendu le fameux prédateur. Un haut fonctionnaire se dit avoir perdu quelques éléments de sa basse-cour dont le sang a été vidé par le monstre. Des traces laissées par la bête mystérieuse sur son chemin auraient été aperçues.
D’autres témoignages montrent les entrailles de chiens massacrés par le croque-mitaine. Des traces de griffes auraient été constatées sur les grilles d’une maison. Une femme aurait échappé in extremis à l’attaque de l’animal sans l’avoir vu et sans pouvoir décrire à quoi il ressemblait.
Beaucoup de bruits pour rien pour le moment. C’est, d’ailleurs, un fait récurrent à différentes périodes de l’histoire du pays. Des fois, il s’agit de diversion pour détourner l’attention de l’opinion des problèmes quotidiens auxquels la population est confrontée. Parfois, c’est une stratégie utilisée pour terroriser la population et fragiliser le pouvoir en place qui a toutes les peines du monde à rassurer l’opinion. C’est le cas actuellement où les Forces de sécurité sont, pour le moment, silencieuses, alors que, pour d’autres occasions, elles sont promptes à tenir une conférence de presse. Le mutisme favorise la rumeur et les témoignages les plus fantaisistes. Chacun y va de son illustration la plus effrayante de l’animal incriminé que d’aucuns assimilent à un fosa, à un chacal, à un renard, à un centaure….
C’est loin d’être rassurant dans une conjoncture où l’insécurité règne en maître.
C’est le moment où les caméras mises en place dans les carrefours de la ville et les patrouilles militaires doivent montrer leur efficacité. Une mise au point est absolument nécessaire pour mettre un terme à cette situation de psychose. Pour le moment, les victimes restent des animaux, mais avec le nombre impressionnant de personnes, en particulier des enfants objets d’avis de disparition ces derniers temps, il faut s’attendre à tout. C’est le moment ou jamais de faire une démonstration que les Forces de sécurité sont réellement là pour défendre les citoyens et leurs biens.
Sylvain Ranjalahy