ANTANANARIVO - Rajoelina donne dix jours pour nettoyer la ville

Première poignée de main, en public, entre le président de la République et le nouveau PDS d’Antananarivo.

Dès le début, le président de la République impose une obligation de résultat au président de la délégation spéciale d’Antananarivo. Le nouveau patron de la capitale dispose de dix jours pour nettoyer la ville des ordures qui jonchent les rues.

Il n’y a aucune excuse. Ce sont les mots de Andry Rajoelina, président de la République, concernant les maux qui rongent la ville d’Antananarivo, notamment sur la question de l’assainissement. Le nettoyage de la ville est ainsi la première mission qu’il confie expressément au nouveau président de la délégation spéciale d’Antananarivo (PDS).

Le président Rajoelina donne ainsi «une semaine, dix jours tout au plus» à Richard Ramanambitana, PDS d’Antananarivo, pour l’enlèvement des ordures et le nettoyage de la ville. Le compte à rebours a démarré dès hier. Une cérémonie de réception officielle de nouveau matériel roulant pour la Société municipale d’assainissement (SMA), une entité rattachée à la commune urbaine d’Antananarivo (CUA), s’est déroulée hier, en milieu d’après-midi, à Nanisana.

Par le biais de son Agence de coopération internationale (JICA), le gouvernement japonais a remis un don de trente-deux camions multibennes, huit bennes, un bulldozer et deux excavateurs. Ces nouveaux équipements «multiplient par trois la capacité de la SMA à ramasser les ordures», affirme le chef de l’État, qui note néanmoins que les équipes d’éboueurs d’Antananarivo doivent ramasser quotidiennement 1 100 tonnes d’ordures.

Le locataire d’Iavoloha reconnaît que la capitale fait face à de nombreux problèmes, en expliquant que la ville a été conçue pour trois-cent mille habitants. «Actuellement, elle en compte plus de trois millions. Aussi, lorsqu’il pleut, l’eau monte. Lorsque les récoltes abondent, les ordures s’accumulent», concède-t-il. Seulement, Andry Rajoelina est clair, «quoi qu’il en soit, en tant qu’élu ou personne désignée à un poste à responsabilité, notre rôle est d’apporter des solutions aux problèmes».

Ainsi, les premiers mots que le chef de l’État a adressés publiquement au nouveau patron de la ville des mille sonnent comme une injonction présidentielle. La cérémonie d’hier est la première sortie publique où le président de la République et le PDS d’Antananarivo ont été ensemble depuis la nomination de ce dernier. S’agissant du ramassage des ordures, «il n’y a aucune excuse», souligne-t-il donc, en ajoutant, «puisqu’il est de notre responsabilité de nettoyer la ville et d’apporter des solutions à l’assainissement de la ville».

Un appui actif

En plus du ramassage des ordures en dix jours, Andry Rajoelina enjoint également le PDS d’Antananarivo à mettre sur pied «avant la fin de l’année» une usine d’incinération et de recyclage des déchets. Le Président assure toutefois qu’il y aurait déjà un plan d’action et un budget prévu à cet effet.

Outre la portée de l’événement d’hier dans les relations entre Madagascar et le Japon, la présence du locataire d’Iavoloha revêt aussi une dimension politique. Si le maire est élu, le PDS, quant à lui, est nommé par un arrêté du ministère de l’Intérieur. Sa nomination est ainsi à la discrétion de l’Exécutif. En coulisse, les tenants du pouvoir reconnaissent que la nomination de Richard Ramanambitana, aux manettes de la ville des mille, revêt aussi des enjeux électoraux.

En parallèle aux législatives, le 29 mai, les états-majors politiques se projettent déjà sur les élections communales, prévues en novembre, sauf changement. Comme le note Andry Rajoelina, Antananarivo n’est pas juste une ville, «il s’agit de la capitale et de la vitrine de Madagascar». L’histoire contemporaine de la Grande île témoigne que la conquête de la mairie de la ville des mille a une portée politique et symbolique importante, au même titre que le fait de gagner, au moins, la moitié des douze sièges de députés prévus pour ses six arrondissements.

Pour les tenants du pouvoir, gagner à Antananarivo est une confirmation de son assise populaire et politique. A contrario, perdre dans la capitale est un mauvais signal à prendre sérieusement en compte. Dans les conditions chaotiques où se trouve la ville des mille, plus que la politique, le bilan de fin de mandat de l’administration municipale sortante vaudra son pesant d’or. Ce qui expliquerait pourquoi le président de la République, lui-même, a, de vive voix, mis un coup de pression sur le PDS Ramanambitana.

En plus de ne pas avoir d’excuse, le nouvel homme fort de la capitale n’a alors pas droit à l’erreur et a une obligation de résultat. À entendre le discours du locataire d’Iavoloha hier, il compte s’engager activement et «donner un coup de main» aux dirigeants d’Antananarivo pour redresser et développer la ville, mais aussi, soutenir ses habitants, particulièrement les plus démunis.

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. La question du vrai " malade mental " se pose avec acuité face à tous ses délires tyranniques . Tout y est passé avec la Jirama et ses 3 mois pour mettre fin au délestage , récemment les 100 jours à ce nouveau gouvernement pour des résultats tangibles sur tous les plans et maintenant 10 jours pour le PDS avec les ordures laissées par le lâche qui a fuit comme un voleur ses responsabilités ...

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