Le ministre de la Pêche et de l’Économie bleue (MPEB), Paubert Tsimanaoraty Mahatante. |
Huit dossiers impliquant cinq Chinois et cent soixante-quatre pêcheurs ont été confiés au juge d’instruction à Antsiranana. Ces suspects ont volé des concombres de mer.
Un homme privé d’un bras, un autre sans pied gauche appuiyé sur deux béquilles. Le ministre de la Pêche et de l’Économie bleue (MPEB), le Dr Paubert Tsimanaoraty Mahatante, a montré leurs photos hier à Ampandrianomby. Ils figurent parmi les cent soixante-quatre pêcheurs de concombres de mer rapatriés des Seychelles, il y a quelques jours. Le parquet d’Antsiranana les a reçus depuis hier. Sauf changement, le juge d’instruction rendra sa décision les concernant ce jour.
« En plus de ces cent soixante-quatre pêcheurs, cinq Chinois se trouvent également entre nos mains. Ils ont été arrêtés à Ambanja. Ce sont eux qui achètent les concombres de mer. D’autres personnes sont encore recherchées. À savoir les propriétaires des embarcations, les véritables organisateurs des départs et les autres acheteurs du butin », indique une voix judiciaire au parquet d’Antsiranana.
« Nous traitons huit dossiers. Les bateaux interceptés étaient huit. La date et les lieux de leur départ sont différents. Certains sont partis d’Analalava, d’autres d’Ambanja et de Nosy Be. Les pêcheurs devraient normalement être mis en examen et jugés dans ces villes, mais compte tenu des difficultés liées à leur transport, la Cour de cassation a élargi notre compétence pour que nous traitions nous-mêmes l’affaire », assène-t-elle.
Zone économique exclusive
La pêche aux concom-bres de mer a été suspendue dans le Nord par le ministère, en attendant la reconstitution du stock. Pour cette raison, les chasseurs recrutent des plongeurs professionnels pour en chercher dans les eaux seychelloises. « Ils ne se connaissent vraiment pas. Les uns apprennent seulement un renseignement des autres qui ont découvert l’endroit où il existe des concombres de mer. Puis, ils affluent tous vers cet endroit », raconte la même autorité judiciaire.
D’après le ministre Paubert Tsimanaoraty Mahatante, ces compatriotes ont été refoulés des Seychelles pour la troisième fois. « L’année passée, trente-quatre pêcheurs clandestins ont été interpellés là-bas. Puis, il y en avait cinquante-quatre et, maintenant, ils sont cent soixante-quatre. La loi seychelloise prévoit une peine de dix ans d’emprisonnement avec amende pour ce genre d’infraction. Grâce à une convention entre les Seychelles et Madagascar, ils les ont épargnés et ramenés au pays. Ils ont seulement détruit leurs huit bateaux », souligne-t-il.
Pour atteindre Providence, l’île corallienne où ces pêcheurs ont été arrêtés, chaque bateau doit préparer seize à dix-huit millions d’ariary. Autour de cet atoll compris dans la Zone économique exclusive des Seychelles, il suffit de plonger de dix à quinze mètres pour tomber sur une profusion d’holothuries. « Celles-ci sont appelées trépangs quand elles sont séchées. Leur kilo se vend entre 30 000 et 40 000 ariary. Elles ne font pas partie de nos aliments. Les Asiatiques en mangent. Ils savent les préparer pour en faire des plats succulents », révèle le ministre.
Hajatiana Léonard