Le port de Morondava, à ses débuts, est encore marécageux. |
L’emplacement de la ville de Morondava, ancienne capitale du royaume du Menabe, se justifie plus pour des considérations historiques et administratives que pour des raisons géographiques. La commune est créée le 16 juillet 1932, puis érigée en municipalité.
Située dans le delta de la Morondava, sur une côte basse, marécageuse et inhospitalière, elle est entourée de sira-sira inondés à chaque grande marée. La ville ne peut ainsi s’étendre que difficilement et, encore, grâce à de gros travaux d’édilité : digues de protection du canal Hellot, celles reliant l’agglomération urbaine à la route de Mahabo, d’une part, et d’autre part, à la route du Sud, Belo-sur-mer et Toliara.
Cependant, l’activité du port, uniquement basée sur les exportations de maïs dans les années 1950, permet à Morondava de se développer en dépit de grosses difficultés géographiques.
À noter qu’elles atteignent 25 000 à 30 000 tonnes avant la seconde guerre mondiale.
C’est surtout, à partir de 1945, que de grands travaux urbains sont accomplis, constructions de bâtiments et de logements, du stade municipal et ses installations, des ateliers et garages de la voirie… En 1955, le bitumage des rues est entrepris en régie par les services de la voirie.
Grâce à deux emprunts contractés par la municipalité, en 1949 et en 1952, Morondava se dote d’un réseau électrique alimenté par une centrale thermique qui donne entière satisfaction aux usagers. La consommation ne cesse d’augmenter d’année en année, et un troisième emprunt auprès de la Caisse centrale de la France d’Outremer permet d’étudier l’agrandissement de la centrale et l’installation de nouveaux moteurs.
Toutefois, si Morondava bénéficie d’un réseau électrique moderne en 1955, la ville est dépourvue d’un système de distribution d’eau potable. Pourtant, dès 1938, une subvention sur le budget local est consentie à la commune pour son adduction d’eau. Les travaux mis en adjudication avant la seconde guerre, sont sur le point d’être terminés, lorsqu’en 1942, pour « des raisons intéressant la Défense nationale », les canalisations sont déterrées et expédiées à Toliara qui « devait être aménagé en base navale ». Aucune compensation financière n’est pourtant donnée à Morondava.
Autre problème rencontré par la ville à la même époque : les habitations et magasins sont fabriqués en tôles à cause de l’inexistence de pierres dans la région. Les bancs rocheux les plus proches se trouvent à 60 km, dans le district de Mahabo à Dabara, et à 80 km, du côté de Belo-sur-mer. Cet éloignement de matériaux de construction grève lourdement le prix de revient des constructions.
La carence en pierres et surtout l’absence d’adduction d’eau pèsent beaucoup sur les possibilités de développement de la ville. En effet, les nombreux puits tant publics que privés ne fournissent pour la plupart que de l’eau plus ou moins saumâtre, inutilisable pour l’alimentation et pour l’arrosage. Deux camions-citernes appartenant l’un aux Travaux publics, l’autre à la voirie assurent ainsi tant bien que mal la « distribution réduite » d’eau.
À cela s’ajoute le problème dominant de l’action inquiétante de l’érosion maritime qui, surtout depuis 1950, constitue la principale préoccupation des autorités municipales. Certains points de la ville se situent au-dessous du niveau de la mer. De ce fait, Morondava n’est protégé de la mer par aucun cordon de dunes.
Avant les années 1950, à plusieurs reprises, des reculs appréciables de la plage sont constatés, « sans qu’aucun danger immédiat pour la ville ne se manifeste, cependant ». Pourtant, en 1953 et en 1954, années durant lesquelles une centaine de kilomètres de plages sont grignotées, la mer pénètre à plusieurs reprises dans les rues de la ville proches du rivage.
« Sous le coup du désarroi, il fut question à certain moment de l’abandon de la ville dont les installations devaient être transférées à l’intérieur des terres. » Mais le statu quo est maintenu et jusqu’à aujourd’hui Morondava subit cette érosion que les autorités essaient finalement de stopper par toutes sortes de digues protectrices.
Pela Ravalitera