Lumières littéraires

Quand les ombres de l’ignorance sont aussi épaisses, la lumière peut être captée par l’exposition aux rayons du soleil qui se lève quand on se plonge dans la lecture. On est comme les prisonniers enchaînés dans la nuit éternelle de la caverne de la fameuse allégorie de Platon, et qui vivent dans une complaisance mortifère qui dénigre les actes de résistance comme les livres. Dans cette obscurité, on peut chanter comme Jean-Jacques Goldman: “À coup de livres, je franchirai tous ces murs”.

La lecture peut être comme une quête prométhéenne, similaire à l’acquisition du feu, une conquête de la flamme précieuse du savoir qui peut délivrer l’homme de la noire ignorance et des conséquences de son aveuglement, et de ses effets d’égarement dans une errance dans le labyrinthe non éclairé de la vie. Et comme Prométhée, condamné à un enchaînement sur le mont Caucase, ceux qui ont eu la vision éclairée par la connaissance sont enchaînés par l’inculture conformiste. Le chemin de ce combat est semé de pièges.

Si Socrate nous invite à avoir les réponses depuis les profondeurs de nous-mêmes, la lecture peut aussi agir comme une maïeutique où les réponses sont suscitées par les mots qui peuvent tirer les esprits de leur léthargie. La lecture, par les horizons que la littérature peut offrir à nos perspectives, a la faculté, comme l’a démontré la classe de M. Keating dans Le Cercle des poètes disparus (P. Weir, 1989), de nous apprendre à saisir le jour et la beauté qui peut être conquise en allant au-delà des conventions limitées quotidiennes.

La littérature est le phare dont la lumière est notre guide dans notre voyage dans cette caverne assombrie par l’ignorance, le fil d’Ariane qui peut garantir la survie en offrant, à notre perception, différentes réalités, celles de l’univers que Jorge Luis Borges, dans Fictions (1944), a présenté comme une bibliothèque de Babel où l’infini se concretise. Lire peut ainsi être un moyen de suivre le précepte de Voltaire: “cultiver notre jardin”.

Comme Athéna, qui sort toute armée de la tête de Zeus, la lecture est foncièrement munie de l’épée qui transperce la flemme spirituelle en décapitant l’obscurantisme, et du bouclier qui protège du venin de l’inculture. Et avec les livres, on a un vaccin contre les assauts de l’hydre multicéphale de la bêtise.

Et au milieu de cette voix qui déploie tout son potentiel pour la défense de la vertu de la lecture, les mots de Victor Hugo peuvent résonner en écho : “Ouvrir une école, c’est fermer une prison”. L’éducation est le vecteur de l’éclat du savoir par l’usage de son instrument de prédilection : le livre.

Fenitra Ratefiarivony

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