Libérer le Sud pour libérer le pays. C’est dans cette optique que le gouvernement a mis en place le projet «Mionjo» depuis maintenant quelques années. Trois régions, dont Atsimo-Andrefana, Anosy et Androy, bénéficient du projet qui consiste à promouvoir une gouvernance décentralisée efficace en offrant un modèle intersectoriel basé sur la participation de la communauté locale, visant à renforcer l’autonomie des régions et à leur permettre d’élaborer leurs propres plans de développement. Des infrastructures basées sur les besoins des populations locales sont à la base du projet, qui est financé par la Banque mondiale à hauteur de 200 millions de dollars entre 2021 et 2025.
Hier, au Carlton Anosy, lors de la réunion annuelle du comité national de pilotage, les principaux bénéficiaires étaient représentés par les trois gouverneurs des trois régions impliquées. Ces derniers se disent satisfaits jusqu’ici de l’avancée du projet. Cependant, des contestations surgissent au niveau local sur l’accomplissement du projet et sur les choix des infrastructures construites, qui, selon certaines informations sur place, sont en inadéquation avec les réels besoins de la population. Pour y répondre, la coordinatrice du projet explique que les constructions proviennent directement des besoins recueillis au sein des communes composant les trois régions.
Cimetière de projets
Depuis longtemps, le Sud de l’île est sujet à de nombreux projets pour lutter contre le Kere et pour atteindre l’autosuffisance alimentaire, mais en vain. La corruption reste l’une des principales raisons de l’échec de ces projets. C’est pourquoi certains pensent que le Sud de Madagascar est devenu avec le temps un cimetière à projets. Selon les informations reçues d’une source dans l’Atsimo-Andrefana, durant les ateliers relatifs au projet, il y a des individus qui bénéficient des allocations de formation sans assister aux ateliers.
Cette situation freine la progression du projet sans que l’organe de coordination nationale ne s’en rende compte, ce qui amène à réfléchir sur la teneur du suivi du projet. D’où l’importance des réunions du comité national de pilotage dirigé par Naina Andriantsitohaina, ministre de la Décentralisation et de l’Aménagement du territoire, qui est le ministère de tutelle du projet «Mionjo».
Néanmoins, les gouverneurs des trois régions du Sud se disent tous optimistes quant à l’impact du projet sur la vie quotidienne de la population. Effectivement, le projet «Mionjo» est l’un des projets qui a reçu le plus de budget en plus d’ambitionner de donner plus d’autonomie aux collectivités territoriales décentralisées, vu qu’il entre dans le cadre du plan national de décentralisation émergente. Pour Soja Lahimaro, le gouverneur de la région Androy, le Sud de l’île est depuis trop longtemps un poids à supporter pour l’État, mais avec ce projet, il est temps que le développement du pays vienne du Sud. Seul le temps peut déterminer la finalité du projet. Pour le moment, «Mionjo» se poursuit et les infrastructures continuent à être construites dans les communes composant les trois régions du Sud de Madagascar.
Ravo Andriantsalama