A l’image de la présidentielle, la caution pour les candidats aux élections législatives a été rehaussée à 100%. Désormais, pour rêver de siéger à Tsimbazaza, il va falloir casquer 10 millions d’ariary. Il faut dire tout de suite que ce n’est pas une somme prohibitive pour de nombreux candidats. Si cela n’existait pas, ils l’auraient payée ailleurs pour être candidats de leur parti d’abord, pour s’assurer la victoire ensuite. Si l’objectif était d’éviter une pléthore de candidats, c’est loin d’être atteint.
Certes, il y a longtemps qu’il fallait mettre un tri pour les membres de l’Assemblée nationale, mais l’argent ne sera pas un gage de qualité pour le futur parlement. D’ailleurs, l’Assemblée nationale n’a jamais répondu aux attentes de l’opinion depuis toujours. De
« chambre croupion » durant la seconde République, elle a toujours servi d’un objet de décor de la démocratie pour les autres Républiques, exceptée la période du président Albert Zafy où l’Assemblée nationale a joué à merveille son rôle au point de renverser celui qui lui donnait une dignité et une liberté. Une crédibilité derrière laquelle Tsimbazaza court depuis un quart de siècle. Les histoires de mallette ont marqué les votes de projet de loi à une certaine période, alors que pour certains députés, l’Assemblée nationale est un bouclier infaillible au service de l’immunité.
C’est certainement pour éviter les candidats indélicats que la caution a été relevée, pour ne retenir que ceux qui sont motivés et déterminés à dépenser une fortune pour une écharpe de parlementaire. C’est bien de mettre une barrière contre la braderie de candidatures, mais c’est plutôt une caution morale et intellectuelle qu’il faut essayer d’exiger des candidats pour que l’Assemblée nationale retrouve ses lettres de noblesse. Elle n’a eu l’occasion de justifier son existence qu’à une courte période dans l’histoire. Quand on sait qu’en moyenne une vingtaine de députés votent les lois à Tsimbazaza depuis quelques années, on se demande si les autres ont le sens d’être des parlementaires, un respect pour leurs électeurs. Comment veut-on que le taux de participation aux élections augmente alors qu’à Tsimbazaza le taux d’absentéisme atteint 80% durant les sessions ordinaires ? C’est tout simplement un mépris pour les choses de la République et surtout pour l’institution qu’ils représentent.
Depuis quelques temps, certains avancent qu’il faut imposer un certain niveau d’études aux candidats ainsi qu’une sérieuse enquête de moralité. Autant la caution constitue une entorse aux règles démocratiques, autant de telles conditions mettront à l’écart beaucoup de citoyens. Dans tous les cas, Tsimbazaza mérite d’abriter des députés dignes de leur nom.
Sylvain Ranjalahy