Bordures

Il a fallu l’intervention expresse du gouverneur d’Analamanga pour dégager les ordures entassées sur la chaussée empêchant la circulation à la décharge d’Anosipatrana. Une initiative salutaire face à la défaillance des responsables concernés. La voie est désormais libre mais les ordures restent en bordures en attendant un meilleur sort. L’air reste ainsi invivable aux environs et constitue un sérieux danger pour la santé publique.

Dès le départ, l’idée de transférer la décharge de la Capitale à cet endroit était inopportune même si c’est provisoire et quelle que soit la raison. Il fallait franchement être hardi pour oser créer un dépôt de déchets presque en pleine ville. Il a suffi de quelques jours pour que les ordures débordent et dégagent une odeur pestilentielle avec l’aide de la pluie.

Une expérience malheureuse déjà tentée dans le passé qu’il ne fallait donc pas renouveler. De temps en temps il faut se nourrir de l’histoire pour bien gérer le pays et la ville.

Les déchets attendent donc encore quelques jours avant d’être « rapatriés » à Andralanitra, leur territoire d’origine où le père Pedro a décidé de fonder un village pour les familles nécessiteuses.

La décharge d’Andralanitra avait été créée il y a plusieurs décennies à un moment où c’était encore un désert. Avec l’extension de la ville et les habitats qui ont été construits par la suite, on aurait dû la fermer depuis longtemps. La population locale subit les mêmes désagréments que celle d’Anosipatrana. Le fait est qu’il est difficile de trouver un endroit inhabité mais à proximité de la ville pour créer une nouvelle décharge. Aller plus loin qu’Andralanitra augmentera davantage les coûts de carburant et de location de camions alors que justement le fond du problème est une histoire  de fonds pour  la commune urbaine d’Antananarivo.

Le problème reste ainsi entier et récurrent. Anosipatrana est sauvé et déclaré impropre aux ordures par le gouvernorat. On se demande où les camions vont désormais déverser les déchets ménagers quotidiens de la Capitale ailleurs qu’à Andralanitra dont l’accès est impossible.

Autrement dit, si ce n’est déjà le cas, les bacs à ordures de la ville seront très vite débordés et ressembleront à de petites décharges décentralisées dans les quartiers.

Le problème est donc simplement déplacé mais pas résolu. Il faudra trouver une solution à la fois d’urgence et pérenne à une situation qu’on a laissé pourrir depuis plusieurs années. À force d’attendre et de tergiverser, le problème s’est fermenté dégageant une odeur fétide insupportable aujourd’hui.

Le traitement des ordures a été et sera toujours un enjeu majeur aussi bien pour la présidentielle que pour les communales. Hélas, jusqu’ici, aucun projet sérieux et réaliste n’a été proposé par les heureux élus. On est ainsi réduit à gérer la situation au jour le jour avec des opérations coup de poing nécessaires mais pas suffisantes pour assainir la Capitale dont la saleté est devenue le sujet préféré de la presse internationale ces derniers jours.

Il ne faut pas attendre que l’opposition s’en saisisse pour régler le problème. D’ailleurs, quel que soit le prochain maire de la Capitale, on a des raisons d’être sceptique sans une réelle détermination et une politique volontariste des dirigeants pour se débarrasser de cette affaire qui sent mauvais.

Sylvain Ranjalahy

Enregistrer un commentaire

Plus récente Plus ancienne