Du feu allumé par les manifestants devant l'entrée de la brigade |
La gendarmerie d’Ankazomiriotra a été la proie des rebelles. Elle a laissé ses assaillants exprimer leur colère par des actes de violence, pour éviter un éventuel bain de sang.
Samedi a été très agité à Ankazomiriotra. La mort d’un certain Bacome a provoqué de grandes huées contre la gendarmerie. Selon des proches du jeune homme, des gendarmes l’ont abattu à Ivory, dans la commune de Vinany, vers 5 heures du matin. Or, il n’aurait rien fait de mal. Sa famille et des villageois furieux ont alors rejoint la brigade où ils ont semé le chaos.
La personne tuée, membre des citoyens-soldats « zazamainty », aurait prononcé des menaces et commis d’autres délits dont elle aurait dû répondre devant le tribunal. La gendarmerie locale confirme ce renseignement. Selon elle, le mis en cause n’a jamais réagi à ses convocations.
« Ce samedi-là aurait été sa cinquième convocation. Un mandat d’arrêt à son encontre a été délivré par le tribunal et exécuté », explique un officier supérieur sur place. Il ajoute : « Cet homme a résisté à son arrestation. Il a cherché à s’emparer de l’arme d’un gendarme. Pour cette raison, il a été touché par balle. Il a été conduit à l’hôpital, mais il est décédé des suites de ses blessures. Ce qui n’a pas plu à sa famille appuyée par quelques membres du fokonolona».
Dispersés
Les émeutiers ont saccagé le bureau de la gendarmerie, brûlé le matériel et volé des armes. Pendant qu’ils se déchaînaient, les bérets noirs ont vidé les lieux pour se mettre à l’abri. Des unités de renfort venant d’Antsirabe, de Betafo et de Mandoto ont rallié la ville.
« Nous avons reçu des consignes de nos supérieurs de ne pas ouvrir le feu, de garder notre sang-froid. Si nous avions tiré sur les manifestants, il y aurait eu un grand nombre de morts. À notre arrivée, ils ont jeté des pierres sur nous. Moi-même, j’ai été frappé, mais ce n’est pas très grave. Nous les avons laissés faire ce qu’ils voulaient, mais après, la réponse à leurs actes sera certainement draconienne. Nous avons déjà recueilli quelques renseignements », conclut le même officier.
Les émeutiers, après avoir mis le feu aux biens des gendarmes, ont été dispersés par des tirs de gaz lacrymogène. Personne n’est blessé.
Une réunion d’urgence s’est ensuite déroulée entre les Forces de l’ordre et les autorités pour gérer la situation. La gendarmerie a encaissé une lourde perte. Sa brigade a été endommagée à 30%, selon son rapport.
Le matériel incendié et volé
Trois pistolets automatiques, un pistolet mitrailleur, neuf cent vingt-et-une munitions, douze chargeurs et divers accessoires ont été dérobés. Trois armes saisies, deux fusils semi-automatiques, un fusil de marque Baikal, un fusil à pompe, un autre anti-émeute et un Mas 36 ont été dévorés par le feu. Des outils spéciaux, comme l’alcootest et des lampes, ont été également consumés. Outre les équipements, tels que les menottes et les jumelles, les ordinateurs et une imprimante se sont ramollis. Le plus triste est que la voiture de l’adjoint du commandant de brigade qu’il a achetée, il y a à peine un mois, deux motos offertes par le député, cinq autres appartenant aux gendarmes, trois bicyclettes et les documents dans le bureau ont tous été incendiés.
Hajatiana Léonard