Tableau d'horreur

On croyait que cela ne se passait qu’ailleurs. Les meurtres avec décapitation sont devenus banals dans certaines régions, mais on pensait que la capitale avait dépassé cette barbarie. Hélas non. La réalité dépasse la fiction et le meilleur réalisateur de thriller n’aurait pas fait mieux ni dans la cruauté ni dans la diversion pour masquer le crime et semer les enquêteurs. Une jeune fille a été décapitée, enveloppée dans un matelas et jetée au bord de la rue à Faravohitra. Le lendemain, sa tête a été retrouvée dans un dépôt d’ordures à Antehiroka. Elle a disparu depuis quelques jours et sa famille l’avait recherchée.

Le mystère reste entier quant au mobile du crime et encore plus sur l’identité du ou des criminels. Le fait est que le meurtre devient de plus en plus gratuit aussi bien pour un gros pactole que pour une bagatelle. Les crimes passionnels écument également les pages faits divers. Le drame est qu’il n’est plus nécessaire d’être des bandits professionnels pour avoir l’audace et la capacité de tuer avec sans-froid. Tous les jours dans les journaux des rixes entre amis de la bouteille, des bisbilles conjugales, des litiges fonciers, des contentieux financiers finissent par des meurtres au couteau, au poignard, à l’arme. C’est un suicide presque volontaire qui illustre le mal être de la société. Par contre, les meurtres par décapitation constituent un indice inquiétant du niveau de la criminalité atteint par le pays. Au moins dans ce sujet, on ne ferme certainement pas la marche mais on n’est pas loin de la cruauté des djihadistes. Mieux, on figurerait en tête du classement des pays les plus dangereux. On n’est certainement pas loin de certains pays d’Afrique, à l’image de l’Afrique du Sud où il faut être vigilant de jour comme de nuit, dans la rue comme chez soi. Les bandits armés se trouvent à chaque coin de rue.

La criminalité et l’insécurité sont des purs produits de la pauvreté. La montée du nombre de meurtre et d’attaques armées ainsi que l’ampleur grandissante de l’atrocité montrent que la répression policière ne permet pas d’éradiquer ce fléau. Pour un bandit tué, il nait dix ou plus de bébés dont l’avenir est compromis dès le départ. Ils naissent sans état civil, ils grandissent dans la rue, sans être scolarisés et finissent leur vie en prison s’ils ont la chance d’échapper aux balles des Forces de l’ordre.

Des sanctions exemplaires sont néanmoins nécessaires dans ce genre de crime. Ne serait-ce que pour rendre justice à la famille et surtout rappeler qu’il existe un État encore capable de veiller sur la population, de s’occuper de la sécurité publique. Avec le nouveau mandat qui commence et un nouveau ministre, voilà une occasion pour montrer qu’on entame vraiment un nouveau départ.

Sylvain Ranjalahy

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