En pleine forêt, on ne trouve que quelques cases dispersées. |
Au début du XIXe siècle, le chemin le plus court pour rejoindre Antananarivo à partir de Toamasina, est celui suivi par les nombreux voyageurs étrangers qui pénètrent en Imerina. « Les incidents de route sont si fréquents que l’on doit se laisser guider par les circonstances quant au choix des étapes », écrit notamment le Rév. David Jones.
À l’époque, Toamasina n’est alors qu’une petite localité d’environ une centaine de belles demeures et d’environ deux centaines de petites maisons habitées par la population locale et construites en ravinala, l’arbre du voyageur. Le chef de la région est Jean René, un Créole de l’Ile de France (Maurice). Le pasteur de la London Missionary Society précise, dans une lettre à son supérieur, M. Telfair, « que les habitants non malgaches sont des gens de la pire espèce ; beaucoup d’entre eux ont échappé à leurs débiteurs, à la justice ou aux lois régulières de l’Ile de France ou de Bourbon (La Réunion) ».
Avant de quitter Toamasina pour le pays merina, il faut louer des marmites - c’est-à-dire « des indigènes, travailleurs libres, porteurs et courriers du pays »- en fonction de la quantité de bagages à transporter. La première étape est généralement Ivondro, par un chemin qui longe la côte. Cette localité, d’une cinquantaine de cases, est dirigée par le frère aîné de Jean René, appelé Fiche (Fisa). Elle est située sur le bord d’un grand lac, au nord-est de l’embouchure du fleuve qui porte le même nom. Il faut alors acheter ou louer des canots pour poursuivre son chemin, en payant en étoffes.
Il faut aussi s’assurer que l’on pourra se ravitailler en riz tout au long du voyage. Sinon- ce qui arrive souvent- bien des ennuis sérieux peuvent survenir si l’on quitte la côte sans provisions. En quittant Ivondro, les voyageurs se dirigent vers Andevoranto en suivant les futurs Pangalana. À l’époque, il s’agit encore d’un chapelet de lacs séparés par des langues de terre. Ainsi, à chaque coupure, il faut décharger les canots, les haler et trainer les bagages à travers la terre.
Dans tous les villages riverains, les voyageurs sont aimablement reçus par les habitants qui leur offrent gîte et provisions. « Il convient de les en dédommager de façon convenable. » D’autant que le pays, assez ondulé, ne présente que peu de terrains cultivables entre Ivondro et Andevoranto. « Le système d’agriculture en vigueur consiste à abattre les arbres à la lisière de la forêt, à les brûler à l’endroit où ils tombent et à semer le riz avec un minimum de préparation. » Toutefois, il leur procure deux récoltes annuelles et abondantes, grâce à la terre bien irriguée et ameublie par le bétail.
À partir d’Andevoranto, une très jolie rivière traverse une belle région fertile et plusieurs localités- Maromandia, un gros village, et d’autres plus petits- jusqu’à Manambohitra où il faut abandonner les canots pour suivre la piste. Celle-ci escalade de petites collines jusqu’à Ranomafana (eau chaude). Selon le Rév. Jones, les Malgaches vénèrent ces eaux qu’ils considèrent comme émanant de puissances divines.
De Ranomafana à Ambatoharana, puis à Mahela, le pays est tout en collines et boisé, arrosé par quelques petites rivières. Il est aussi peu peuplé. De même, entre Mahela et Beforona, en passant par Ampasimbe et Marozevo, pays montagneux, mal arrosé mais bien boisé, on ne remarque que quelques habitations très dispersées. Après Beforona, la route traverse de belles rizières jusqu’à Ihiritra où commence la grande forêt, dont la futaie est très épaisse et dont les racines, qui traversent le sentier escarpé, rendent le voyage très pénible jusqu’à Analamazotra.
Puis, après les collines « extrêmement abruptes » et des marécages à traverser, on arrive à Moramanga, petit village de quelques huttes. C’est le pays bezanozano et l’on commence à observer un changement dans les habitudes, le dialecte et l’apparence des gens. Après Moramanga, le chemin mène vers Ambohitrony, traverse le Mangoro, par de très hautes collines, jusqu’à une vallée large et fertile au pied de l’Angavo.
On arrive enfin à Fieferana, Ambatomanga. À partir de là, la route passe par des villages dont le nombre augmente à mesure que l’on approche d’Antananarivo.
Pela Ravalitera