ARNAUD GUILLOIS - “La relation entre Madagascar et la France va très au-delà des îles éparses”


Après une année 2023 chahutée par les débats électoraux, l’heure est maintenant au travail. Une posture qu'adoptent, également, les partenaires internationaux de Madagascar, dont la France. Arnaud Guillois, ambassadeur français, donne justement un florilège des champs de coopérations entre la Grande île et l’Hexagone. Une coopération qui, selon lui, est humaine, dense et tous azimuts. Une relation qui transcende les points de friction.

 L’Express de Madagascar. Comment définiriez-vous l'état des relations entre la France et Madagascar actuellement ? 

Arnaud Guillois. Tout d’abord, je voudrais souhaiter une excellente année à la population malgache. Je lui souhaite joie, prospérité et paix. Je pense que c’est une chose importante dans le monde de confrontation dans laquelle nous vivons. 

La relation franco-malgache que j’ai le grand honneur d’animer, avec mes collègues et amis malgaches depuis un an et demi, je la vois à la fois comme dense, comme tous azimuts et portée vers l'avenir. Je ne pense pas qu’il y ait des activités d’ordre public dans lesquelles la France et Madagascar ne coopèrent pas. Il y a, bien sûr, une coopération politique, avec des échanges politiques à tous les niveaux. 

Les deux chefs d’État se sont rencontrés et ont discuté à de nombreuses reprises en 2023. La présidente de l’Assemblée nationale malgache et le président du Sénat malgache ont été reçus par leurs homologues français à Paris. Et puis, nous avons eu la chance, ici à Antananarivo, d’avoir de nombreuses visites qui sont des gages d’amitiés et qui permettent d’accélérer les programmes. Je pense à deux ministres français qui se sont rendus à Madagascar, en 2023. La ministre de la coopération et des partenariats [Chrysoula Zacharopoulou], en mai, et plus récemment le ministre Hervé Berville [secrétaire d’État à la mer], au mois de décembre pour l’investiture du président Rajoelina. Nous avons aussi eu des visites de parlementaires. Les relations interparlementaires sont importantes aussi. 

Les relations franco-malgaches se fondent sur l’humain. C’est presque ce sur quoi, je fonde mon action au quotidien. Des centaines de milliers de Malgaches en France, des dizaines de milliers de Français à Madagascar qui constituent tous les jours un pont entre nos deux pays. 

 Quels sont alors les grands points de cette coopération entre les deux pays ? 

D’abord la coopération éducative, sociale et culturelle. Nous avons, à Madagascar, le plus grand réseau d’écoles françaises au monde. Il y a vingt-trois établissements de l’Agence pour l’enseignement français à l’étranger (AEFE), pour plus de treize mille élèves. Nous avons le premier réseau d’Alliance française pour l’Afrique sub-saharienne, soit vingt-neuf Alliances françaises pour près de quarante mille apprenants. Celle d’Antananarivo, en termes d’apprenants, est la première Alliance française du monde. 

Nous avons une action de coopération tous azimuts très importante. Il y a l’Agence française de développement (AFD), et il y a le service culturel et d’action de coopération de l’ambassade de France. Une coopération dans des domaines très variés, l’éducation, l’agriculture, le développement urbain, l’aménagement du territoire, l’appui à la société civile, sujet majeur et important pour nous qui est d’appuyer le dialogue permanent avec la société civile dans sa diversité. Je pourrais aussi vous parler de nos relations économiques. En dépit de la concurrence qui ne cesse de se développer et qui est parfaitement saine, la France reste un des tous premiers partenaires économiques de Madagascar, un de ses premiers investisseurs. Rendez-vous compte, en 2022, le commerce entre la France et Madagascar avait augmenté de plus de 20%. Je dois avouer que je n’ai pas encore les chiffres de 2023. Il y a, à Madagascar, des dizaines de filiales d’entreprises françaises qui emploient des dizaines de milliers de Malgaches, qui les forment. Moi, ce qui me fait plaisir, c’est quand je vais voir une entreprise française, ou qui a un lien avec la France, et que 99,5% des personnes que je rencontre sont des Malgaches. Ce qui veut dire que c’est vraiment du gagnant-gagnant. 

Il y a d’autres domaines dans lesquels on coopère. Le domaine de la sécurité, par exemple. Nous sommes aussi des voisins dans l’océan Indien par La Réunion et par Mayotte. Je pense à la coopération décentralisée qui est très active. Madagascar est le premier pays dans lequel les collectivités locales françaises sont investies. Aujourd’hui, vous avez près d’une quarantaine de partenariats ou de jumelages qui existent entre les collectivités françaises et malgaches. Ce qui est très positif puisque derrière, il y a des relations humaines qui se créent. Il y a des compréhensions mutuelles qui se fondent. Mais, il y a aussi des projets de partenariats et de coopération extrêmement dynamiques. Par exemple, le Grand Est, la région Alsace et Lorraine a beaucoup investi dans les domaines médicaux du côté de Mahajanga. C’est un exemple des choses que nous voulons faire grandir et développer. 

Je ne vous cacherai pas qu’il est difficile d’être concis sur cette problématique, puisqu’en réalité, la relation franco-malgache, elle est vraiment protéiforme et touche à toutes les activités, dans le fond, de la France et de Madagascar. 

 Vous avez évoqué le voisinage dans l’océan Indien. Justement, ce point a été une source de friction entre les deux pays, à cause des îles éparses. Ce froid qui s’est installé dans les relations franco-malgaches, sur la période 2020, 2021 et 2022 s’est-il réchauffé ou bien le fond du problème est-il toujours entier ?

La réalité est que la question des îles éparses est un sujet de différend entre la France et Madagascar. Je crois que deux pays amis, deux pays souverains doivent pouvoir, dans un cadre bilatéral, dans un cadre normé, discuter des sujets de divergence. C’est la raison pour laquelle les deux chefs d’État, à savoir le président Rajoelina et le président Macron, ont décidé la mise en place d’une commission mixte sur les îles éparses du Canal de Mozambique pour discuter de ce sujet. Pour voir comment avancer ensemble et ne pas en faire un sujet de friction permanente, pour reprendre votre expression.  Alors, la réalité est que cette commission ne s’est réunie qu’une fois, en fin 2019, à Antananarivo. Il y a plusieurs raisons qui font qu’elle ne s’est pas réunie depuis lors. D’abord, il y a eu le Covid qui n’a vraiment pas facilité les échanges pendant près de deux ans. Puis, nous étions sur le point de réunir une deuxième réunion de la commission mixte, fin 2022, mais c’était aussi le moment où le ministre des Affaires étrangères malgache venait de quitter ses fonctions. Et Madagascar nous a demandé de reporter cette échéance. Ce que nous avons tout à fait accepté. 

La question est maintenant de savoir, quelle suite donnée à cette commission qui existe toujours. Cela va de soi. Il ne vous a pas échappé que Madagascar et la France ont chacun deux nouveaux ministres des Affaires étrangères depuis quelques jours. Il faudra voir ce qu’ils souhaitent faire de cette question. 

 Donc il n’y a pas encore une nouvelle échéance prévue ? 

Non, jusqu’à aujourd’hui, il n’y a pas d’échéance prévue sur la problématique des îles éparses. Mais encore une fois, je me permets d’insister, Madagascar sort d’une période électorale et vient de se doter d’un nouveau gouvernement. La France vient de se doter d’un nouveau gouvernement, donc laissons les équipes se mettre en place, définir des priorités. Il y aura incontestablement un programme de travail qui va être établi et nous verrons bien à ce moment-là. 

 Je voudrais rebondir sur un point que vous avez dit, sur le mot friction. Cette friction s’est-elle tassée depuis ? 

Je vous dirai que je suis dans ce pays depuis un an et demi, et la relation franco-malgache va très au-delà des îles éparses. Cette question est importante. Mais on ne saurait résumer la relation entre nos deux pays, encore une fois humaine, économique, culturelle, stratégique à une seule question en particulier. 

 Juste un dernier point sur ce sujet, monsieur l’ambassadeur. Le différend que vous avez indiqué est-il toujours en l’état ? Il n’y a donc pas d’évolution sur la position de l’une ou l’autre partie ? 

Je ne peux pas, à mon niveau, préjuger des futures discussions. Vous savez, cette commission mixte instaurée par les deux chefs d’État, elle est, normalement, conduite par les deux ministères des Affaires étrangères. Donc, il ne m’appartient pas de présager des positions des uns et des autres. Moi, je ne souhaite pas que la question des îles éparses constitue un problème dans la relation franco-malgache. Je souhaite aller de l’avant et construire les relations franco-malgaches pour les décennies à venir et c’est sur ça que toute mon attention se concentre depuis bientôt un an et demi que je suis à Madagascar. 

 Sur un autre sujet, il y a eu l’élection présidentielle il y a quelques semaines. À l’instar d’autres acteurs internationaux, la France n’a rien eu à en redire sur le processus électoral. Cette prise de position a étonné une partie de l’opinion publique. Surtout après les communiqués conjoints dans lesquels des partenaires internationaux, dont la France, avaient fait part de leur crainte sur la situation préélectorale et d’éventuelles crises postélectorales. Pourquoi ce revirement à 180° ? 

D’abord, je ne suis pas d’accord avec la notion de revirement. Pendant les derniers mois, et même tout au long de 2023, la France a eu une position constante. Qui peut être critiquée, mais elle a eu une position constante que j’ai résumé dans une formule, mais qui, dans le fond, reflétait cette position d’équilibre qui était la nôtre. Ni indifférence, ni ingérence. 

Ni indifférence, puisque pour nous, ce qui se passe à Madagascar, pays ami, pays voisin dans l’océan Indien, est important. Donc on ne peut pas tout simplement détourner l'œil. Mais pas non plus d’ingérence, puisqu’il n’appartient à personne dans la communauté internationale de dire aux Malgaches, de se substituer aux Malgaches dans l’exercice de leur droit politique. Donc, tout au long de 2023, la France a agi avec constance. Un, en agissant toujours avec ses partenaires internationaux. Avec les États-Unis, avec l’Europe, avec l’ONU [Organisation des Nations Unies], avec la Francophonie, avec le Japon, avec l’Allemagne, avec le Royaume-Uni, avec la Corée du Sud, avec la Suisse, avec l’Union africaine. 

Deuxièmement, en dialoguant avec tout le monde. Il n’y a pas eu un moment où le dialogue a été interrompu. On a parlé avec le gouvernement, avec les institutions malgaches, avec le camp présidentiel, le camp de l’opposition, avec la société civile, avec les médias. Il y a eu un grand nombre de prises de parole. Il y a eu de nombreux communiqués. Ceux auxquels vous faites allusion. Et d’ailleurs, la meilleure preuve que cette position d’équilibre a été respectée est que certains estimaient qu’on en disait déjà trop et d’autres estimaient qu’on n’en disait pas assez. D’une certaine façon, c’est la preuve que cette position d’équilibre de la communauté internationale a été respectée. 

Après, ce n'est pas à nous de jouer l’arbitre des élections. Nous avons dit un certain nombre de choses fortes sur le processus électoral, publié des communiqués qui ont adressé des signaux à tout le monde. Je crois qu’on était dans notre rôle. Un rôle d’équilibre. Mais encore une fois, on n’a pas vocation à satisfaire trente millions de Malgaches ou l’intégralité du spectre électoral malgache. Après une campagne électorale qui a suscité un certain nombre de tensions, ce que personne n’a contesté, l’heure, maintenant, est à la fois, me semble-t-il, à la permanence du dialogue, à l’union et puis que chacun décide aussi de ce qu’il convient de faire pour les prochaines échéances électorales que sont les communales et les législatives. 

"...deux pays amis doivent pouvoir discuter des sujets de divergence..."

 Le dialogue et l’ouverture sont parmi les mots-clés des recommandations post-électorales de la communauté internationale. Quelle est la portée de cette notion de dialogue, de cette notion d’ouverture ? 

D’abord, ça ne vous surprendra pas que des diplomates appellent au dialogue plutôt qu’à la confrontation. On est dans notre rôle. Deuxièmement, ce dialogue peut prendre de nombreuses formes. Ce n’est pas à moi d’en décider. On a vu un certain nombre d’initiatives qui ont été en la matière. Mais pour qu’il y ait du dialogue, il faut que tout le monde l’accepte. Pour qu’il y ait du dialogue, il faut que chacun tende la main et reconnaisse le statut de l’autre. Il faut reconnaître le statut de l’opposition. Il faut reconnaître le statut de celles et ceux qui ont été élus. 

Sans entrer dans les détails puisqu’encore une fois, ce n’est ni à l’Union africaine, ni à l’Europe, ni à la France de dire la forme du dialogue, toute initiative allant dans le dialogue doit être encouragée. Et toute initiative allant vers la décrispation doit être encouragée. Et on continuera de le faire. 

 D’une façon plus directe, serait-ce une manière d’appeler les tenants du pouvoir à reconnaître le statut de l’opposition suivant les textes en vigueur et d’appeler l’opposition à reconnaître l’élection du président de la République ? 

Encore une fois, un ambassadeur étranger n’a pas à dicter ou même à émettre des choix sur la politique intérieure malgache. Ce serait une faute diplomatique et politique. C’est à chacun de prendre ses responsabilités dans l’esprit que je viens de vous indiquer. 

 Sur quels critères, la communauté internationale s’est-elle basée pour dire : OK on s’aligne aux résultats de l’élection et on se projette vers l’avenir ? 

D’abord, entendons-nous bien, ce n’est pas à la communauté internationale de donner ou de valider les résultats d’une élection. D’ailleurs, elle ne le fait nulle part. C’est un point important. En revanche, il y a eu un certain nombre de rapports qui ont été publiés par des organisations internationales. Je pense à l’Union africaine, à la SADC [Communauté de développement des États d’Afrique australe], à l’Organisation de la francophonie et il y en a eu d’autres qui ont permis d’établir, à la fois le déroulement de l’élection, avec ce qui s’est bien passé et les manquements, et puis le déroulement du jour de l’élection, le 16 novembre, qui s’est globalement bien déroulé. Et c’est sur l’appui de ces éléments-là que, rapidement après la publication des résultats définitifs par les autorités compétentes malgaches, que nous avons pris note des résultats de cette élection. 

"... Pour qu'il y ait du dialogue, il faut que chacun reconnaisse le statut de l'autre..."

 Un point intrigue toutefois monsieur l’ambassadeur, surtout vis-à-vis de la France. Des observateurs ont fait le parallèle avec la promptitude des félicitations du président Macron, face aux résultats de l’élection présidentielle au Congo. Pour Madagascar, le temps de réaction a pris quelques jours, un peu plus d’une semaine, voire quelques jours avant l’investiture. Pourquoi la France a-t-elle pris du temps avant de féliciter le président Rajoelina pour sa réélection ?

Je crois qu’il ne faut pas y voir malice même si je sais qu’à Madagascar, on adore disséquer dans les plus grands détails ce que fait ou ne fait pas la France, ce que dit, ou ce que ne dit pas la France. Le 16 décembre [date de l’investiture du président Andry Rajoelina], la France a été un des rares pays, hors du continent africain, à être représenté au niveau politique, au niveau ministériel par le ministre de la Mer. Et celui-ci était porteur d’un courrier de félicitations du président Macron et c’est ça l’essentiel. 

C’est ça l’essentiel, parce que, par cette présence au niveau politique, par ce courrier, ce qui devait être dit et redit pour ceux qui en doutaient, c’était la volonté et la disponibilité de la France à agir, à continuer d’agir au bénéfice du développement de Madagascar et de sa population. Je sais bien qu’on ne peut empêcher personne de faire des supputations, mais très franchement, elles n’ont pas lieu d’être. 

 Maintenant que l’élection présidentielle est bouclée, qu’en est-il de l'avenir pour la coopération franco-malgache ? 

Je n’ai pas de boule de cristal, mais je peux vous dire déjà ce qu’on veut faire, nous. On est vraiment, et quand je dis “on”, ce sont les autorités françaises, à Paris. On est vraiment dans la logique d’accélérer, de donner de la vitesse à la relation franco-malgache. Puisqu’on connaît les défis énormes qui sont ceux du pays. Les défis sociaux, les défis économiques, les défis climatiques pour lesquels le concours des principaux partenaires demeure essentiel. Et nous souhaitons, dans ce monde de plus en plus fragmenté, pouvoir apporter notre contribution et faire en sorte que le Sud-ouest de l’océan Indien soit une zone de paix, de prospérité et de progrès. 

Alors, quelles vont être les échéances, les grands projets que nous avons. D’abord, il faut savoir qu’on n’agit pas seul à Madagascar. Je vais revenir sur ce que l’on fait à titre bilatéral. Mais la France, avec ses partenaires, par exemple les Nations Unies, ses partenaires de l’Union européenne (UE), va agir et continuera d’agir. Il y a, par exemple, le programme “Global Gateway”, qui est le programme de coopération de l’UE en Afrique. Et qui permet, dans un grand nombre de domaines, je pense à l’énergie, au numérique, au transport et à la santé de démultiplier les projets structurants. Mais c’est plus à ma collègue de l’UE, qu’à moi, d’en parler.  De la même façon, avec les Nations Unies, nous avons de grands projets dans le domaine de la santé. J’organiserai prochainement une cérémonie de remise de don avec l’Unicef, avec le Programme alimentaire mondial (Pam). 

"... Après quelques mois de mise entre parenthèses, on va pouvoir accélérer la relation entre nos deux pays..."

 Quels sont les projets prioritaires ?

Je vais y venir. Encore une fois, dans le développement de Madagascar, vous avez les projets d’urgence et les projets structurants. Les projets d’urgence, par exemple, c’est répondre à la famine dans le Sud. Les projets structurants, c’est faire en sorte que les gens cessent d’être touchés par la famine, mais soient aussi dans un environnement qui leur permette de cultiver, récolter et élever des animaux. Je rappelle, par ailleurs, que ce que fait la France à Madagascar, s’inscrit, par définition, dans le cadre de la politique du gouvernement malgache. 

Le Président a fixé trois priorités depuis sa prise de fonction. Le capital humain, l’industrialisation, la lutte pour la gouvernance. Ce sont des priorités que nous partageons entièrement et pour lesquelles, d’ailleurs, nous travaillons déjà avec le gouvernement malgache. Pour en revenir plus précisément à 2024 et sans tout déflorer puisque nous ne sommes encore qu’en janvier, il y a un certain nombre d’échéances sur lesquelles on va travailler. Je pense aux programmes de l’AFD que nous allons poursuivre. 

Quand Jean Yves Le Drian, ancien ministre des Affaires étrangères, était venu à Madagascar, début 2020, il avait annoncé publiquement que les engagements budgétaires et financiers de l’AFD seraient de 240 millions d’euros sur les quatre prochaines années. Ce chiffre a été très largement dépassé. Derrière ça, il n’y a pas que des chiffres. Moi, les chiffres ne m’intéressent pas. Ce qui m’intéresse, c’est l’impact. Et bien, je prends un exemple, le programme PADEVE de l’AFD, qui est un programme de plusieurs dizaines de millions d’euros qui bénéficie aux infrastructures urbaines de plusieurs grandes villes de Madagascar. J’étais à Antsiranana pour les fêtes de fin d’année. Et bien la rocade de plusieurs kilomètres qui a été faite, voilà un exemple concret. La vieille ville de Fianarantsoa qui a été entièrement pavée comme elle l’a été à la fin du XIXe et au début du XXe siècle et qui a permis de restaurer à nouveau l’attractivité de cette ville. Voilà une réussite. Le marché couvert de Toliara, une construction financée par l’AFD, encore une fois à la demande des autorités locales. Voilà ce qu’il y a derrière des chiffres qui, parfois, peuvent sembler théoriques. Nos financements au bénéfice de la société civile progressent. Il y a quelques semaines, j’ai inauguré un programme d’appuis à la société civile qui s’appelle “Femme, climat et résilience”. C’est l’appui qu’on peut apporter à des ONG malgaches qui travaillent au bénéfice des populations féminines touchées souvent, soit par la crise économique, soit les problèmes environnementaux. Moi, quand je vois qu’on fait des actions, qui sont des actions de micro-crédit au bénéfice des ONG qui appuie des femmes à démarrer des activités génératrices de revenus, je me dis qu’on est utile. 

Il y aura d’autres échéances en 2024. Je pense au 60e anniversaire de l’Institut français d’Antananarivo, qui est un des lieux de la relation culturelle franco-malgache. Toujours dans l’optique de mettre en valeur la culture française, la culture malgache, la culture francophone. 2024 c’est aussi l’année des Jeux olympiques et paralympiques, à Paris. Nous allons organiser un certain nombre d’événements avec le ministère de la Jeunesse et des sports à Antananarivo. Nous aurons, en 2024, le sommet de la Francophonie, organisé à Villers-Cotterêts, en France, pour lequel sont conviées les autorités malgaches. 

Donc, tout ça va rythmer notre relation, en plus de la semaine du goût, de la semaine de la Francophonie, de la journée de la femme, le 8 mars et d’autres. Et pour ce faire, nous sommes en train de préparer un programme de visite française de haut niveau à Madagascar, qui va conduire dans les prochaines semaines des personnalités telles que le vice-président de la fondation Alliance française, le directeur général de l’AFD, la directrice générale du centre de recherche Cirad, le géopolitologue Pascal Boniface, le directeur général de la mondialisation du ministère des Affaires étrangères, la présidente de Campus France. 

Tout ça, ce sont des échéances qui vont rythmer la coopération franco-malgache au cours du premier semestre. Et qui me font penser qu’après quelques mois, non pas de ralentissement, mais de mise entre parenthèses, puisque Madagascar était tourné vers ses échéances présidentielles, ce qui est parfaitement légitime et on a eu ce remaniement, également, en France, on va pouvoir, à nouveau, mettre des bûches dans la cheminée et accélérer la relation entre nos deux pays. 

 Sur les visites de haut niveau, y aura-t-il des visites à un niveau politique de prévu, comme à un niveau gouvernemental ou présidentiel ?

Je vais vous répondre très clairement. Aujourd’hui, il n’y en a pas de fixer ou de prévu. Pour deux raisons très simples. Madagascar et la France ont de nouveaux gouvernements, depuis quelques jours. Donc, il n’y a pas, aujourd’hui, de date prévue pour une échéance de haut niveau. Je peux d’ores et déjà vous dire que le président Rajoelina sera invité à deux reprises en France, pour deux événements. À savoir l’inauguration et le lancement des Jeux olympiques au mois de juillet et le sommet de la Francophonie, début octobre. 


 Il y a des grands projets d’infrastructure où des acteurs français sont engagés. Il y a les projets de centrales hydrauliques de Sahofika et Volobe, par exemple, qui sont en stand-by jusqu’à l’heure. Pourquoi ce dossier n’avance-t-il pas ? Où est-ce que ça coince ? 

On parle depuis un certain temps des deux projets que vous évoquez. Ce n’est pas un secret d’État, d’ailleurs, que les présidents Rajoelina et Macron en ont parlé lors de leur premier rendez-vous après l’élection du président Rajoelina, en 2019. Ce sont des projets stratégiques pour le développement économique et social de Madagascar. On connaît les besoins en termes d’énergie. Ce n’est pas nouveau. 

Compte tenu de leur envergure, de leurs enjeux et de leur complexité, c’est vrai que Volobe et Sahofika ont suscité l’intérêt des bailleurs internationaux. Comme dans beaucoup de pays dans le monde. Il est tout à fait normal que des partenaires étrangers puissent apporter leur compétence, leur technicité, voire leur financement, par rapport aux besoins de l’État hôte. C’est vrai qu’il y a des négociations, des discussions, mais entre des entreprises étrangères qui peuvent, d’ailleurs, avoir des composantes ou des intérêts français et puis les autorités malgaches. 

Ces discussions relèvent exclusivement de ces parties, à savoir le gouvernement malgache et les entreprises qui sont potentiellement intéressées par le projet. Donc, ce n’est pas à moi de m’exprimer sur les négociations, si ce n’est pour dire que vue de l’ambassade de France, vue de la France, nous ne verrions que des avantages à ce que ces projets se fassent. Nous ne verrions que des avantages à ce qu’il y ait une composante française. Qu’elle soit dans le domaine industriel ou financier. Et que, ce que nous souhaitons, c’est une énergie moins chère, plus accessible, plus verte pour les Malgaches. Sahofika et Volobe sont des projets qui sont complètement dans cet esprit-là. 

 Je voudrais rebondir sur un point, si les discussions et négociations se font entre les parties au contrat, pour quelle raison fallait-il que le Président français aborde le dossier avec le Président malgache ?

Moi je n’étais pas encore ambassadeur de France à Madagascar à ce moment-là. Je ne peux pas confirmer vos dires, que c’est le Président français qui ait abordé le sujet. C’est peut-être le Président malgache qui l’a abordé. Simplement, la France a un savoir-faire en matière de barrage. Nous avons beaucoup de projets dans plusieurs pays d’Afrique. Nous avons des capacités de financement dès que les conditions sont réunies. Et à partir du moment, encore une fois, où Madagascar fait appel à des partenaires internationaux, on est prêt à étudier de façon très professionnelle et très sérieuse tout ce qui peut permettre le développement économique et social du pays. 

"...On n'a jamais fait autant au bénéfice de la jeunesse..."

 Mais en somme, l’État français soutient le fait qu’une entreprise française porte le projet ?

Dans ces domaines-là, comme dans d’autres. J’ai eu l’occasion de le dire à plusieurs reprises, y compris publiquement. La dernière fois, c’était lors de l’élection du nouveau bureau de la Chambre de commerce et d’industrie France-Madagascar qui réunit quatre-cents entreprises. La France souhaite ardemment qu’il y ait plus d’investissement étranger et singulièrement, français, à Madagascar. Quand vous lisez les rapports de la Banque mondiale, il est indiqué très clairement que Madagascar a besoin davantage d’investissements étrangers pour renforcer sa croissance. Je crois que tout le monde est d’accord sur ce constat. La France souhaite prendre sa part. On prendra notre part lorsque les conditions seront réunies.

Ça peut être des discussions business to business, d’acteurs privés à acteurs privés. D’ailleurs, l’inverse est vrai. Si les entreprises malgaches veulent investir en France, elles sont évidemment les bienvenues. Et puis quand il y a des discussions sur des sujets plus régaliens, comme la construction de barrage hydroélectrique, on est tout à fait prêt à appuyer ce type de projet. Mais encore une fois, à ce stade, la discussion est entre l’État malgache et des partenaires internationaux. L’État français n’est pas, en tant que tel, partie à des discussions ou des négociations. 

 Je me permets néanmoins d'insister sur ce point étant donné qu’il s’agit d’un secteur stratégique et très concurrentiel. Pour reformuler ma question, l’État français appuie-t-il le dossier ?

La France appuie pleinement l’ambition de Madagascar d’avoir une énergie, moins chère, plus propre et plus accessible. Depuis plusieurs années, il y a des projets importants qui sont en cours de discussion, notamment, Sahofika et Volobe et nous sommes prêts à étudier tout projet qui nous serait soumis. Après, il y a deux façons de contribuer à ces projets. Il y a la dimension industrielle et puis il y a la dimension financière. Mais la balle, me semble-t-il, est dans le camp de ceux qui discutent et qui négocient. Il y a, me semble-t-il, un nouveau ministre de l’Énergie, voilà un sujet dont je discuterai avec le ministre lors de notre prochain entretien de courtoisie. 

 Des acteurs français seraient également intéressés à prendre part aux actions de l’entreprise Secren.

L’action de l’État en mer est une priorité pour l’État malgache. Parmi les axes de développement, celui du développement de l’économie bleue est important. Madagascar compte 5.000 kilomètres de côtes. Il a besoin de contrôler son espace maritime et donc de développer des infrastructures modernes. C’est vrai à Antsiranana, à Toamasina, à Toliara, à Mahajanga, c’est vrai à Taolagnaro. Je me suis rendu dans presque tous les principaux ports du pays. Et ce besoin de pouvoir disposer d’infrastructures commerciales, portuaires et parfois de nature sécuritaire, ou de souveraineté est essentiel. 

Ce que je souhaite dire aujourd’hui, c’est que la France, parce qu’on est voisin dans l’océan Indien, est disponible pour apporter sa contribution au souhait de l’État malgache de développer son économie bleue. Étant donné notre voisinage dans l’océan Indien, par La Réunion et Mayotte, nous faisons face aux mêmes enjeux, comme les enjeux climatiques. J’ajoute qu’avec les événements actuels en mer Rouge et la menace que les Houthis font peser sur le commerce international, il y a de plus en plus de navires commerciaux, porte-conteneurs, des navires pétroliers qui n’empruntent plus le golfe d’Aden et le canal de Suez, mais qui doivent passer par le Cap de Bonne-Espérance et donc par le canal du Mozambique, ou bien l’océan Indien. 

Tous ces navires qui s’ajoutent aux routes maritimes, sont à la fois des opportunités extraordinaires en matière de commerce, en matière d’échange, mais c’est aussi un défi, y compris en termes de sécurité maritime. Et donc, il est pour moi, tout à fait essentiel que les infrastructures de Madagascar continuent de se moderniser. C’est déjà le cas pour le port de Toamasina, avec l’aide de la coopération japonaise. Le port civil d’Antsiranana, avec le concours de l’AFD, s’est modernisé il y a quelques années. On est tout à fait disponible à regarder d’autres domaines de modernisation.

 Sur le plan diplomatique et géopolitique, le constat est que, depuis quelques années, la concurrence est rude pour s’aligner sur ces actions de soutien dans le domaine de l’économie bleue, et même au niveau sécuritaire. Il y a des actions de diplomatie militaire dans ce sens, comme des navires de guerre indiens ou chinois. Comment la France compte-t-elle manœuvrer face à cette concurrence ?

Vous me permettriez, respectueusement, de ne pas utiliser le terme manœuvre. La France ne manœuvre pas à Madagascar. La coopération française, elle est à visage humain, elle est à visage découvert. C’est-à-dire qu’il n’y a rien que fasse la France, qui ne soit public. C’est l’action que je porte en tant qu’ambassadeur de France, que portent mes équipes. Il n’y a rien de cacher. Il n’y a rien de secret. Nous agissons par tous les moyens que j’ai évoqué tout à l’heure, par l’AFD, la coopération culturelle, les écoles, la coopération de défense, vraiment de façon très transparente. 

Pour moi la concurrence, dès lors qu’elle se fait à base égale, elle est très saine. Et Madagascar n’appartient à personne d’autre qu’aux Malgaches. Ce sont les autorités malgaches qui définissent avec qui elles souhaitent travailler. Et moi, je note et je m’en réjouis qu’il y ait de nombreuses demandes qui nous sont faites. Après, il faut les mettre en œuvre. Et parfois, ça peut être un peu compliqué, puisque les sujets sont complexes. 

Sur Antsiranana, il y a des liens très forts qui existent entre la marine malgache et la marine française, et ce, depuis très longtemps. Je peux vous dire qu’il y aura, dans les prochaines semaines, des escales de marine française. Des bateaux venant de La Réunion, pour l’essentiel. Qu’est-ce que ces escales permettent ? Elles permettent de la coopération. Elles permettent que les marines française et malgache échangent et discutent des enjeux et des défis, des menaces. Évoquent ensemble, des façons de coopérer et, peut-être, proposent des formations. 

L’année dernière, on a eu un nombre record de Malgaches formés dans les écoles militaires, de police et de gendarmerie française. On en a eu près de cent-cinquante. C’est un chiffre record. Tout ça, c’est un partage d’expérience. Ce ne sont pas seulement des Malgaches qui viennent se former en France. Ce sont aussi des Français qui écoutent et qui comprennent comment de l’autre côté du monde les problématiques sécuritaires ou de protection civile existent. Donc nous, on ne manœuvre pas. On écoute la demande du partenaire malgache. On fait des propositions et on essaie de les mettre en œuvre. 

 Difficile de faire l’impasse sur un point d’actualité qui fait état d’un recul des relations France - Afrique. Vous ne voulez pas qu’on utilise le mot manœuvrer, mais quelle démarche, la France compte-t-elle engager, à Madagascar, pour maintenir cette dynamique d’une coopération multidimensionnelle ? 

Je vais partir du continent africain, pour arriver à Madagascar. D’abord, il faut se méfier, si je peux me permettre, de l’effet loupe. L’Afrique, c’est cinquante-trois à cinquante-quatre pays. Avec tout autant de réalité, tout autant de peuple et tout autant de problématiques différentes. Il ne faut laisser croire que les difficultés, et non pas juste que la France d’ailleurs, mais que la communauté internationale a, actuellement, et qui sont réelles, dans les pays sahéliens, résument la réalité de notre relation avec le continent africain. 

Les pays sahéliens, ces derniers mois, connaissent une succession de prises de pouvoir par la force et de coups d’État. C’est dans ce cadre-là que ces pays ont décidé une véritable rupture. Que certains disent avec la France, ce n’est pas tout à fait faux. Mais la réalité, c’est ce que c’est avec tout le monde. Cette rupture, elle a eu lieu avec les Nations Unies, avec l’Union africaine, avec la Cedeao [Communauté économique des États d’Afrique de l'Ouest]. Elle a eu lieu avec bon nombre de partenaires. Et la problématique elle est plus l’avenir de ces pays sahéliens, pardonnez-moi, que l’avenir de la France en Afrique. Aujourd’hui, il y a un grand nombre de pays africain avec lesquels nos relations n’ont jamais été aussi bonnes. Dans un pays comme le Nigéria ou le Kenya, la France, en quelques années, est devenu l’un des tout premiers investisseurs étrangers. Quel est le premier hors d’Afrique que la présidente tanzanienne a visité, il y a deux ans ? La France. Les relations entre la France et le Rwanda, qui a connu des moments très difficiles dans les années 90 et 2000, sont en train de reprendre un cours très constructif, sous l’impulsion des présidents Macron et Kagame. 

Donc, il y a des difficultés actuellement avec les pays du Sahel. Il peut y avoir deci delà un discours anti-français, souvent instrumentalisé depuis ailleurs que le continent africain. Mais il n’y a pas de problème structurel entre la France et l’Afrique. Certainement pas. Au contraire même. Je suis extrêmement optimiste sur cette relation. Pourquoi ? Parce que cela fait de longues années qu’on a profondément revu cette relation, à l’initiative du président Macron, mais pas seulement. Vous relisez le discours de Ouagadougou du président de la République, à l’automne 2017, il y avait tout ce que la France voulait faire pour renouveler justement cette relation avec le continent africain. En passant par la jeunesse, la culture, le développement, l’histoire, par la mémoire. Et c’est ce qu’on essaie de faire à l'échelle de la relation franco-malgache. 

On n’a jamais fait autant au bénéfice de la jeunesse. Création d’une maison des entrepreneurs, appuis des Organisations de la société civile (OSC). On n’a jamais, à Madagascar, délivré autant de VISA pour les étudiants malgaches. Près de mille cinq cents nouveaux étudiants l’année dernière. On a un chiffre record d’étudiants malgaches dans les universités françaises. Et on a un nombre record de partenariats entre les universités françaises et malgaches. Elle est là la réalité de la relation franco-africaine dans le fond et singulièrement, de la relation franco-malgache. Je pense qu’il faut être attentif à ce qui est dit, y compris aux critiques. Mais je pense aussi qu’il faut construire la relation de demain par la jeunesse, la société civile, entre autres. 

De nouveaux champs de coopérations sont indispensables. Il y a ce qu’on appelle les Industries culturelles et créatives (ICC), qui rassemblent tous les nouveaux modes de culture comme le slam, le cinéma, tout ce qui tourne autour du numérique. Pour cela, nous sommes en train de construire des choses porteuses. Il y a par exemple, l’association dirigée par l’artiste Orelsan qui va permettre d’inaugurer, en 2024, une maison dédiée à ces industries culturelles et créatrices. 

 Est-ce la même chose sur le plan des affaires et sur le plan politique ? Puisque, si on fait le parallèle avec les pays africains qui sont en froid avec la France, il y a d’autres partenaires internationaux qui s’engouffrent pour occuper la place. Pareillement à Madagascar. 

Encore une fois, il n’y a rien de tout ça qui soit illégitime. Je veux dire, Madagascar entretient des relations avec tout le monde. Ce n’est certainement pas à nous de dire à Madagascar, pas plus d’ailleurs, qu’à d’autres, ce qu’il doit faire. Ces liens sont parfaitement légitimes dès lors qu’ils s’organisent de façon transparente et au bénéfice de la population malgache. Tout ce que vous me dites là, la concurrence et d’autres, c’est la réalité. Mais aujourd’hui, quel est le pays qui accueille le plus grand nombre d’étudiants malgaches ? C’est la France. Quel est le pays qui fait les plus gros investissements étrangers ces dernières années, à travers des éléments qui ont été salués sur le plan international, je pense notamment à la rocade Iarivo, ou l’aéroport Ravinala ? C’est la France. Quel est le premier qui soit intervenu suite au passage du cyclone Batsirai ? C’est la France. 

Quel est le pays qui a le plus grand réseau scolaire, éducatif et culturel à Madagascar, c’est la France. Non pas, parce que la France le veut. Mais parce que c’est une volonté conjointe, et de la population et des autorités malgaches que nous pouvons construire. Je veux qu’on en fasse plus. Avec mon équipe, on identifie les nouvelles écoles qu’on pourra construire, les nouvelles entreprises qui, demain, vont embaucher et former des jeunes Malgaches. Les projets structurants qui vont permettre de répondre aux besoins de Madagascar. Notre état d’esprit, il est vraiment de renforcer ce que l’on fait déjà. Mais encore une fois, à la demande du partenaire. Qu’il nous soit exprimé par les voies officielles avec lesquelles nous travaillons, mais également par la société et les acteurs malgaches. 

 Dans le contexte des relations internationales actuelles, la coopération de Madagascar avec la Russie est-elle toujours mal vue ou non ?

Mais moi, je ne dicte pas à Madagascar ce qu’elle doit faire. Madagascar prend ses responsabilités. Je n’ai pas à faire de commentaire si Madagascar, sur tel ou tel sujet, souhaite travailler avec les autres.

Propos recueillis par :  Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. C'est un entretien accordé à un journal inféodé au régime ce qui présuppose que le journaliste a été certainement " briefé " en haut lieu . On sent bien que les questions ont été " soufflées " . Sur le fond La France défend toujours en général ses intérêts et l'ambassadeur ne s'embarrasse pas de les exprimer clairement . Par contre il n'y a pas de langue de bois et l'aisance dans les propos est frappante . Toutefois on n'a pas oublié que la dernière ministre de l'Europe et des affaires étrangères Catherine COLONA n'est jamais venue malgré les annonces , ce qui est lourd de sens dans les relations réelles entre les deux pays . Puis il y a eu cet entretien téléphonique rapporté qui intrigue et qui dérange énormément du président Emmanuel Macron en période pré-électorale avec l'oligarque mafieux Mamy Ravatomanga très proche du président Français de la république de Madagascar . D'ailleurs ce dernier a été naturalisé sur sa demande ce qui impose des droits et des devoirs envers la république Française . Le refus de condamner clairement La Russie dans la guerre avec l'Ukraine pourrait être considéré comme un acte de traitrise mais la géopolitique a ses raisons . Le processus électoral au Sénégal est très instructif avec un candidat Karim WADE qui a renoncé à sa nationalité Française . On a toujours suggéré au candidat Rajoelina si réellement il est un vrai patriote de demander la déchéance de sa nationalité pour pouvoir se présenter sans violer la constitution . Mais on a eu affaire à un homme avec un égo surdimensionné et qui a préféré " verrouiller " le processus électoral en mettant à ses bottes l'armée , la CENI et la HCC . La France a sa part de responsabilité in fine par le retour au pouvoir d'un mégalomane sans légitimité issue des urnes parce que le " ni ingérence , ni indifférence " va faire condamner ce pays pendant 5 ans encore à la gabegie , la corruption , le népotisme , le populisme , l'incompétence , la mauvaise gouvernance et le non respect de l'état de droit .

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