LUTTE CONTRE LA CORRUPTION - Le combat se complique de plus en plus

Le directeur général du SAMIFIN (à;g), et celui du BIANCO, sont parmi les  acteurs en première ligne de la lutte contre la. corruption

Il y a vingt ans, Madagascar a adhéré à la Convention onusienne sur la lutte contre la corruption. Vingt ans après, le défi reste entier et le combat se complique à cause de l’internationalisation des délits et des résistances internes.

L’heure du bilan. Aujourd’hui, 9 décembre, est la journée internationale de lutte contre la corruption. Une journée pour rappeler au monde les enjeux et l’importance de la guerre contre ce fléau. L’occasion aussi de faire un état des lieux de la situation.

Madagascar fait partie des premiers pays à avoir signé la Convention des Nations unies contre la corruption (CNUCC), le 10 décembre 2003. Un acte que la Grande île a ratifié le 22 septembre 2004. Elle est ainsi entrée dans le club des États qui ont officiellement déclaré la guerre contre la corruption. Durant ces vingt ans, Madagascar s’est efforcé de s’aligner aux normes internationales en matière de lutte contre la corruption et les délits connexes.

Il y a eu l’élaboration de l’arsenal juridique et la mise en place du Système anti-corruption (SAC). Il y a le Comité de sauvegarde de l’intégrité (CSI), le Bureau indépendant anti-corruption (Bianco), le Service de renseignement financier (Samifin), les Pôles anti-corruption (PAC), et l’Agence de recouvrement des avoirs illicites (Arai). Vingt ans après cependant, le constat reste accablant. 

Dans une déclaration au sujet du 20e anniversaire de la CNUCC, les responsables des entités au sein du SAC reconnaissent que le combat se corse. Les notes de Madagascar dans l’Indice de perception de la corruption (IPC), le démontrent. Avec un score de 26/100 pour 2022, la Grande Ile est encore loin des 50/100 qui est l’ambition affichée dans la stratégie nationale de lutte contre la corruption sur la période 2015 à 2025. 

Résistance 

L’internationalisation des délits de corruption complique encore plus la situation. Sur le champ des accords de coopération judiciaire, Madagascar a encore de gros efforts à faire. En conséquence, il suffit que les accusés de corruption ou de délits financiers s’installent à l’étranger pour échapper aux poursuites judiciaires. Il est encore plus difficile de rapatrier les biens mal acquis qui sont cachés ou écoulés à l’étranger. La restitution des biens mal acquis et la réparation des préjudices causés sont pourtant parmi des objectifs de la lutte.

Le combat se corse aussi au niveau national. Il y a l’indifférence ou la résignation des simples citoyens. Tous semblent s’accommoder de la corruption pour faciliter leur vie quotidienne. Refuser ou dénoncer sont encore des exceptions. S’y ajoutent les réticences affirmées d’élus et d’autorités politiques, ou encore, la résistance officieuse d’acteurs judiciaires face aux réformes nécessaires pour densifier la lutte contre la corruption. 

Durant le débat électoral, un des candidats à la présidentielle a même remis en cause la raison d’être du SAC et son intention de supprimer certaines des entités de lutte contre la corruption, notamment, les PAC. La digitalisation de l’administration fait aussi l’objet d’une forte résistance. La technologie numérique est pourtant un outil efficace pour annihiler, ou du moins, limiter le plus possible les malversations et la gabegie financières autant dans le secteur public que privé.

Les 20 ans de la CNUCC coïncident avec une étape importante du combat à Madagascar. L’année prochaine verra l’élaboration de la nouvelle stratégie décennale de la lutte contre la corruption dans la Grande Ile. Il faudra trouver la bonne formule pour résorber les failles des stratégies précédentes, y intégrer les bonnes pratiques internationales et l’adapter aux réalités locales pour qu’enfin, les résultats et les enjeux de la lutte contre la corruption soient perceptibles et compris par tout un chacun.

Garry Fabrice Ranaivoson

1 Commentaires

  1. Rainilainga qui a eu l'indécence de parler de lutte contre la corruption comme priorité de son prochain mandat lors de sa propagande mettant en exergue la corruption électorale " be vata " . Le triumvirat Pierre Bleue - Edgar et Varira abonnés du Golf Hôtel sans oublier Hiridjee ont encore les reins solides pour laisser passer les monopoles succulents par le retour au pouvoir d'un " facilitateur " dans cet environnement pourri de prédateurs . Tout est gangréné par la corruption et la société se désagrège vers la banalisation de ce phénomène entravant le développement du pays . Et le retour de ce régime voyou et mafieux dans les conduites des affaires de l'état n'augurent rien de bon !

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