La civilisation est dans le détail

Prendre de la hauteur serait-il plus facile en prenant de la distance ? Je ne sais pas. Mais, j’ai pu prendre un peu de recul par rapport à une actualité malgache qui n’incitait à aucun optimisme. De loin, la cacophonie locale ne s’entend d’ailleurs pas. 

Encore un nombrilisme insulaire qui s’effondre. Ce qui peut bien se passer à Madagascar («Where are you from ?»), intéresse moyennement ou pas du tout ceux qui consacrent colonnes et temps d’antenne à la situation au Moyen-Orient. C’était déjà le cas en 1995 : l’assassinat d’Itzhak Rabin, événement planétaire, avait totalement occulté l’incendie du Rova d’Antananarivo, une tragédie bien trop locale.

Les correspondants accrédités sur place ont bien tenté de faire résonner à l’international ce qui se passe depuis les préparatifs de l’élection présidentielle à Madagascar : mais, la Grande île est devenue d’importance tellement moyenne que le seul écho outre-mer pourrait être celui du scandale de ces «observateurs internationaux», arrivés tardivement en petit nombre, et dont les conclusions hâtives ont achevé de discréditer un mécanisme, qu’en ces colonnes, j’avais déjà moqué.

Depuis un poste d’observation comme la France, avec pourtant les limites de son propre système bientôt atteintes, la réalité malgache est bien du tiers-monde. Là-bas, au moins quelque chose marche : les transports publics sont assurés, les routes sont entretenues, l’eau et l’électricité sont disponibles sans qu’il faille attendre un miracle. J’imagine que, s’acquitter de ses impôts, en sachant que les gouvernants feront bon usage de l’argent public peut avoir quelque chose de gratifiant pour le «consentement à l’impôt» : nous autres savons à quel point, c’est un indice entre la civilisation d’autrui et la médiocrité barbare au pays.

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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