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| Mission de supervision de la Banque mondiale sur le PRODIGY, le 18 octobre 2023 |
Divers enjeux, notamment de gouvernance, économiques et sociaux, sont concernés par la transformation digitale dans le pays. Elle est devenue, sans doute, un levier de développement pour tous les types d’organisation, qu’elle soit publique ou privée.
C’est fort de ce constat que la Grande île mise sur une politique d’accélération de son processus de digitalisation pour à la fois améliorer sa gouvernance et offrir à son économie de nouveaux arguments pour se redynamiser et pour mieux capter les investissements. Aussi, les responsables publics et les partenaires au développement ont-ils choisi depuis quelques années d’accorder un intérêt de premier plan à la digitalisation du secteur public.
Ce qui a abouti notamment à la signature avec la Banque mondiale d’un crédit de 140 millions de dollars du Mécanisme de financement complémentaire de l'Association internationale de développement (IDA) et une subvention de 3 millions de dollars du Mécanisme de Financement Mondial (GFF) pour renforcer le système de gestion de l'identité du pays, rationaliser et numériser les services clés et améliorer la capacité du gouvernement à fournir des services dans plusieurs secteurs.
Grâce à cet appui conséquent, Madagascar a pu lancer des projets d’envergure comme la création d'un système de gestion de l'identité efficace et sûr, notamment en modernisant le registre d'état civil interopérable et les bases de données nationales d'identité. Dans le cadre de cet effort, le projet s’attelle à la mise en place d’un centre national d'enregistrement et d'identification des faits d'état civil, des procédures simplifiées d'enregistrement et de gestion des identités, un numéro d'identification unique dès la naissance et une meilleure sécurité des données.
Cela fournira l'infrastructure et les processus nécessaires pour authentifier les données dans l'ensemble des services gouvernementaux, permettant ainsi une utilisation plus facile et plus rapide des données pour la fourniture de services. Cela facilitera également le recensement régulier des faits d'état civil à des fins démographiques et de statistiques de l'état civil et renforcera le rôle du secteur de la santé pour contribuer à l'enregistrement rapide des événements d'état civil. Cette initiative fait partie d'un ensemble plus large d'ajustements des programmes nationaux qui se basent sur le constat selon lequel investir dans la transformation numérique est un projet national salutaire.
Pour la Banque mondiale, l’appui à la rationalisation et la numérisation des services et l'amélioration de l'identification des citoyens peuvent contribuer à fournir des services plus rapides et plus efficaces à la population et au secteur privé et jouer un rôle essentiel pour acter un développement solide. « La numérisation des services peut contribuer à améliorer les performances, la redevabilité et la transparence du secteur public, tout en réduisant les fuites grâce à l'automatisation », a-t-on souligné avant d’ajouter que Madagascar va aussi pouvoir accroître sa résilience au changement climatique en réduisant la vulnérabilité des systèmes numériques et des services publics aux catastrophes naturelles.
En cas de catastrophes naturelles ou d'événements extrêmes liés au climat, les infrastructures, y compris le stockage externe de données numériques, pourront être exploitées pour protéger les données, les dossiers et les canaux de prestation de services électroniques essentiels. Précision a été donnée que le pays dispose d'une forte réserve de talents en matière de développement de logiciels, avec environ cinq cents à six cents ingénieurs en logiciels qualifiés qui obtiennent leur diplôme chaque année, et d'un secteur privé dynamique dans le domaine des technologies de l'information et de la communication qui peut être mis à profit pour fournir des services numériques adaptés aux besoins de la population.
D’autant plus que le pays est souvent classé comme étant parmi les pays d’Afrique ayant les connexions internet les plus rapides au monde. Cependant, moins de 15% seulement de la population peut accéder à internet si environ deux tiers de la population possède un téléphone mobile. Il reste ainsi des efforts importants à faire pour ouvrir internet au plus grand nombre malgré le fait que les possibilités de prestation de services multimodaux, qui peuvent cibler les personnes peu alphabétisées ou disposant des téléphones les plus rudimentaires, existent déjà.
Climat des affaires
Du côté des promoteurs du projet E-Gouvernance, on ne cesse de rappeler que l’une des priorités du gouvernement est d’améliorer le climat des affaires et faciliter les investissements. Cela implique la mise en œuvre de réformes légales, réglementaires et procédurales afin d’accélérer les délais de traitement et de faciliter les procédures administratives.
Dans cette optique, une réforme d’envergure a été lancée afin de mettre en place un système d’e-gouvernance qui mènera Madagascar vers la digitalisation de son administration publique. Le Programme de Réforme pour l’Efficacité de l’Administration (PREA) est le fer de lance de cette réforme avec pour mission de développer l’efficacité de l’administration publique malgache.
Une partie de ces réformes sera menée sous le couvert du Projet de Gouvernance Digitale de l’Identité Malagasy (PRODIGY). À travers un identifiant unique, la couverture sociale se fera d’une manière plus facile et spontanée. Cela permettrait également d’améliorer le service public au profit des citoyens, des investisseurs nationaux et étrangers.
En ce qui concerne la facilitation des investissements, l’Economic Development Board of Madagascar (EDBM), l’agence de promotion des investissements, affirme qu’elle a entamé un véritable virage numérique pour accompagner les opérateurs économiques. Rappelons, en outre, le lancement du Projet de Réformes liées au Climat des Investissements (PRECI). Subventionnées par l’Union européenne, les activités du PRECI devraient contribuer à l’amélioration de l’environnement des affaires et du climat d’investissement à Madagascar.
La digitalisation des procédures administratives sera au centre des activités du projet. C’est une réforme d’envergure, en phase avec les initiatives lancées par le gouvernement malgache visant la modernisation de l’administration. Elle est mise en œuvre avec l’appui de l’Unité de Gouvernance Digitale (EGM) qui pilote le projet PRODIGY ou PROjet de Gouvernance DIgitale et de Gestion de l’Identité MalagasY.
Pour le ministère chargé du Développement numérique, de la transformation digitale, des postes et télécommunications (MNDPT), les efforts du gouvernement pour accélérer la digitalisation du secteur public visent aussi à soutenir les entreprises innovantes opérant dans les TIC. Ainsi, à titre d’exemple, plus de 250 bureaux de poste sont disponibles dans le cadre du déploiement national de la plateforme de création d'entreprises en ligne Orinasa. « Notre ministère a la volonté de mettre à disposition des start-up, un incubateur de projets pour attirer les jeunes structures et les amener jusqu'à la formalisation », a-t-on indiqué.
Outre les métiers historiques de la Poste, une modernisation et digitalisation de différents services financiers sont déjà en cours tels que Paositra Money ou le lancement d'une carte bancaire E-Poketra. Tout ceci afin de « démocratiser l'usage des moyens de paiement virtuels et atteindre toujours plus d'entrepreneurs dans l'inclusion financière ».
« La digitalisation fait partie des activités du Country program 2021- 2023 du PNUD Madagascar. Le déploiement de cette plateforme dans les Régions et dans les Districts permettrait la formalisation des entreprises informelles, surtout l'inclusion des personnes vulnérables dans le processus de développement », a soutenu, pour sa part, Inès Ratsirimpady, spécialiste en économie, secteur informel et développement du secteur privé.
Pour sa part, l’administration des impôts souligne que la politique mise en œuvre actuellement est la formalisation intensive du secteur informel. Comme la Direction Générale des Impôts (DGI) dispose de centres fiscaux dans les Districts, elle compte renforcer sa collaboration avec l'EDBM (Economic Developement Board of Madagascar) pour mettre en place une structure au niveau des centres fiscaux pour la formalisation en ligne des entreprises incluant l'accompagnement et la formalisation.
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| Les diverses institutions. sont dotées de matériel informatiques |
Transformation dans les finances publiques
Mais l’une des plus récentes et importantes initiatives dans ce domaine est sûrement le Projet de Transformation Digitale des Métiers de Finances Publiques. Le ministère de l’Économie et des finances a procédé, le 28 novembre dernier, au lancement de ce projet financé par la Banque mondiale, à travers le programme PRODIGY.
Ce projet, a-t-on expliqué, constitue une étape cruciale dans l’évolution des pratiques administratives modernes en matière de gouvernance des finances publiques et de l’économie. Après les initiatives de réformes et de digitalisation déjà menées (SIIGFP-Trésor, HETRAONLINE1, e-HETRA2, SAFI, AUGURE etc.), l’heure est donc à la transformation digitale des métiers des finances. « L’esprit de continuité inhérent à ce projet de réforme trouve ses racines dans la dynamique déjà enclenchée par les précédentes initiatives de digitalisation au sein de chaque département », a déclaré la ministre de l’Économie et des finances, Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, durant la cérémonie de lancement du projet.
« L’objectif est d’harmoniser et de coordonner les différents systèmes d’information. Ce qui aboutira à un système efficient d’interopérabilité, créant ainsi un écosystème numérique harmonisé et mutualisé. Ce sera une passerelle entre les métiers variés au sein de l’administration des finances publiques, facilitant l’échange fluide d’informations et la collaboration transversale. En misant sur l’interopérabilité, le projet aspire à transcender les silos départementaux, favorisant une synergie qui maximise les avantages de la transformation digitale à l’échelle organisationnelle ».
Selon le MEF, cette vision globale contribue non seulement à optimiser les processus internes, mais aussi à renforcer la résilience et l’adaptabilité de l’administration face aux défis futurs. L’organisation générale du métier des Systèmes d’Information au niveau du MEF sera ainsi revue et en découlera un Schéma Directeur consolidé de toutes les feuilles de routes et stratégies en Système d’Information de chaque Direction Générale qui intègreront, in fine, celle de la Direction des Systèmes d’Information du ministère.
PRODIGY ET UGD
Deux structures stratégiques
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| La société civile va évaluer la qualité des services publics numériques |
Le PROjet de Gouvernance DIgitale et de Gestion de l’Identité MalagasY (PRODIGY) se trouve au centre du dispositif de digitalisation du pays. C’est un programme lancé par le gouvernement, soutenu par la Banque mondiale, ayant notamment comme objectif l’accroissement d’un accès inclusif à l’identité légale pour tous les citoyens.
Il est connu que le pays a toujours rencontré un certain nombre de problèmes dans la gestion du recensement de la population. Les citoyens n’ont pas accès à l’état civil car son coût est trop élevé surtout quand on inclue les frais et le temps consacrés à l’obtention des papiers. À ajouter à cela le nombre de citoyens qui n’ont pas toujours tous les papiers requis et la prolifération de cartes d’identité frauduleuses.
Résultat : une personne sur quatre est sans identité à Madagascar et n’a donc pas accès aux services de base : éducation, santé, protection sociale, justice… Pour les gestionnaires de PRODIGY, la digitalisation des services publics peut aider à transformer la relation entre l’État, les citoyens et les entreprises, via des services publics centrés sur les besoins des usagers, plus rapides et de qualité.
Pour sa part, l'Unité de Gouvernance Digitale de Madagascar (UGD) a pour mission principale d’apporter de nouvelles façons de travailler, de penser (ou de repenser) et de délivrer les services pour le public. Nous mettrons en place de manière itérative, des solutions centrées sur les besoins essentiels de la population.
« Au fond, ce n’est ni plus ni moins que de créer une start-up au sein même du gouvernement », a commenté l’Unité qui souligne que ses principales priorités sont de rendre accessibles et centralisées les informations dont les citoyens ont besoin. Ensuite, l’UGD se concentrera sur certains services prioritaires dans des domaines tels que la santé, l’éducation, la sécurité publique.
L’Unité travaille en étroite collaboration avec les ministères et les autres institutions pour, a-t-on soutenu, améliorer la qualité et l’accès aux services publics pour tous, notamment à travers la digitalisation, mais aussi la simplification des procédures. Sa stratégie repose sur une approche « agile », basée sur les besoins des utilisateurs que sont les citoyens et les entreprises.VERBATIM
Rindra Hasimbelo Rabarinirinarison, ministre de l’Économie et des finances.
« Le projet de transformation digitale des métiers des finances constitue la preuve supplémentaire de la continuité des actions de digitalisation menées par le MEF. L’esprit de continuité inhérent à ce projet de réforme trouve ses racines dans la dynamique déjà enclenchée par les précédentes initiatives de digitalisation au sein de chaque département ».
Nirina Rahaingonjatovo, Coordinateur du PRODIGY
« Le PROjet de Gouvernance DIgitale et de Gestion de l'Identité MalagasY ou PRODIGY poursuit sa mission de renforcement des capacités digitales des institutions à Madagascar. Dans ce cadre, nous avons effectué dernièrement un geste significatif envers la Cour des Comptes. Cette institution, jouant un rôle clé en tant que vérificateur et facilitateur du PRODIGY, a reçu une donation d'équipements informatiques de haute performance, comprenant pas moins de vingt ordinateurs portables ».
LA DIGITALISATION EN CHIFFRES
L'Express de Madagascar