L'externalisation informatique vise cent mille emplois en 2030 |
Selon la Société financière internationale (SFI), l’expansion du secteur de l’externalisation des processus d’entreprise et de connaissances (BPO/EPC) ne faiblit pas à Madagascar. Le secteur BPO génère des revenus estimés à 115 millions de dollars et a créé environ 45 000 emplois à ce jour.
La SFI estime que le secteur pourrait générer plus de cent mille emplois à Madagascar d’ici à 2030. Mais cette branche de la Banque mondiale en charge du secteur privé constate également que si le pays bénéficie de l’une des connexions Internet les plus performantes d’Afrique subsaharienne et possède un secteur dynamique de l’externalisation, la transformation numérique dans d’autres secteurs a été lente en raison de défis majeurs en matière d’électricité et d’accès à Internet. « Il est également essentiel de disposer d’une main-d’œuvre suffisante et suffisamment qualifiée pour gérer avec succès la transformation numérique », a-t-elle également expliqué.
Pour tirer le maximum d’avantages du développement de ce secteur, les analystes estiment que les politiques numériques devraient se concentrer sur l’augmentation de la bande passante, la gestion de l’encombrement pour éviter les ruptures de connexion Internet et le renforcement de la technologie financière pour soutenir les entreprises. On soutient également le développement de programmes de compétences numériques par le biais de partenariats public-privé pour créer des milliers de nouveaux emplois, et permettre la mise à niveau et la requalification des employés existants dans les secteurs à forte croissance et à fort potentiel comme l’offshoring.
Selon Tahina Razafindramalo, ministre du Développement numérique, de la transformation digitale, des postes et des télécommunications, actuellement, les seuls métiers de la relation client fournissent plus de 15 000 emplois directs à Madagascar, et ce nombre passera à 25 000 d’ici 3 ans. Les métiers de la relation client, les call centers et l’externalisation sont des domaines qui attirent des profils qualifiés et contribuent à créer de la valeur ajoutée. « L’État a la volonté de faire de Madagascar une destination propice pour les investisseurs du secteur », a-t-il ajouté avant de souligner que tous les leviers sont mobilisés pour soutenir le développement numérique afin de mettre en place un écosystème attrayant, accessible et compétitif dans le but de faire émerger de nouvelles opportunités en termes de croissance et de création d’emplois, pour tous les acteurs, partenaires et bénéficiaires du secteur.
Nouvelles stratégies
Gildas Bocquier, directeur général océan Indien d’Intelcia, a rappelé pour sa part, que l’entreprise est passée d’un seul client, à ses débuts, à un portefeuille de clients diversifiés dans des domaines variés tels que les assurances, la banque, l’e-commerce et les opérateurs télécom. « Notre objectif est de doubler nos effectifs d’ici trois ans. Nous continuerons à investir à Antananarivo ou en province et à offrir à nos collaborateurs actuels et futurs les meilleures conditions d’épanouissement au travail ».
Charles Andrianambinintsoa, directeur général de Cosourcing, a noté de son côté que l’outsourcing n’est pas réservé uniquement aux entrepreneurs étrangers. « Nos jeunes ont de très bonnes idées. Mais il y a une barrière psychologique qui bloque ces jeunes, alors qu’en réalité, cette barrière ne devrait même pas exister. Lorsqu’on est petit, on a du mal à obtenir des contrats et on est plus vulnérable. Les jeunes malgaches qui veulent se lancer dans ce secteur doivent savoir que l’avenir appartient aux coopératives d’indépendants, car les compétences ne s’additionnent pas, elles se factorisent ».
En outre, le passage dans le cloud et l’automatisation des processus et l’intelligence artificielle sont devenus des éléments centraux de la plupart des nouvelles stratégies d’externalisation de clients.
Et les entreprises sont à l’affut du prochain catalyseur technologique qui leur permettra d’accélérer leur transformation. Les écosystèmes des entreprises sont de plus en plus complexes, avec des exigences accrues en matière de conformité réglementaire, de sécurité, de gestion des risques et de protection des données par exemple.
« Les attentes croissantes des clients obligent les prestataires de service dans le secteur de l’offshoring à devenir plus agiles », reconnait un professionnel de la filière avant de souligner que les entreprises vont désormais accélérer les projets d’externalisation dans un monde où la vitesse, la qualité, la flexibilité et le coût sont plus importants que la situation géographique.
L'express de Madagascar