Rétroviseur

Nota : Comme sur les rétroviseurs automobiles, «objects in mirror might be closer than they appear»...

À l’issue du scrutin présidentiel du 16 décembre 2001, la Haute Cour Constitutionnelle (HCC) proclama un verdict (25 janvier), appelant à un second tour entre les candidats Marc Ravalomanana, 46,21% des voix, et Didier Ratsiraka, 40,89%. 

Mais, dès décembre 2001, le QG de Marc Ravalomanana avait confronté les procès-verbaux. Cette démarche culmina dans un Communiqué du « Consortium des Observateurs des élections » (KMF/CNOE, Justice et Paix, Andrimaso FFKM) : deux semaines avant la proclamation des résultats par la HCC, le 9 janvier 2002, le « 7e communiqué » crédita Marc Ravalomanana de 50,49% des voix (contre 37,68% à Didier Ratsiraka) sur la base de 13.508 procès-verbaux reçus, dont 12.212 traités (soit 75% du total national).

Le 16 avril, intervint un arrêt de la Chambre administrative de la Cour Suprême, dont la requête introductive en date du 16 janvier était passée inaperçue, qui annula purement et simplement le décret n°2001-1080 du 22 novembre 2001, « relatif à la nomination et la constatation des désignations ou de l’élection des membres de la HCC ». L’invalidation du juge constitutionnel annula les résultats officiels du premier tour de l’élection présidentielle.

Cependant, «l’évolution de la situation sur le terrain » avait déjà fait basculer le pouvoir dans la capitale Antananarivo. Après la réussite d’une première journée de grève générale (28 janvier), la journée «ville morte» (5 février) sera tout aussi suivie. Le 1er mars, le président de la République était obligé de décréter la loi martiale et de nommer un gouverneur militaire pour la Capitale par Radio France Internationale interposée, tous les médias publics échappant désormais à son autorité. 

Pour éviter le «coup de sang», d’un autre 13 mai 1972 ou d’un autre 10 août 1991, le Ministre de la Défense et le Gouverneur militaire d’Antananarivo démissionnèrent rapidement. Ce refus du maintien de l’ordre libéra les voyous, émules des pyromanes, qui avaient mis le feu à l’Hôtel de Ville en 1972, et qui allèrent saccager les domiciles de notables soupçonnés de complicité ou accusés de neutralité.

Post-scriptum :

La crise de 2002 aura vu la première ingérence de la communauté internationale dans une crise politique à Madagascar : déclaration commune, tout à fait inhabituelle, de sept représentations diplomatiques (Grande-Bretagne, France, Japon, Union Européenne, Etats-Unis, Suisse, Allemagne) appela à une « interprétation commune des résultats (8 janvier) ; visite de parlementaires francophones (8 février) ; appel du 18ème conseil des ministres de la Commission de l’Océan Indien (23 février).

Le 28 janvier 2001, trois jour après la proclamation des résultats, le Conseil de sécurité des Nations unies, présidé par le Mauricien Jagdish Koonjul, s’intéressa de manière tout aussi peu coutumière à la situation malgache. Mais, la consécration de cette ingérence étrangère fut l’invitation faite au Secrétaire Général de l’Organisation de l’Unité Africaine à venir au-devant de la foule de la Place du 13 mai (13 février).

Nasolo-Valiavo Andriamihaja

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