Les nouveaux barbares

Quelle est la différence entre les exécutions sans procès de présumés bandits effectuées par les Forces de l’ordre et la barbarie des coupeurs de tête et des voleurs d’yeux qui nous ramène au Moyen-Âge ? Pas grand-chose en réalité, étant donné que c’est la même cruauté et le même sang-froid diabolique. Quand on exécute un homme non armé qui se rend, on a le même comportement animalier que les nouveaux barbares du Sud qui scalpent leurs proies et exorbitent leurs yeux. Eh oui, l’ère moderne de la démocratie interdit le port et l’usage d’armes de guerre contre les civils. C’est ainsi qu’ailleurs les éléments chargés de maintenir l’ordre durant une manifestation publique ne sont armés que de gourdins et de boucliers quelle que soit la difficulté de la mission. L’usage des armes de guerre est « réservé » aux terroristes.

L’exécution sommaire similaire à celle d’Andohanimandroseza est devenue banale qu’à la longue elle fait tache d’huile chez la population civile. Comment peut-on sensibiliser la population à ne pas recourir aux vindictes ou à la justice populaire alors que ce qu’elle voit au quotidien est exactement de la justice populaire à l’exemple de celle exécutée à Vondrozo où des êtres inhumains ont juste décapité quatre de leurs congénères. On ignore pour quelle raison. Le fait est que trois têtes restent introuvables. 

Le niveau d’éducation étant ce qu’elle est, on peut croire facilement qu’on peut couper une tête et la replanter comme on fait un marcottage sur un litchi. Un fort soupçon de vente d’organe est évoqué. Une crédulité chronique aggrave la situation et fait croire que la soupe aux yeux d’albinos peut vous maintenir à la présidence du fokontany au-delà de la fin de l’humanité.

Aussi longtemps que la population est pauvre et sans ressources, que sa seule école est celle de la mendicité, la situation ira en s’aggravant. Il ne manque que le résultat de l’enquête qui pourrait révéler que les barbares ont fait des beignets de cervelle avec leur butin. On est juste au début d’un long métrage sans effets spéciaux.  Un scénario d’emblée hors course pour la conquête du Zébu d’Or.

Sylvain Ranjalahy

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