Le premier tour de l’élection présidentielle aura lieu dans 48 heures. C’est du moins une certitude malgré les revendications de report du collectif des candidats et de divers organismes et associations. Trois candidats sur les treize engagés au départ ont fait campagne mais les électeurs peuvent toujours voter pour le candidat de leur choix étant donné que le nom et la photo de tous les candidats sont imprimés sur le bulletin de vote.
C’est donc une situation inédite dans les annales mais un président doit être élu à l’issue du premier tour ou du deuxième tour de cette élection.
Ni l’appel au boycott ni le « forfait » des dix candidats ne constitue une annulation du vote. De même, un éventuel faible taux de participation n’a aucun impact sur les résultats du scrutin. Avec un votant sur les 11 millions d’électeurs inscrits, le gagnant sera élu au premier tour avec 100% des suffrages exprimés.
Le boycott constitue ainsi un consentement tacite pour un mandat de cinq ans quel que soit le vainqueur. Le président élu dirigera le pays et dictera sa loi à tous les citoyens quelle que soit son appartenance politique. Le choix des urnes sera irrévocable et s’imposera à tout le monde.
Qu’on le veuille ou non, voter c’est empêcher les autres de décider de votre avenir. Le boycott constitue justement un vote par procuration en faveur d’un candidat.
L’histoire a montré que des challengers pouvaient bel et bien battre le candidat au pouvoir en dépit de toutes les manipulations de voix et de la maîtrise totale de l’organisation de l’élection. La Haute Cour constitutionnelle et depuis 2013, la Ceni ont toujours servi le pouvoir en place mais on a toujours accepté leurs décisions. C’est d’autant plus possible à en juger les convictions des autres candidats sur un vote sanction des électeurs par rapport au bilan qualifié de peu flatteur du régime. Les élections antérieures ont appris qu’il est difficile voire impossible de trafiquer les résultats quand il s’agit d’un rez-de-marée.
Sylvain Ranjalahy